Je la partage car je me retrouve dedans, évidemment dans les points forts et faibles, elle est en nuance et une fois n'est pas coutume je trouve qu'elle ne se contente pas comme c'est la mode avec ce manga de le démonter, ni à l'inverse évidemment de l'encenser sans nuances parceque c'est du Kurumada ( mais ça je crois que même les fans les plus hardcores ne le font pas )
Vu qu'aucun topic de critique globale de l'oeuvre n'existait j'ouvre celui-ci, si après coup certains veulent enchainer avec leur propre critique n'hésitez pas ( bien que le manga soit à l'heure actuelle loin d'être complété, moi je posterai sans doute la mienne le jour où Kuru nous aura pondu la totalité de son scénario , dans 243 ans peut-être )
Saint Seiya fait partie de ces œuvres possédant une aura quasi divine, ce qui bien souvent oblige tout artiste tentant de s'approprier graphiquement un pan de ce monument d'essuyer les foudres des fans. Ainsi on se souviendra des tollés et autres bûchers élevés contre Megumu Okada et son Episode G ou Shiori Teshiro et sa saga Lost Canvas. Titres qui pourtant étaient tous deux anoblis d'une authentique passation de pouvoir de l'auteur original du manga, Masami Kurumada, même si ce dernier fournissait toutefois encore pour sa part l'écriture des scénarios (donnant ainsi un peu plus de légitimité à l'ensemble).
Mais évidemment il n'était pas question pour Kurumada de rester toujours en arrière plan, et si la semi jeune génération de mangaka a permis un temps de garder la flamme allumé dans le cœur des fans, le créateur de la saga était toujours attendu avec ferveur.
En 2006 sort donc au Japon (à un très petit rythme) une suite nommée : Saint Seiya Next dimension.
L'histoire se veut cette fois si plus complexe qu'à l'habitude. Ici pas de jeune héros dont l'on nous narre la monté en puissance, épaulé par de respectueux adversaires devenant ses frères d'armes par la suite, c'est une suite directe du manga originel, dont le but est clairement de rassembler et unifier chaque sagas.
Ce qui suit vous dévoilera la fin de Saint Seiya (premier du nom) alors si vous ne l'avez jamais lu, merci donc de foncer dans votre magasin Fnac préféré, ou sur Fnac.com vous procurer l'œuvre complète !
[SPOIL] Flashback : En 1990, à l'issue de la grande bataille contre Hadès, Athéna et ses Chevaliers triomphent de leur ennemi mais Seiya finit terrassé par l'épée du Dieu des Enfers.
240 ans plus tôt sévissait déjà une précédente Guerre Sainte (vu dans Saint Seiya the Lost Canvas) ou le Chevalier de Pégase, nommé Tenma, tentait de combattre son ami Alone, habité par l'esprit du même Hadès.
Il fut aidé dans sa mission par les Chevaliers d'Or, fraîchement nommés, Shion du Bélier et Dohko de la Balance. Ensemble ils découvriront après d'âpres combats que tous les deux siècles et demi commence une nouvelle Guerre Sainte et que l'âme maléfique de leur ennemi est immortel.
Retour en 1990 : Seiya n'est pas mort ! Il est entre deux mondes, encore empalé sur la lame du Dieu des Enfers, symbolisant toute la haine et la rancœur humaine. Saori/Athéna ne pouvant laisser ainsi le Chevalier qui l'a si bien servi, décide alors de tenter le tout pour le tout, et choisit de remonter le temps, soit 240 ans en arrière (au moment de la première Guerre Sainte) dans un but connu d'elle seule, quitte à s'opposer à tous les Dieux de l'Olympe... [FIN SPOIL]
C'est donc en 2011 que les éditions Panini nous apportent ce titre tant attendu en France, nourrissant de grands espoir et ce qui signifie à l'arrivée, pour certains bien entendu..., de grandes déceptions.
Car oui des déceptions il y'en aura et il y en a déjà dès les premiers volumes ! Pour certains le scénario peut paraître un tantinet obscur, voire écrit au fil de l'eau, tant l'auteur ne semble pas savoir où il va...
