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FATHERLAND Robert Harris (1992)
Une uchronie accessible et néanmoins vertigineuse. Le roman qui m’a fait découvrir le genre, je recommande ! (j’ai la version poche)
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Le roman :
Berlin, 1964. Les forces de l’Axe ont gagné la guerre, la paix nazie règne sur l’Europe. L’Amérique a refusé le joug. Mais, dans quelques jours, le président Kennedy viendra conclure une alliance avec le Reich. Elle marquera la fin du monde libre. Deux meurtres viennent alors perturber les préparatifs.
Les victimes sont d’anciens S.S. de haut rang jouissant d’une paisible retraite. Chargé de l’affaire, l’inspecteur March s’interroge. S’agit-il d’un règlement de comptes entre dignitaires ? Pourquoi la Gestapo s’intéresse-t-elle à l’enquête ? Quelle est cette vérité indicible qui semble menacer les fondations du régime ?
Dans Berlin pavoisé, les bourreaux guettent, prêts à tout pour étouffer les dernières lueurs de la liberté.
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Le podcast :
Fatherland par Bertrand Campeis (source : C'est plus que de la SF)
Les hommes du Führer qui en savaient trop
Et si l'Allemagne nazie avait gagné la guerre ? Ce scénario cauchemardesque, assez classique pour les amoureux d'uchronie, a trouvé son maître avec Fatherland de Robert Harris.
Publié en 1992, ce roman policier et de science-fiction imagine avec réalisme le monde de l'après-guerre où le drapeau à la croix gammée flotte sur toutes les capitales européennes. Staline a été vaincu en 1943 après la perte des champs de pétrole à Bakou tandis que Churchill s'est enfui au Canada après un terrible blocus de l'Angleterre.
Malgré la victoire des États-Unis contre le Japon, la présence d'une fusée V3 allemande dans le ciel de New York met un terme à la Seconde Guerre mondiale en 1946. Alors que l’anniversaire d’Hitler se prépare, d’anciens dirigeants sont assassinés.
Le roman a été adapté en téléfilm en 1994 sous le titre Le Crépuscule des Aigles.
Voici l’analyse de notre invité Bertrand Campeis, dans son livre Le Guide de l’Uchronie co-écrit avec Karine Gobled : «Thriller psychologique, politique, efficace, haletant et passionnant, Fatherland est un incontournable pour tout amateur d’uchronie. La société dépeinte par Robert Harris, noire, paranoïaque et étouffante, glace le lecteur. Ce roman traduit dans le monde entier, constitue en outre une bonne porte d’entrée pour qui souhaite découvrir le genre. »
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Un podcast à écouter mais je préviens, l’intervenant spoile la fin de Fatherland dès le début du podcast, c’est ballot ! Alors voici un résumé fait par mes soins ^^ (le podcast propose également une définition de l’uchronie et développe le sous genre spécifique de l’ « uchronie nazie » en parlant d’autres romans dans la même veine que Fatherland).
Avant le roman Fatherland, Robert Harris s’intéresse à la supercherie des carnets intimes d’Hitler. Il en publiera un essai, Selling Hitler en 1986.
Il continue ses recherches et se penche particulièrement sur les plans de Germania, projet d’énorme capitale culturelle, délire architectural voulu par Hitler et conçu par Speer.
Son idée de roman autour du Troisième Reich aboutira finalement après plusieurs années, sous la forme d’une uchronie, Fatherland.
Fatherland est préacheté par onze maisons d’éditions (sauf en Allemagne ^^).
A sa sortie ce sera un énorme succès.
Pourquoi c’est un bon roman uchronique :
- L’histoire se déroule comme un roman noir, un polar, avec un schéma classique mais terriblement efficace.
- Le cadre : la ville de Berlin, un Berlin reconstruit selon les plans de Germania.
- Le « héro » de l’histoire est un flic désabusé, sarcastique, qui boit trop. Il ne croit plus depuis longtemps aux illusions du régime. Il est surveillé par la Gestapo. Il est divorcé et a un jeune fils totalement happé par les idéaux et la propagande du parti nazi. Au fil de son enquête, il veut comprendre, il veut savoir.
- Ce flic va faire équipe avec une journaliste américaine, Charlotte « Charlie » Maguire, qui a beaucoup d’aplomb, est indépendante et qui cherche le scoop.
- L’histoire est très prenante, très dure et très froide, habilement construite pour nous emmener jusqu’au dénouement.
- Le roman a une ambiance horrifiante, oppressante, le monde dépeint est cauchemardesque, cela devient machiavélique.
- Robert Harris réussi à rendre sympathique le personnage du flic alors que c'est un nazi, le SS Sturmbannführer Xavier March.
Concernant le téléfilm (1994) :
Il est intéressant pour la mise en images de Berlin mais la fin est modifiée, l’adaptation est trop politiquement correcte : il vaut mieux lire le roman et oublier le téléfilm.
Pourquoi ce goût, ce succès pour « l’uchronie nazie » (qui fait l’objet de nombreux romans) :
- Le grand choc avec Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick.
- On aime beaucoup se faire peur et si les nazis avaient gagné la Seconde Guerre mondiale, cela serait la pire chose qui aurait pu arriver.
- L’uchronie nazie s’adapte sur plusieurs niveaux : livres, films, séries, jeux vidéos.
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Je signale au passage qu’un autre roman de Robert Harris vient d’être adapté au cinéma, Conclave.
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