Okinawa, le pays des immortels

Culture asiatique au sens large, sujets sur le Japon, la Chine, religions et arts asiatiques, calligraphie, univers des samouraï, mythes et légendes, kojiki, yokaï, littérature et Histoire japonaise ou d'autres pays Extrême Orientaux, cuisine japonaise etc.
Somewhere
Le prince des Balrogs
Le prince des Balrogs
Avatar du membre
Messages : 72887
Enregistré le : lun. nov. 12, 2012 12:08 pm
Localisation : Dans les étoiles du Bas-Rhin
Gender :

Okinawa, le pays des immortels

Messagepar Somewhere » ven. avr. 26, 2024 1:34 pm



Okinawa, le pays des immortels

Les habitants de l’archipel d’Okinawa suscitent l’intérêt du reste du monde, qui aimerait percer les secrets de leur extraordinaire longévité.

Au Japon, un rapport du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales indique que le nombre de centenaires a atteint un nouveau record en 2022 : plus de 90 000 personnes auraient ainsi dépassé l’âge de 100 ans, soit environ 4 000 de plus qu’en 2021 ! Et c’est dans le sud-ouest du pays, dans l’archipel d’Okinawa, qu’on en compte le plus. Différentes études sur cette étonnante longévité ont montré que même les habitants d’un âge avancé – souvent surnommés « les immortels » – bénéficient d’un corps et d’un esprit fonctionnels et alertes. Ce qu’ils doivent en grande partie à la combinaison de plusieurs facteurs favorables : un environnement protégé, un mode de vie qui cultive le bien-être, et des habitudes alimentaires spécifiques. Le positionnement de l’archipel – similaire à celui de pays situés sur le pourtour méditerranéen, caractérisés par un climat chaud et un environnement insulaire – est peut-être l’une des clefs de ce phénomène. Ainsi, la Grèce et la Sardaigne abritent deux des cinq zones bleues (régions du monde connues pour la longévité de leurs habitants) actuellement recensées. Ce positionnement pourrait notamment expliquer des similitudes dans les régimes alimentaires de ces différents pays.



À l’instar du régime okinawaïen, le régime crétois repose sur l’équilibre nutritionnel de ses principaux composants (fruits, légumes, céréales complètes…). Il favorise la consommation de végétaux, la diversité et la saisonnalité des aliments, mais limite la viande rouge, les sucres et les graisses saturées. Contrairement à une idée largement répandue, ce régime alimentaire ne vise pas spécifiquement la perte de poids – même s’il peut y contribuer. Scientifiquement reconnu pour favoriser l’amélioration de la qualité de la vie de ceux qui l’adoptent, il connaît le même retentissement positif sur la population qui développe moins de maladies chroniques, cardiovasculaires et dégénératives, et dont l’espérance de vie est bien supérieure à la moyenne mondiale.

SANTÉ ET LONGÉVITÉ DANS L'ASSIETTE

La santé et le bien-être des centenaires d’Okinawa peuvent être expliqués par des facteurs génétiques, psychosociaux et environnementaux, issus d’un mode de vie basé sur un concept philosophique : le nuchigusui, qui se traduit par « médecine de la vie ». Ce qu’ils apportent à leur corps – et à leur esprit – est une réelle préoccupation, ils s’alimentent avec modération et leur régime, hypocalorique, est pauvre en graisses et riche en nutriments. Proche de la cuisine japonaise en général, celle d’Okinawa en diffère malgré tout par certains aspects. Rigoureusement basés sur l’équilibre alimentaire, la qualité nutritionnelle et la préservation du goût, de nombreux plats traditionnels à base de poissons et de fruits de mer sont préparés dans des bouillons de soupe (des dashis), réalisés avec des algues marines (konbu, wakame, mozuku…). Ingrédients essentiels de la cuisine japonaise, les algues marines sont fortement recommandées et utilisées pour leurs saveurs très prononcées et leur faible teneur en sel. Peu consommées, les viandes sont souvent réservées aux grandes occasions. Avec une préférence pour le porc, peu onéreux. Mais sa viande, très grasse, doit mijoter assez longtemps pour pouvoir en extraire la graisse et lui permettre d’atteindre une tendreté idéale sans perdre sa saveur.



