L'histoire :
Cette version 2018 de Comics USA se décompose en plusieurs parties :
- Ils les ont tués : Superman & Captain America : À plusieurs années d'intervalles, les mythiques héros de DC et Marvel ont été tués par certains créateurs, pour des raisons différentes...
- Les ancêtres de papier : Dime novels et Story papers sont des formats qui ont longtemps préfigurés les comics d'aujourd'hui..
- L'âge d'or, naissance d'un Roi : De ses premiers titres à ses succès énormes avant les années 60, Jack Kirby a marqué indéniablement l'histoire de la bande dessinée américaine...
- The Spirit by Will Eisner : Création phare des comics, le Spirit a confirmé combien Will Eisner était un génie...
- Sang et horreur, ou : « Censeurs, protégez nos enfants ! » : Durant les années 50, les horror comics se multiplient...
- Stan Lee : de Timely à Marvel : En prenant du galon, Stan Lee va faire de Marvel l'un des éditeurs les plus créatifs des années 60 et suivantes.
- DC, l'autre côté du miroir - le renouveau : de l'âge d'or à l'âge d'argent : C'est la période durant laquelle les séries publiées DC et Marvel vont vraiment prendre des trajectoires différentes...
- Ditko : Autre génie du comics, Steve Ditko a un parcours assez étonnant...
- Rêves et cauchemars en noir et blanc : Ou l'importance de l'absence de la couleur...
- L'âge de bronze, le poids des héros : Sans ses héros, les deux éditeurs peinent à convaincre. Avec, ils cartonnent.
- Le choc des images : Au début des années 90, les auteurs les plus en vogue partent fonder Image comics..
- Aujourd'hui les comics : Un regard porté sur les dernières années...
Ma critique (enfin un début car j'ai pas fini de lire ce gros bouquin) :
S'il ne fallait acheter qu'un ouvrage sur l'histoire des comics, cela serait celui-là.
Edition mis à jour et enrichi, celle-ci complète l'édition légendaire de 1975 "Comics USA" avec son pan d'histoire depuis cette date jusqu'à nos jours (près de 45 ans supplémentaires ! ) .
L'ouvrage ne se contente pas de conter les hauts faits de l'Age d'Or, d'Argent, de Bronze, puis de Fer, puisqu'un premier chapitre narre en détail les aventures et déboires de l'ancêtre du comics, le Dime novels (sans image donc) puis des premières revues compilant plusieurs comics, avant l'apparition des comics dédiés - à un protagoniste ou à une équipe pour ce qui est des super-héros.
Ce qui m'a le plus surpris, outre la quantité pharaonique d'informations plus ou moins anecdotiques - donc savoureuses - c'est l'érudition totale des auteurs de ce livre d'histoire, jusqu'à proposer des biographies détaillés des plus grands auteurs et éditeurs de comics à rendre jaloux Wikipedia ! Il semble en tout cas pour le moment moins prolixe pour ce qui est des chroniques des aventures de chaque héros, prenant ainsi le parti pris de se focaliser sur l'histoire des créateurs et non pas de leurs créatures.
C'est de plus un très joli livre avec tout pleins d'images et d'extraits (de BD) sympas.
Ils en causent ! (bien mieux que moi)
http://bdzoom.com/126680/comic-books/%C ... rc-duveau/
L’auteur, après une courte introduction sur la mort des super héros Superman et Captain America, débute son essai au début du XIXe siècle, avec les Dime Novels, les Story Papers, abordant les revues Spicy Detective érotiques, les novelty, puis les pulps, développant le sujet sur 29 pages, et mettant en exergue les premiers super-héros : The Shadow, Doc Savage ou Tarzan. Tout cela illustré avec de nombreuses reproductions très intéressantes. Il aborde ensuite plusieurs chapitres conséquents, intitulés :
- « L’Âge d’or, naissance d’un roi ». L’auteur développe ici l’aspect économique du comic book dans les premières années, tel qu’on le connaît, s’autorisant des détours vers des publications incroyables, telles Nights of Horror (1954), revue sado masochiste dans laquelle Joe Siegel, créateur de « Superman », a été réduit à publier ses dessins par manque de contrats.
- « Le Spirit de Will Eisner » aborde sur 20 pages l’importance fondamentale de ce titre dans la culture comics, évoquant rapidement dans un dernier gros paragraphe l’aspect biographique de son créateur, jusqu’à sa mort.
- « Sang et horreur ou Censeurs, protégez nos enfants », nous immerge dans les années cinquante et les éditons EC Comics sur 18 pages. Wallace Wood faisant le lien avec la revue Mad.