Mais là où j'entends le plus souvent de grandes vociférations c'est à propos du dessin. Oui, si en 1990 le trait n'était pas parfait, l'histoire et l'adaptation de celle-ci dans un grandiose animé (au chara-design et animation de Shingo Araki et Michi Himeno) avait su occulter cet état de fait.
Mais voilà, nous sommes 20 ans plus tard et le passage du temps n'a pas fait son œuvre comme on aurait pu croire. Le style, la mise en page et le storytelling imparfaits de Masami Kurumada n'ont pas bougé d'un pouce. Donc évidemment la comparaison fait mal si l'on regarde les manga actuels, ou même l'évolution de certains artistes qui se sont bonifié au fil des ans.
Du coup ce qui aurait du être un grand cru peut passer pour de la piquette.
Loin de moi l'idée de porter un jugement définitif, chacun est libre d'avoir ses goûts et je n'irai pas m'octroyer le titre de celui qui sait ce qui est bon ou ne l'est pas (beaucoup trop de prétendants au trône à mon avis).
Par contre libre à moi (et vous de même) de partager un avis.
J'attendais une suite à Saint Seiya, et moi je ne suis pas déçu ! Pourquoi ?
Finalement j'ai retrouvé mes héros, ce sont les mêmes, ils n'ont pas bougé d'un iota, et j'ai la sensation d'avoir juste arrêté hier de lire le manga, de l'avoir posé sur ma table de chevet deux décennies plus tôt et de rentrer dans ma chambre d'adolescent, le reprenant à la dernière page que j'avais lu, tel un classique, le continuant ainsi avec la même délectation émerveillé.
Etonnamment j'ai du mal à deviner à l'avance la fin, même si pourtant je sais déjà que toutes les dix pages Andromède appellera son frère Ikki pour l'aider, que Seiya subira les pires attaques avant de triompher dans l'explosion de son cosmos des pires ennemis, et qu'Athéna ira encore se sacrifier quelque part.
Et bien cela me convient totalement !
Finalement quand je joue à la énième version d'une jeu-vidéo où il faut délivrer l'éternelle princesse ayant encore trouvé le moyen de se faire capturer, quand je prends mon soda toujours en bouteille en verre et pas en plastique pour avoir le « vrai » goût*, quand je vais voir un concert d'un groupe de hard rock ayant presque 30 ans d'existence qui va me chanter leur grands hits, je n'ai pas envie d'autre chose. J'ai envie en toute égoïsme d'un moment immuable, je veux mon plaisir intact, figé dans le formol , en garder l'éternelle sensation quasi tantrique.
Alors bien évidemment, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas tapoté sur mon clavier ! La nouveauté, l'innovation, bousculer les habitudes, ne pas se cantonner à ce que l'on connait, etc cela à du bon... Le temps passe, le monde tourne, les dessinateurs profitent de l'expérience du passé et de l'innovation d'aujourd'hui, mais au final je n'ai pas envie que ça change tout le temps, non par peur mais parce que parfois l'imperfection est tout un art, la maladresse une marque de fabrique et la fidélité une signature !
Kurumada persiste, signe ici, ignore le temps et l'époque. Il poursuit son trait, il écrit sa propre histoire, inscrivant à l'encre de chine et à grands renforts de tramages, somme toute barbares, ce qui restera sûrement l'œuvre de toute sa vie... et il nous la confie, croyant dur comme fer à des valeurs simples et naïves, comme le courage, le dépassement de soi, le devoir de protéger les faibles, de donner sa vie pour un idéal et de riposter par amour plutôt que par haine.
Alors il y a 20 ans naissait un manga dont on ignorait qu'il deviendrait un monument de ces images que l'on nomme dérisoires. Qui sait si en 2030 on ne se dira pas « Incroyable, en fait il n'avait pas tout raconté... quel talent ! »
*Note du Community Manager : Ah, bon c'est pas psychologique ça Florent !?
Publié le 20/05/2011
( la source : http://www.fnac.com/Dixit-le-Chevalier- ... cp8555/w-4 )