Wally ... Wallace Wood ...
Quand ce n etait pas a l aide d une sobre pancarte en bois avec dessus marqué Wood (aka bois en anglais), Il signait ses œuvres en dessinant une petite créature sensée le représenter, Snorky ... et qu'il mettait parfois en scène comme ci-dessous à la page 119 de Sally Forth :
Ce nom ne vous dit peut-être (sans doute ?) rien, car il est peu connu en France, contrairement à son aura etasunienne, mais apprenez alors qu'il est considéré comme pas moins qu'un des plus grands auteurs de bandes dessinées de tous les temps, cité en ce sens par Alan Moore (Watchmen, From Hell ...) par exemple qui a admis avoir été énormément inspiré par wally pour ses travaux. En tout cas le plus maudit, ce qui explique sans doute qu'il est tombé dans l'oubli ... mais uniquement pour tout ceux qui ne le connaissent pas et ignorent ce que la pop culture et le 8ème art en particulier lui doit. Énormément en somme.
Je tiens à écrire ce topic - ou plutôt ces topics mais j'y reviendrais - pour vous démontrer pourquoi.
D'abord, une petite biographie, et quand je dis petite je pèse mes mots car je viens de lire ce livre récent que je vous conseille et qui sur 200 pages en dit un peu plus quand même que ce que je vais vous résumer.
N.B : Le titre vient d'une citation surprenante, disant les difficultés inhérentes à ces carrières, de Wallace Wood au sujet de l'ensemble de sa carrière :"...Si c'était à refaire, je ne recommencerais pas. Et pourtant, je ne suis pas mécontent de là où j'en suis ..."
Je reproduis ici l'introduction du livre, posant bien le contexte professionnel d'alors :
Wallace Wood
Pionnier de la bande dessinée de genre américaine, Wallace Wood (1927- 1981) fut un auteur à la fois virtuose et visionnaire. Auteur multi voire même omni genre (Romance, SF, horreur, humour, parodie, western, heroic fantasy, super-héros, guerre, espionnage, érotique, pornographique etc.), il marqua profondément la SF, la fantasy, l’humour et la bande dessinée érotique tout au long d’une carrière riche et inclassable.
Né en 1927, de parents finlandais immigrés, dans des circonstances dramatiques (il étouffe et manque de s'asphyxier et doit la vie à la sage-femme assistant sa mère), lui et sa famille vont être profondément touchés par la fameuse crise de 1929. Il a des résultats médiocres au lycée, est curieux et passionné de lecture de livres (Edgar Alan Poe, Lewis Caroll, légendes arthuriennes, Edgar Rice Burroughs notamment le cycle de Mars qui est sa lecture favorite et fut selon lui la lecture fondatrice de son art et de son envie d illustrer toutes ces aventures, Jack London ...) ou de journaux, et développe à la maison avec l'aide de sa mère Alma son don pour le dessin. A l'école, il crayonne dès qu'il en a l'occasion, réalisant des commandes diverses pour ses amis, et développant sans cesse son trait et son art. Il devient la coqueluche de son école pour cette raison, et ses frasques. Il découvre les filles et comprend leur importance extrême pour lui et son style. Il est bien sûr fasciné par les premiers comics strips qui sont alors en plein essor : Prince Valliant de Hal Foster, Flash Gordon, Buck Rodgers, Jungle Jim, Mandrake, Terry and the Pirates, The Spirit ... Tout cela démarre entre 1934 et 1940 et il puisa dans ces strips des effets graphiques et des ambiances d'histoire qui ne le quitteront jamais. Il découvre t est boulimique aussi de comics books et comprend très vite que les dessinateurs les plus expérimentés travaillent dans les comics strips et les moins expérimentés font leurs armes dans les comics books. Il comprend alors qu 'il a le niveau pour les rejoindre.
