Les Maîtres du temps (de René Laloux, dessiné par Mœbius)

[phoenlx]

oui tout le trip autour de la temporalité à la fin est super bien vu je trouve, à lire ta critique apparemment ce n'est pas du tout comme ça dans le livre que le film adapte, j'ai l'impression que Laloux a largement sublimé l'oeuvre de base

Beaucoup de scènes marquent, notamment sur le planète des pirates avec ces individus transformés en membres tous identiques aux allures d'anges sans visages, indifférenciés, et le discours autour de la multiplicité noyé dans l'unicité (on ne s'attends pas à voir ceci au détour de l'histoire, c'est un peu surprenant mais ça marque l'esprit avec la mise en scène et les doublages)
D'autres scènes sont plutôt choquantes, notamment celle du sort final du "oin oin" qui accompagne le petit Piel
un film à ne pas montrer aux enfants, assurément, il demande un peu de recul

[itikar]

C'est sûr que ce n'est pas un Disney mais de mémoire je l'ai vu très jeune et je ne le regrette pas. Je n'ai pas tout compris cette première fois, mais ça m'avait tellement marqué que je n'ai jamais cessé de le revoir régulièrement ... Je pense que c'est une belle expérience à faire pour un enfant.

[Bombur]

C'est sûr que ce n'est pas un Disney mais de mémoire je l'ai vu très jeune et je ne le regrette pas. Je n'ai pas tout compris cette première fois, mais ça m'avait tellement marqué que je n'ai jamais cessé de le revoir régulièrement ... Je pense que c'est une belle expérience à faire pour un enfant.

[Scarabéaware]

Bon je crois que je vais me décider à le voir enfin dans les prochains jours celui-là, que je vois tout ce que ça donne .

[Scarabéaware]

Allez je l'ai vu hier soir et j'ai beaucoup apprécié .

Du coup j'en ai lu la très belle critique de Itikar qui nous revient longuement sur ce beau petit film d'animation avec de son côté poignant que l'on doit à René Laloux avec la participation de Moebius pour les dessins. De quoi donner un film assez charmant avec cette esthétique et ces décors, par contre j'ai perçu quelque chose qui contrairement à Pho me fera dire que c'est une œuvre à montrer aux enfants. Dire que c'est du film d'animation pas vraiment pour les enfants, je veux bien qu'on ait cette lecture mais au-delà de ce que nous avons avec le twist final, je trouve qu'on peut considérer que nous avons une morale qui peut être intéressante à retenir pour des enfants. Bien sur il faut du recul mais au regard de ce qui arrive à l'enfant c'est aussi une expression du fait comme quoi il faut être bien obéissant au risque de se mettre en danger. Après évidemment quand on a pas connaissance de certains danger il faut bien en faire l'expérience d'où le rôle des adultes de bien prévenir, d'être attentif à certaines situations. Nous avons une manipulation qui fait assez bizarre dans la malveillance par un moment mais on peut dire que ça représente bien ces adultes dont les enfants doivent se méfier comme les pédophiles qui peuvent attirer les enfants vers eux pour le pire. Maintenant c'est de quoi nous mener vers ce qui permettra de forger tout une expérience avec un paradoxe que nous venons à découvrir, et c'est assez fameux quand on en vient au final avec sa superbe musique qui marque bien mais tout de même faut que ça se retienne pour la leçon qui peut être retirée pour les enfants. Après on a des expériences qui forgent le caractère, mais nous avons déjà une belle phase de survie et la dureté d'avoir perdus ses parents pour le petit garçon qui a de quoi trouver réconfort à travers cet appareil génial qui permet de la communication instantanée à travers l'espace en pouvant croire qu'il s'agit d'une I.A. alors qu'en réalité nous avons des personnes bien réelles au bout.

Autrement dans l'ensemble c'est vraiment de quoi être sous le charme de cette composition avec son bon petit accompagnement musical, qu'on ait quelques planètes avec leurs particularités comme Perdide, celle où l'on découvre Silbad avec son évènement rare qui se produit et une escale où il y a de quoi trouver une bonne petite confrontation. Quand à la planète dont est tombé amoureux Silbad c'est pas mal et nous avons droit à un sacré ballet en matière de naissance avec le fait qu'on ait deux gnomes télépathes qui vont se joindre à l'équipage de quoi nous produire une part d'évocation de l'humanité et qu'ils se mêlent en toute contradiction quelque part aux affaires humaines surtout avec l'un d'eux disant qu'il ne faut pas agir. C'est mignon aussi avec ces créatures, de quoi en sourire en même temps. Bon puis je parlais de la planète où Jaffar est fait prisonnier, de quoi faire une bonne évocation en soulevant la problématique de l'unicité, de ceux qui veulent uniformiser le monde et que ça fasse une bonne défense de la différence, c'est plutôt bien vu la dessus . On a une bonne intégration là au milieu en plus du sauvetage et de quoi donner lieu à un beau sacrifice qui nous fait office de rédemption pour celui qui est le plus à même d'incarner la haine pouvant libérer de l'oppression, le genre de sacrifié qu'il faut bien.

