Il y a deux manières d'arpenter les livres-univers (ex: Star Wars, Tolkien) : l'encyclopédie .. et, plus fort que toute autre expérience, leur lecture.
Or, de nos jours, qui lit encore sur commande, vraiment ?
Si je vous dis : LISEZ HYPERION , TOUS !!! qui d'entre vous suivra cet excellentissime conseil ?
Une personne, si j'ai de la chance ...
Et pourtant :
Prix Hugo du meilleur roman en 1990.
Prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 1990.
Prix Cosmos 2000 du meilleur roman de science-fiction en 1992.
Prix Seiun du meilleur roman en langue étrangère en 1995.
Prix Tähtivaeltaja pour la traduction finnoise du roman en 1998.
Alors, je vais m'essayer à un tout nouveau exercice : l'accompagnement à la lecture. Un accompagnement copieusement illustré, évidemment, occasion pour nous de nous frotter à un des plus riches fleurons de la culture populaire mondial de science-fiction. Il se murmure là encore qu'un film serait en préparation ... déjà , on peut trouver sur le net des propositions de casting- genre que nous connaissons bien ici -
Je vais commencer par ... le commencement ... Non, pas tout à fait, je vais d'abord vous présenter un visu des sept pélérins, particularité du premier cantos d'Hyperion. La présentation plus psychologique suivra, chapitre après chapitre, accompagné des autres personnages hauts en couleurs de cette histoire.
Sol Weintraub :
Martin Silénus :
le Consul :
Het Masteen :
Lenar Hoyt :
colonel Kassad :
Brawne Lamia :
Je vous quitte en plein suspens sur une courte présentation de Wikipedia :
Hypérion est un roman de science-fiction appartenant au genre space opera, écrit par Dan Simmons en 1989 et publié en France en 1991. Ce roman est le premier volume d'un cycle composé de quatre livres : Hypérion, La Chute d'Hypérion (1990), Endymion (1995) et L'Éveil d'Endymion (1997), complétés par deux nouvelles : Les orphelins de l’hélice et La mort du centaure.
Hypérion et La Chute d'Hypérion forment le récit intitulé Les Cantos d'Hypérion, tandis que Endymion et L'Éveil d'Endymion en constituent la suite, intitulée Les Voyages d'Endymion. L'ensemble du cycle est considéré par certains comme une des œuvres majeures de la science-fiction, étant donné l'originalité de l'histoire, la complexité de l'univers, la psychologie raffinée des personnages, et les questions cruciales qui sont abordées.
L'Yggdrasil
Une belle présentation détaillée de l'oeuvre pour les plus impatients ou les amoureux de cette saga - Attention SPOILERS !!!!!!!!!! :
Extraits - sans spoilers - A la frange de l’univers colonisé par l’Hégémonie, la planète Hypérion est l’objet de toutes les attentions. Dans une région isolée de ce monde reposent les Tombeaux du Temps, un artefact d’origine inconnue où le temps dérive de l’avenir vers le passé et qui est protégé par une créature aux pouvoirs diaboliques : le gritche. Les tombeaux sont sur le point de s’ouvrir et nul ne sait ce qu’il libèrera. En plus, les extros ont lancé une vague de vaisseaux interstellaires vers le système d’Hypérion et il est urgent d’évacuer la planète. Pour percer le secret des Tombeaux du Temps avant qu’ils ne tombent sous la coupe de l’envahisseur, l’Hégémonie envoie sur la planète sept pèlerins choisis par la sainte église du gritche. Ils ne se connaissent pas mais aucun n’a été choisi au hasard. Selon une trame littéraire similaire à celle des Contes de Canterbury, chaque pèlerin va raconter son histoire au long de ce formidable voyage qui va les mener au-delà de la Mer des Hautes Herbes et des Monts Bridés vers leur destin commun....
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Science-fiction, space-opéra, roman d’exploration et d’aventures, cyber-punk, fantastique voire horrifique, ce livre ne se laisse enfermer dans aucun genre. Pour échapper aux pièges du collage, il fallait un écrivain dont le talent de conteur lui permette de les embrasser tous avec un égal bonheur. Simmons change à chaque récit non seulement d’endroit, d’époque et d’atmosphère, mais aussi d’écriture, de langage en s’adaptant par un véritable tour de force à la psychologie et au vécu particulier de celui qui raconte.
Hyperion, Ed. Headline Book Publishing, UK
Même si des rumeurs, plus ou moins confirmées par l’auteur, enflent sur Internet à propos d’une éventuelle adaptation cinématographique, on a peine à imaginer comment l’univers du roman pourra être transcrit en un scénario cohérent tant les paysages varient et les digressions abondent au gré des pages sans parler du fait qu’il n’y a pas de héro, seulement des protagonistes. Finalement, la principale force de cette unique et incroyable saga futuriste, c’est bien cette constante inventivité narrative qui transcende les réels moments d’émotion, la beauté sauvage des paysages imaginaires comme les scènes d’action tétanisantes, et qui arrive même à placer de nombreuses citations du poète John Keats en plus des références mythologique (le vaisseau Yggdrasill) ou littéraires indirectes à Dante et aux classiques du roman d’évasion futuriste ainsi qu’à des scientifiques (William Gibson, Stephen Hawking). Tout est mêlé mais tout se tient et finit par s’organiser dans la tête du lecteur parfois obligé de revenir en arrière et de relire certains passages obscurs qui ne révèlent leur secret que bien plus tard. Le plus étonnant encore est que ce premier roman sombre et mouvementé ne finit pas : l’auteur laisse ses pèlerins debout dans la vallée, progressant lentement vers les tombaux, de front comme dans un western de Sam Peckinpah. Ils sont le dernier recours de l’humanité mais personne ne sait encore à ce moment ce qu’il vont bien pouvoir faire. Bien sûr, ce roman a une suite : La Chute d’Hypérion, écrit dans un style plus linéaire, apportera une partie des réponses en laissant toutefois suffisamment de mystère pour d’autres récits. Simmons remettra une nouvelle fois le couvert avec Endymion suivi de l’Eveil d’Endymion, deux autres romans fantastiques qui racontent une autre histoire se passant dans le même univers (le gritche est toujours là) mais deux cents années plus tard. Enfin, l’auteur complètera sa saga par une nouvelle intitulée Les Orphelins de l'Hélice parue dans un recueil assemblé par Robert Silverberg et intitulé Horizons Lointains.
Hypérion, qui remporta le prix Hugo en 1990, a été traduit de l’américain par Guy Abadia qui a su respecter le souffle du récit tout en inventant une foule de noms crédibles pour ceux qui n’existent pas dans le dictionnaire. Pour les traductions de Chaucer, Keats et Yeats, il s’est sagement reporté à des éditions existantes faisant autorité (dont une de 1923). Hypérion est certes un roman difficile à lire mais, pour peu que l’on pénètre dans son ou plutôt ses univers singuliers, on est très vite attaché : il ne faut pas 20 pages pour savoir qu’on va rester scotché à lire jusqu’au bout de la nuit. Plus tard, on est aussi emmené à réfléchir sur des questions essentielles liées entre autres à la religion, la préservation de l’environnement, les dictatures, les dangers de la science non maîtrisée, les paradoxes temporels ou l’avenir de l’homme submergé par la cyberculture. En tout cas, il y a là dedans suffisamment de style, de passion, de twists fantastiques et d’idées originales pour captiver le plus blasé des amateurs de SF ou même pour attirer ceux qui n’en lisent jamais.