Puis, passionné d'armes à feu, et n'appréciant pas les disputes récurrentes de ses parents, il s'engage très vite à 17 ans dans la marine en fin de la seconde guerre mondiale. Il en ramènera une expérience et une connaissance poussée des usages et de la vie militaire, et certes également une bonne dose de machisme et de violence qui allait le marquer à vie, ce qui lui permettra plus tard de créer de nombreux scénarios d'action et de fiction se déroulant dans ce type d'atmosphère, et ce à tous les époques. Il crayonne alors régulièrement pour les services de l'armée aussi, démobilisé, c'est tout naturellement qu'il va s'orienter, entre plusieurs petits boulots d'appoint au départ,vers le monde de la BD qui prenait alors un essor tout particulier. Élève doué et encreur surdoué, quoique autodidacte en BD, il va faire ses armes auprès des assistants de pas moins que Will Eissner, "Mister SPIRIT en personne", lettrant pour ses assistants en absence de Will Eissner alors engagé dans l'armée, la plupart des épisodes du fameux détective privé vengeur ayant inspiré - avec d'autres sources tel Sherlock Holmes ou Zorro - plus tard Bob Kane lorsqu'il donna naissance à Batman. Ce premier travail professionnel, en 1944-1945, lui apporta une solide connaissance du métier de l'édition de BD et c'est avec un CV désormais mieux aguerri qu'il se remit, après deux ans de bourse en école de Burne Hoggarth Cartoonists and Illustrator School pour parfaire son art, à démarcher les éditeurs de l'époque.
On date les premiers travaux de création personnel de Wally Wood à l'année 1949, avec la sortie de "Decision with danger", une romance de chez Fox Publications. Ce serait sa toute première histoire. Le début d'une très, très, très, très longue liste de création.
Après Fox Publications, il gagne en 1949 l'équipe d'E.C. (Entertainment Comic) avec qui il travaillera jusqu'en 1956 pour sans doute la partie la plus prolifique de sa carrière - sous fort dose de caféine et autres substances pour pouvoir supporter la cadence infernale. Il est considéré comme son quatrième auteur le plus prolifique, et signe dessin et scénario, à tour de bras pour des revues désormais iconiques telles Weird cience, Weird Fantasy, Tales From The Crypt, ...
Plus tard, dans les années 50-60, il travaillera en fait tout simplement pour tous les grands acteurs de l'industrie : de Marvel (Atlas Comics), à DC (House of Mystery, Plop!, Stalker, All Star Comics, Challengers of the Unknown), en passant par Warren (Creepy, Eerie, Vampirella et 1984), mais aussi pour d'autres plus petits, comme Avon (Strange Worlds), Charlton (War and Attack, Jungle Jim), Fox (Martin Kane, Private Eye), Gold Key (M.A.R.S. Patrol Total War, Fantastic Voyage), Harvey (Unearthly Spectaculars), King Comics (Jungle Jim), Atlas/Seaboard (The Destructor), Youthful Comics (Capt. Science), Tower Comics (T.H.U.N.D.E.R. Agents) et le fabricant de jouets Wham-O (Wham-O Giant Comics)
Il faut le rappeler car Wallace Wood est certainement un des auteurs de Bd les plus prolifiques. On doit à lui et ses scénaristes commanditaires, notamment Harvey Kurtzman chez E.C. et les collègues de son studio personnel Studio Art qu'il fonde avec Harry Harrison , ami et complice, et Joe Orlando, non pas des centaines mais des milliers d'histoires et à l'égal de certains mangakas émérites, des dizaines de milliers de planches. Tant qu'il est impossible de toutes les citer et qu'encore aujourd'hui la paternité de telle ou telle planche reste en discussion et en polémique.
Je pense que c'est donc un des plus grands ou qu'il fait en tout cas partie du panthéon de tête.