- Sur « Stan Lee : de Timely à Marvel », l’auteur choisit de parler du développement de Marvel par le biais de son créateur le plus connu, en resituant son parcours biographique dans l’édition, avec les éditions Atlas, les revues Strange Tales et Journey Into Mystery… avant d’aborder la face plus connue des années soixante. 15 pages y sont dédiées.
- « DC l’autre côté du miroir » évoque le passage de l’âge d’or à l’âge d’argent, en focalisant d’abord sur l’auteur Joe Kubert, de ses récits de guerre au westerns, avant d’évoquer les grands classiques de DC : « Flash », « Hawkman », « Atom », la revue de science-fiction Strange Adventures, puis « Green Lantern », « Batman », The House of Mystery, « La Créature des marais ». Une manière bien personnelle de s’attarder sur cet éditeur incontournable.
- Encore moins anodin est alors le chapitre suivant, dévolu entièrement à Steve Ditko, et se déroulant sur 32 pages. L’occasion de rendre hommage à un auteur encore mal connu du grand public, tout en traitant des éditeurs Marvel, Charlton, DC, Warren.
- Le chapitre suivant est une transition en douze pages consacrée aux revues en noir et blanc des années 1970 : « Rêves et cauchemar en noir et blanc ». l’occasion de traiter de Wallace Wood avec la revue Witzend, de Gil Kane et son « Doc Savage » ultra violent, de Vaughn Bodé, de Blazing Combat, Creepy, avec un lien établi par le biais de Harvey Kurtzman.
- « L’Âge de bronze, le poids des héros » met tout d’abord en valeur le travail de Jack Kirby avec son « Quatrième Monde », avant de se pencher sur les revues DC et la maturité de titres tels World Finest Comics, les fameux épisodes de « Green Arrow » et « Green Lantern », mais aussi, moins courant, les évolutions de Marvel sur la revue The Amazing Spiderman, mais surtout la revue Epic, ses titres d’horreur ou de science-fiction « Nick Fury », « Dracula », Chamber of Darkness, Savage Tales, et sa marque Curtis. Puis Jim Shooter est mis en avant avec la revue Dazzler, avant l’exploration dans une bonne partie de ce chapitre à DC et les bouleversements de la fin des années soixante-dix au début des années quatre-vingt et le renouveau sombre des comics. Quatre pages sont consacrées à la compagnie de Mike Richardson : Dark Horse, acteur majeur des années quatre-vingt.
- Avec « Le Choc des images », Marc Duveau évoque l’arrivée du label Image et les licences en Creator Owned, via l’épisode connu sous le nom « X-Odus », un référence au fait que la plupart des auteurs quittant le bateau Marvel ont brillé sur des comics consacrés aux X-Men. 34 pages allant jusqu’au phénomène « Walking Dead », et une aparté sur le label Malibu.
- Enfin, « Aujourd’hui les comics » s’attarde sur l’âge moderne dans lequel les comics se trouvent actuellement, développant sur 21 pages une analyse du marché depuis 1986, citant les principaux mouvements et titres marquant apparus.
http://www.planetebd.com/comics/huginn- ... 35541.html
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis plusieurs années, les livres évoquant les comics se multiplient. Si certains trouvent facilement leur public du fait de leurs qualités intrinsèques (ceux de Xavier Fournier par exemple), d'autres manquent cruellement d'ambition ou de contenu. En 1975, alors que la mode n'était pas encore aux super-héros ou à la bande dessinée américaine dite indé, l'essayiste et spécialiste Marc Duveau a concocté une analyse pertinente et poussée. Plus de quarante ans plus tard, l'auteur revisite son ouvrage dans une version réactualisée qui ne semble pas avoir vieilli d'un iota. Marc Duveau va balayer le spectre large des comics, de son apparition à ses jours récents, évoquer des créateurs majeurs comme Jack Kirby, Will Eisner ou Steve Ditko, recontextualiser les moments phares de son histoire et de l'Histoire. L'écriture de Marc Duveau est un modèle du genre, simple, précise et d'une pédagogie à toute épreuve. On ne s'ennuie jamais à la lecture de Comics USA version 2018 et on comprend mieux pourquoi des générations de lecteurs qualifiaient le titre d'indispensable et de marquant. Les différentes parties s'imbriquent parfaitement entre elles, même si elles mettent des focus plus précis sur certains aspects. Sous-titré Histoire d'une culture populaire, Comics USA est un livre accessible et instructif, capable de plaire aussi bien aux profanes qu'aux connaisseurs. Bénéficiant d'une maquette agréable et de visuels bien mis en valeurs, (re)plonger dans ce documentaire passionnant est une expérience jouissive. La classe.