Sinon on peut dire qu'on a une chanson qui prend une autre saveur par la suite et puis on appréciera aussi la chanson bien agréable chantée par la femme, ça a de quoi bien aller aussi ça . Enfin voila, c'est de la belle œuvre qui a de quoi faire mouche, ça m'aura fait penser à la dernière nounou que j'ai eu avec l'animal que Piel appelle Ouin-Ouin, je sais pas pourquoi mais quand je l'appelais je disais ça, Ouin-Ouin . Par contre le pauvre ouin-ouin il subit un sale sort, là c'est le attention où on met les pieds. Enfin bref, c'est à même de bien touché et puis nous avons une bonne petite galerie de personnages, c'est plaisant comme tout et avec un très bon final qui joue bien avec du paradoxe, maintenant ça finit un peu tristement faut bien le dire, mais bon bien que ça puisse être éprouvant, ça fait une expérience qui doit pouvoir être proposée à des enfants comme je disais.

[ANGELO]

un bien étrange film pas tellement pour les enfants/.

Vu quand j'avais 10 ans. le film m'a marqué.. le petit Piel me faisait un peu penser à Rebecca des MONDES ENGLOUTIS;

J'avais fait un rêve qui associait les deux univers et c'était sur une musique de fonds qui avait un air de DON'T ANSWER ME d'ALAN PARSONS PROJECT groupe musical qui était encore en vogue à l'époque.


un souvenir bizarre.

[phoenlx]

je cherchais à quoi ça me faisait penser,
certaines atmosphères des mondes engloutis en effet (notamment pour l'atmosphère graphique et certaines créatures)

en tout cas, bonne idée de visionnage scarabée, c'est un film qui impacte la rétine je trouve .. moi aussi hier j'ai vu un truc qui m'a bouleversé

[Scarabéaware]

Petite évocation de faite par des Toiles et des Poils qui salue cette bonne initiative que ça faisait avec ce film d'animation d'une époque où le Métal hurlait comme il dit et que les français osaient bien . Il est clair que maintenant c'est moins évident là dessus.

[itikar]

Excellente émission, et on remarquera la louable attention de ne pas avoir spoilé la fin. Je lui ai d'ailleurs fait ce commentaire :

Tout simplement le plus grand film de paradoxe temporel que nous a donné à voir le cinéma. Peut-être même le plus grand film tout court, le plus important. Il est dans mon top 10 ex aequo d'ailleurs de mes meilleurs films, sur plusieurs milliers de films vus. Son twist final fait du film la plus grande œuvre métaphysique cinématographique jamais produite, et il est à mon sens bien plus efficace que celle de 2001. Pour des raisons différentes, sa fin fait jeu égal avec celle de Dark Crystal, c'est pour dire le niveau. De plus, entre les lignes, il véhicule des messages d'une humanité et d'une fraternité sage et rare, en témoigne notamment le sens que prend le moment précis où le vieux Simbad chante sa chanson au jeune Piel ... Qui n'a jamais rêvé enfant être conseillé et rassuré par une figure plus que paternelle nous voulant forcément le plus de bien possible ? René Laloux l'a fait, et plus encore. L'enterrement final suivit par la conclusion homérique en musique est un choc artistique et métaphysique absolu. Voilà pourquoi les Maîtres du Temps est probablement le plus grand film que nous ait offert de découvrir le cinéma. Quant à sa réaction critique, il rappelle quelque peu ce moment où un personnage également homérique aurait prononcé un "pardonnez-leur,... ils ne savent pas ce qu'ils font." En tout cas, depuis des dizaines d'années, il n'y a pas un seul moment où j'ai commenté des critiques comme ici qui ne m'a pas montré un auditoire complice disant volontiers à quel point il ressent de l'amour pour lui et a été marqué à vie par lui. Les Maîtres du Temps est devenu à juste titre cultissime, et a traversé les décennies avec une réputation intacte et méritée. Et il fait partie aussi de ces films si rares absolument uniques, absolument sans aucun équivalents, qui retournent entièrement leur sens supposé par leur pirouette finale au point de transcender leur propre histoire. Et de ces films plus rares encore qui nous changent à jamais une fois qu'on les a vu, surtout enfant, nous dotant d'un esprit critique et d'une liberté de penser impossible à complètement influencer. Voilà le pouvoir primordial de ces Maîtres du Temps. Le voir et le comprendre nous fait quitter le statut de mouton crédule et nous change enfin en individu pensant.

[Gandalf l'Aigri]

Concernant la fin, grosse infidélité au roman, l'Orphelin de Perdide, mais je comprends que l'explication trop scientifique du roman aurait perdu le grand public.
D'où cette "astuce" qui a l'avantage de conserver le paradoxe temporel.

[itikar]

C'est plus qu'une astuce, mais du génie brute. Je plussoie Laloux d'avoir dit que la fin du roman de Wuhl manquait d'impact. Oui, je la connais, mais on y perd toute l'émotion et surtout la puissance brute du message car quel intérêt de voir une planète sauvage "soudain" devenir hyper colonisée et développée. Ok, on apprend le paradoxe des jumeaux, mais j'ai envie de dire :"et alors ?". On y aurait perdu de plus l'effet balise qui est le plus efficace moyen d'implanter à vie des scènes de cinéma dans l'esprit des spectateurs. Bref, on y aurait perdu tout l'intérêt supérieur des Maîtres du Temps tel qu'il a été réalisé. Un peu comme si on retirait à la planète des singes la scène de la statue de la liberté.