Citons tout de même entre beaucoup d'autres et en vrac non chronologique ce qui est considéré comme ses master class :
- Le personnage d'Odkin, dans sa trilogie "King of the World"
- la féé nudine
- une parodie X d'Alice (cf. lien plus bas)
- Les cons de fées, des parodies érotiques de contes de fées (cf. le lien en bas de ce post pour plus de détail)
- Des interventions dans la célébre revue Mad qu'il a co créé.
- la création et la supervision de la revue Witzend
- De nombreux contenus du fameux périodique "Weird science"
- Sally Forth
- Cannon
- Pussycat
- Dragonella
- Gang bang 1 à 3 (cf. lien plus bas)
- plusieurs aventures de Daredevil chez Marvel
- un début d'aventure centré sur le Docteur Fatalis
- De très, très nombreuses BD estampillés Eirie - sans doute d'avantage que ce qui a pu être recensé ..
- Les Tales from the Crypt
- La plupart des créations d'E.C. la maison d'édition de la popculture comics US cultissime
- des planches célèbres de parodie de super héros, ayant fait parfois scandale à leur époque.
- les aventures des Thunder Agents, une équipe de super héros originaux menée par Dynamo.
- une parodie culte de Disney
- Les BD "autobiographiques" My World, et My word, semblant introduire et terminer sa carrière (en pleine maladie cela dit).
- de nombreuses illustrations pour les cartes "Mars Attacks", qui inspireront bien plus tard Tim Burton - le bras qui fond ne laissant apparent que le squelette, c'est Wood.
- ...etc...etc...etc
extrait de My World et My Word
En 1966, Wood lance witzend, un comics underground, dans lequel il offrait à ses collègues la possibilité de créer en dehors des conventions de la bande dessinée industrielle. Après le quatrième numéro, Wood laisse la place à Bill Pearson, qui continue la publication jusqu'aux années 1980.
En 1969, il crée un autre comics underground majeur : Heroes, Inc. Presents Cannon, destiné à ses lecteurs militaires de Sally Forth. En collaboration avec Steve Ditko et Ralph Reese pour le dessin, et avec Ron Whyte pour les scénarios, il réalise Cannon, The Misfits et Dragonella.
Souffrant d'insuffisance rénale chronique à partir du début des années 1970, ayant perdu la vue d'un œil après une attaque cardiaque en 1978, Wood, face au déclin de sa santé, malgré la reconnaissance de ses pairs, se suicide par balle en 1981. Son travail, dès les années 1950, a une grande influence sur de nombreux auteurs, comme Bassford, Reese, Larry Hama, Kyle Baker, Hilary Barta, Sid Check, Rand Holmes, Wayne Howard, Howard Nostrand, Mark Schultz, William Stout, Tom Sutton, Bruce Timm, Bill Wray ou encore Bernie Wrightson.
C'est à lui qu'on doit le décolleté caractéristique et novateur de Power Girl, qui fit scandale à l’époque
Un mot tout de même sur ce qu'on pourrait appeler le style Wood.
Il est ce qu'on pourrait appeler un auteur caméléon, à l'instar d'un Moebius/Jean Giraud chez nous dans le sens où il a la capacité de créer des dessins réalistes ou au contraire complètement enfantins, et toutes les nuances entre les deux, et c'est une de ses marques de fabrique. Il est célèbre dans le premier cas pour ses illustrations de vaisseaux spatiaux et de monstres - on a dit de lui qu'il était le meilleur dans cette discipline là, en tout cas le plus créatif et il en est certainement l'un des meilleurs sans conteste possible. Dans le second cas pour ses dessins de petits bonhommes nains qui paraissent tout droit sortis d'un cartoon.
Exemple de dessin de style réaliste
Exemple de monstres woodien
Exemple de style intermédiaire
Odkin
Exemples de style cartoon
Ce dernier dessin est l'occasion de parler aussi de ce qui a fait la grande popularité de Wally Wood auprès de ses fans. Sa virtuosité et sa générosité à illustrer le charme féminin. Ses héroïnes sont en effet reconnaissables au premier coup d’œil. Ce sont toutes des femmes fatales dont l'illustration a de quoi faire naitre le désir chez ceux qui sont touchés par ce genre de femmes fatales. Quel que soit le style du dessin, ses personnages féminins seront désirables et uniques.