Le régime quotidien fait la part belle aux légumes, aux fruits et aux légumineuses, comme les graines de soja, et à la patate douce. Cette dernière est à l’habitant d’Okinawa ce que le pain est à la population française. Son indice glycémique est si bas qu’on peut la consommer sans restriction. Mais pas d’excès dans l’archipel, où l’on pratique le hara hachi bu, qui consiste à cesser de s’alimenter dès que le sentiment de satiété est atteint. Autres aliments essentiels dans le régime quotidien de l’archipel nippon : les légumes verts, le soja et le tofu, qui participent à une bonne santé cardiaque et à l’équilibre de la flore intestinale ; sans oublier la salade qui éloigne les troubles cognitifs. On retrouve également des superaliments riches en fibres, en vitamine C, en fer, en calcium, en potassium, en polyphénols, en minéraux, et de puissants antioxydants. Ils sont produits et cultivés par les habitants d’Okinawa eux-mêmes, ce qui leur permet de bénéficier à la fois d’une alimentation saine et d’une activité physique quasi quotidienne au grand air. Dans les champs et les potagers, on retrouve donc le goya (concombre amer), le shikuwasa, un agrume local, le sucre de canne (la plus importante culture de l’archipel), l’acérola (fruit originaire des Caraïbes), le konjac, le curcuma d’Okinawa, appelé « curcuma de printemps », le moringa, petit arbre originaire de l’Inde, qualifié de « plante miraculeuse » pour les 90 nutriments qu’il contient, alliés des fonctions vitales du corps humain.



Pour parfaire cette alimentation saine et équilibrée, le thé (noir, rouge ou vert, dont le matcha) – un excellent antioxydant – fait partie intégrante des repas et souvent consommé à la fin car doté d’importantes propriétés digestives.

BIEN-ÊTRE MORAL, SANTÉ PSYCHIQUE ET PHYSIQUE ESSENTIELS

De récentes études effectuées dans les cinq zones bleues répertoriées dans le monde indiquent que se donner un but, une raison de se lever chaque jour (une activité intellectuelle, artistique ou physique, un animal dont il faut prendre soin…) procure un sentiment de bien-être qui diminue le stress, aide à vivre plus longtemps et améliore la qualité de vie. Et c’est justement le ikigai, que l’on peut traduire par « raison d’être », que les habitants d’Okinawa pratiquent. À Okinawa, la réputée rigueur japonaise se vit de façon moins intransigeante : « Ce qui n’est pas réalisé maintenant le sera plus tard. » De plus, la bienveillance et l’attention portées aux autres font partie des valeurs fondamentales dans les familles, les cercles d’amis et le voisinage. Avoir un moai (groupe social permettant d’entretenir des liens avec autrui, amicaux, sociaux ou familiaux) est essentiel et contribue à l’équilibre et au bonheur de tous. Autant dire que quel que soit son âge, son état de santé et sa configuration familiale, un habitant est loin d’être isolé dans l’archipel ; en cas de besoin, il sera soutenu par sa communauté, comme lui la soutient en retour. Une enquête sur le bien-être et la satisfaction des besoins menée en 2022 par le Brand Research Institute auprès d’environ 23 000 hommes et femmes habitants les 47 préfectures du Japon, révèle que c’est l’archipel d’Okinawa qui, pour la deuxième année consécutive, obtient le meilleur indice de bonheur.

UNE APPROCHE SPIRITUELLE DE LA VIE

La spiritualité tient une place importante dans la vie des habitants d’Okinawa, dans la plus pure tradition japonaise de la religion Shintô, mais néanmoins empreinte de pratiques chamaniques locales. Celles-ci sont traditionnellement dirigées par des femmes prêtresses, qui ont hérité leur statut d’une autre femme, en ligne directe ou non. Leurs croyances intègrent le fait que la communication avec le surnaturel leur appartient. C’est donc à elles qu’il revient de communiquer avec les dieux, de prier et de méditer devant de petits autels rustiques édifiés en pleine nature, ici une cabane ou un tas de pierres au pied d’une colline, là au bord de l’eau. De même, croyant en la continuité de la vie après la mort et en une énergie spirituelle qui interagit avec les deux plans d’existence, un lien étroit est entretenu avec les proches disparus, à qui il faut rendre visite et parler comme s’ils étaient présents. Ces moments participent au positivisme légendaire et au bonheur des habitant d’Okinawa. Une autre clef de leur extraordinaire longévité ?



https://www.nationalgeographic.fr/video ... de-epreuve

Retourner vers « Culture et cinéma asiatiques »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité