Le Vagabond des Limbes (BD)

[itikar]

Si l'univers des grandes sagas bandes dessinées plutôt destinés aux adultes et adolescents de l'âge d'or de la BD franco belge devait nous être conté, il pourrait probablement en rester trois :

- Thorgal
-Valerian
- Le Vagabond des Limbes

Trois univers aux histoires et objectifs radicalement différents. Même si Valerian et cet autre célèbre vagabond des étoiles ont une science fiction totalement débridée en commun, ils ne pourraient être plus éloignés. Comme le soleil face à la lune.

Ce topic sera pour parler du vagabond des Limbes, et je mettrais sûrement souvent à jour ce premier post de présentation jusqu'à ce qu'il prenne la forme qu'il mérite.

Je ne me lance certainement pas aujourd'hui, déjà je ne suis pas suffisamment expert dans ce domaine unique, car il y a certainement plusieurs romans à écrire sur un sujet aussi riche et je vis en ce moment un de ces rêves rares qui est d'enfin essayer de me mettre à jour sur cette merveille, dans un contexte où la rareté a fait bondir les prix de certains albums (jusqu'à 150 euros )

Je vais donc commencer par traiter, ou plutôt effleurer le sujet, en livrant quelques impressions à chaud sur tel ou tel album ayant impressionné des générations de lecteurs (et de lectrices j'imagine, même si la place de la femme, prépondérante et omniprésente, y sera certainement sujet à moults débats ... )

Quelques mots sur l'auteur :

Christian GODARD démarre sa carrière dans les illustrés des années 50-60. Il dessine, sur scénarios de René Goscinny, Pipsi, Jacquot le Mousse et Tromblon et Bottaclou. Auteur complet, il démarre dans Pilote sa première série d'envergure, Norbert & Kari. A la fin des années 60 il lance Martin Milan, dans Tintin. Il crée Toupet seul, texte et dessins, en 1965, dans Spirou. Il en confiera le dessin en 1987 à Albert Blesteau. Il écrit pour: Ribera (le Vagabond des Limbes, L'Histoire de France en BD, Les Ghlomes, Le Grand Manque, Le Grand Scandale, Je suis un Monstre, Le Fils de l'Orfèvre) mais aussi Delinx (La Jungle en Folie), Clavé (La Bande à Bonnot, Les Dossiers de l'Archange, Le Bras du démon), Blesteau (Toupet), Achdé (DocVeto), Widenlocher (Achille Talon a la main verte), Juszezak (Oki), Plumail (Le Cybertueur, Dédales), et, pour un collectif (Blanc-Dumont, Bonnet, Mounier, Jarbinet, Moynot, etc...), Une Folie très ordinaire. Il produit également des sketches, des pièces et livrets pour la scène (Brindamour, Les Camisoles), et écrit des polars: Le Fils du notaire (avec E.Metain), Pavane pour un catcheur défunt, Entre deux eaux...

[itikar]

Ma note : 22/20 (peut-être la meilleure BD que j'ai jamais lu ... dans cette catégorie en tout cas )

"Pour trois transgressions de plus ..." :

Il est des monuments dans la bande dessinée comme d'autres arts, et la saga inégalable du Vagabond des Limbes en est assurément un. Remplie de maladresses et aujourd'hui quasiment hors la morale, il n'en a pas été toujours ainsi. Dépassée cette barrière, celle de la variation séculaire des mœurs, autre dénomination du progrès social, les auteurs nous livrent dans cet album de la maturité trois perles rares. Celle de l'auto psychanalyse détournée, plutôt celle des lecteurs et de leur psyché en fait, à travers cette némésis implacable appelée "le démon" qui n'est autre que la part sombre et refoulé du héros, comme en témoigne le jeu de miroir multiple et omniprésent - némésique, onirique, esthétique, bien entendu moral et même organique). On en constatera avec gravité que la trop jeune Musky demande ainsi métaphoriquement à celui qu'elle aime de la dépuceler ... Celle de la démesure totale, dans le sens propre du terme, celui du dépassement du tolérable, comme s'ils avaient voulu livrer un fumetti interdit "lambda". Le défilé des scènes plus horribles et sadiques les unes que les autres, féminicides jusqu'à leur essence même, certes quelque peu minorée par la dimension onirique évidente, aurait de quoi faire un froid glacial dans notre dos s'il n'y avait cette poésie puissante rachetant presque ces crimes. J'ai bien dit presque car cela passera certainement pour un brûlot infâme aux yeux de beaucoup désormais. Mais sans doute que oui à l'époque de la parution de l'album, certainement non aujourd’hui. Celle du sacrifice le plus pur et le plus magique car tout à la fois total et libérateur. Je dirais même libertaire. Ode au rêve, à l'amour, et en même temps au cauchemar et à la séparation insurmontable et néanmoins à surmonter, "Pour trois graines d'éternité" est un chef d’œuvre de la bande dessinée, tout genre et époque confondu. En témoigne l'approche angulaire de la couverture, qui montre bien le tout et son exact contraire, métaphore du décors et son envers mais aussi de l'âme et de son envers, du public et du privé. Il est peut-être au neuvième art ce que Salo est au septième. J'exagère bien sûr. Mais à peine.

[Scarabéaware]

Vivement de voir la suite de la présentation, en tout cas on a une couverture d'un tome qui a de quoi bien titillé là déjà .
Par contre avec ton commentaire, je vois qu'on a du féminicide dans cette BD ?

[itikar]

C'est pas si simple, mais en gros oui mais en mode "Angel Heart" donc c'est plus que spécial. Diificile de l'expliquer sans spoiler

[phoenlx]

ça a l'air .. bon à tester