A la base, il s'agit d'une nouvelle quasi-autobiographique de Nosaka Akiyuki écrite en 1967. Le film en est une adaptation très fidèle (l'intervention des fantômes est la seule réelle différence par rapport à la nouvelle).
Seita et sa jeune soeur, respectivement agés de 14 et 4 ans, vivent l'enfer des bombardements de la seconde guerre mondiale dans lesquels ils perdent leur mère et leur maison. D'abord recueilli par leur tante, qui leur donne un accueil bien peu chaleureux, ils décident ensuite de vivre par leurs propres moyens dans la nature, avec pour seuls compagnons des lucioles.
Mais deux jeunes enfants ne peuvent survivre livrés à eux-mêmes, surtout en temps de guerre...
Le Tombeau des Lucioles est certainement l'un (si ce n'est LE) film d'animation le plus bouleversant qui n'ait jamais été crée. On ne compte plus les témoignages de personnes confiant être incapable de le revoir (sans pour autant nier ses qualités, bien au contraire justement !) tant sa puissance émotionelle nous prend littéralement aux tripes.
L'horreur de la guerre nous est présente, de manière plutôt indirecte (quasiment aucun soldat ennemi n'est montré, juste les avions) mais jamais édulcorée (on pense à la terrible scène où Seita retrouve le corps horriblement abimé au milieu d'un hôpital rempli d'horribles cadavres).
Il faut aussi souligner la qualité technique du film, notamment pour la première séquence de bombardement (salué par Télérama à l'époque et l'auteur de la nouvelle lui-même a déclaré avoir revécu ces événements auquels il avait assisté dans sa jeunesse en revoyant le film).
Le film est encore plus cruel quand il nous fait assister à la lente descente aux enfers de ces deux enfants, qu'on sait dès le départ voué à mourrir (qui n'a pas frissonné en attendant les premiers mots du film : "La nuit du 21 septembre 1945, je suis mort" dits dans la bouche du jeune garçon...). L'apothéose émotionel est atteint quand, après une frissonnante séquence nostalgique accompagnée par la chanson "Home sweet home", Seita brûle le cadavre de Setsuko La musique de cette scène offre un sentiment de chagrin et de désespoir rarement (jamais ?) égalé et le dernier regard du jeune garçon à sa jeune soeur avant de refermer ce qui lui sert de cercueil est une image à jamais marquante.
Mais ces moments ne seraient pas ce qu'ils étaient si ils n'étaient pas contrebalancés par la poésie qui est heuresement présente. Les fameux lucioles du titre ont permis d'introduire des très belles scènes nocturne, notamment celle où les deux enfants en capturent des dizaines et les libérent dans leur caverne (ce qui donne lieu à lumière particulièrement belle, une autre image marquante, dans le "bon" sens cette fois, du film).
La bande-son est une totale réussite, comprenant parmi les plus belles musiques de l'animation. Le doublage japonais est également parfait (pour l'anecdote, la voix de Setsuko est bel est bien assurée par une toute jeune enfant, donnant un ton particulièrement réaliste !). La VF est très soignée et ne gènera nullement pendant le visionnage, même si elle reste un cran en dessous de la VO.
Quand aux graphismes, c'est du Ghibli comme on l'aime avec des décors superbes et une animation très réussi qui n'a pas du tout vielli à mon sens.
Regarder le Tombeau des Lucioles, c'est se prendre une balle d'émotion fortes en pleine poire. On en ressort ému aux larmes (comme c'est mon cas) voire même traumatisé mais quoi qu'il en soit, c'est un film que chacun devrait voir au moins une fois dans sa vie. Peut-être l'un des plus beaux films de guerre et la meilleure démonstration de sa connerie profonde (salut à toi Jacques Prévert !
).