Quelques exemples parmi les moins déshabillées (il termina sa carrière dans la BD pornographique et fut très généreux dans ce genre là également - souvent en redessinant ses héroïnes les plus connues telle Sally Forth son plus grand succès populaire donc) :
Ce style vous parle ? C'est que comme des millions de personnes, vous avez déjà vu au moins une illustration de Wally Wood au cours de votre vie.
On pourrait montrer de nombreux autres exemples, et c'est l'occasion de vous dire que je vais créer bientôt un second topic cette fois dans le Temple et il y aura de quoi bien approfondir avec moult détails affriolants et échaudant l'art de ce maître de l'érotisme de BD. Je mettrais ensuite le lien en éditant ce post.
Mais disons encore quelques mots du "style Wood". Je l'ai dit plus haut, il était considéré comme un encreur de génie, peut-être le meilleur d'ailleurs. On voit en effet sur de nombreuses illustrations la complexité d'usage des traits sombres et surtout leur effet. Voilà quelques exemples criants :
Là encore, on pourrait aligner des milliers d'exemples ... prouvant que n'est pas Wally Wood qui veut.
Enfin, on ne pourrait se rapprocher de l'exhaustif si on ne dit pas un mot des thématiques woodiennes.
On l'a dit, il n’était pas du tout gêné par dessiner la violence, les armes diverses, les monstres tentaculaires et dégoulinants, et bien sûr les accortes jeunes filles, souvent dénudées et en plus ou moins mauvaise posture, comme l'époque en était friande. Souvent naïves aussi, bien que plusieurs de ses héroïnes exposent un caractère très affirmé, empêchant de classer complètement ses héroïnes dans la catégorie poupées fantasmatiques faciles. Mais avant tout, il avait envie à travers ses dessins et ses histoires de faire passer ses idées politiques parfois critiques, toujours satyriques et souvent sous vitrioles notamment dans ses époques Mad et Witzend. Adorant parodier les grands personnages, des super héros tels superman jusqu'aux héroïnes de contes de fée. Adorant l'espace et la science fiction, les vaisseaux spatiaux et leurs mécanismes complexes, les monstres de l'espace et les jungles extraterrestres improbables, c'est pourtant la fantaisie qui avait sa préférence. Son king of the world, considéré comme son œuvre la plus intime, est une parodie érotique du Seigneur des Anneaux qui ne dit pas son nom, idem pour son récit autour de Nudine. On sent aussi que sa parodie pornographique d'Alice lui a beaucoup plu, tout comme ses parodies des héroïnes de contes de fée, de Cendrillon à la Belle au Bois dormant.
Il a donc touché vraiment à tout dans sa carrière, dans tous les genres et les styles, quoique surtout du contenu pour adulte, érotique ou non, et on a en voyant ses dessins le sentiment qu'aucun défi ne lui faisait peur, et même que tout lui était facile.
C'est pourtant terrassé par la cadence de travail et la maladie que, devant une perspective de fin de vie sans plus pouvoir dessiner, il décide de mettre fin à sa carrière prolifique en se tirant une balle en pleine tête en 1981.
Oeuvres, Récompenses et Hommages
En 1978 au Festival d’Angoulême, à 50 ans, Wallace Wood y reçoit le prestigieux prix du meilleur auteur étranger, pour l’ensemble d’une carrière bien fournie. Le jury a choisi de distinguer cet auteur reconnu, dont l’influence sur les bandes dessinées d’humour, de fantasy et de SF est incontournable. Personnages, scénarios, dessin sophistiqué, tout chez lui est parfaitement abouti. Soignant particulièrement les reflets, les doubles expositions, les ombres et les textures, il sublime l’encrage à un niveau de maîtrise rarement égalé. Son premier travail dans le milieu de la bande dessiné est d’assister Will Eisner sur le Spirit, en s’occupant notamment du lettrage. Rapidement, il travaille pour la mythique maison d’édition E.C et devient un contributeur régulier du magazine MAD. Véritable précurseur, il publie un des premiers magazines de comics underground, Witzend (1966) et un des premiers romans graphiques d’heroic fantasy, The Wizard King (qui est aussi un de ses derniers projets personnels). Il est également un des pionniers de la bande dessinée érotique. Il passe du drame à la science-fiction et de l’humour aux super-héros avec une dextérité inouïe. En parallèle, il explore d’autres médias, de l’illustration de romans aux petites cartes à collectionner pour la marque de chewing gums Topps – ses dessins préliminaires pour les cartes Mars Attacks (1962) trouveront une seconde vie en 1996 avec le film de Tim Burton.
Œuvres publiées en français
Revues
Divers récits courts dans L'Écho des savanes, 1975-1986.
Divers récits courts dans Vampirella français n° 3, 4 et 6 (Publicness)
Sally Forth, dans L'Écho des Savanes, 1975-1977.
Cons de fées, dans L'Écho des Savanes, 1975-1977.
Cannon, dans L'Écho des Savanes, 1978-1979.
Comic books (liste incomplète)
Sally Forth, Éditions du Fromage, coll. « L'Écho des savanes » :
Sally Forth, 1976.
Sally Forth 2, 1978.
Cons de fées, Éditions du Fromage, 1977.
Le Roi du monde, Éditions du Triton, 1978.
Cannon, Éditions du Fromage, 1979.
Wallace Wood (trad. de l'anglais), Cannon, Channay-sur-Lathan, Komics initiative, 28 février 2020, 320 p. (ISBN 978-2-491374-03-7)
Conquêtes païennes, Éditions du Triton, 1980.
Sorcelleries, Neptune, 1982.
Tales from the crypt vol. 9 : Plus dure sera la chute, Albin Michel, 2000.
Sally Forth, Éditions Hors Collection :
J'aurais mieux fait de me taire !, 2000.
Je ne suis pas celle que vous croyez !, 2001.
Récompenses obtenues
1957 : Prix du comic book de la National Cartoonists Society (NCS)
1959 : Prix du comic book de la NCS
1965 : Prix du comic book de la NCS
1965 : Prix Alley du meilleur dessinateur ; du meilleur comic géant pour T.H.U.N.D.E.R. Agents n°1 (avec divers auteurs) ; du meilleur nouveau strip ou comic book pour T.H.U.N.D.E.R. Agents (avec Len Brown)
1967 : Prix Alley du meilleur encrage
1977 : Prix du dessinateur étranger au festival d'Angoulême12
1980 : Prix Inkpot
1989 : Temple de la renommée Jack Kirby (à titre posthume)
1992 : Temple de la renommée Will Eisner (à titre posthume)
2011 : Temple de la renommée Joe Sinnott (à titre posthume), pour son œuvre d'encreur
Expositions
2020 : Les Mondes de Wallace Wood au Musée d'Angoulême pour le Festival d'Angoulême 2020
Liens divers :
Lien vers le topic du temple publiant certaines de ses illustrations érotiques : L'univers fantasmatique de Wallace Wood
Lien vers un site de fan extrêmement fourni en contenu (attention, ce blog en anglais publie des BD complètes format JPG et n'est pas censuré) : https://jplevraud.com/wallace-wood/
Lien vers le wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wally_Wood
En anglais :
Ce topic va pouvoir présenter certains des travaux de cet auteur majeur, du moins ceux qui sont tout public, puisque des exemples de son travail plus osé sera plutôt publié dans le topic du temple
Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Juste pour dire que j'ai édité le post précédent pour ajouter un petit peu de contenu et de contexte afin de mieux présenter Wallace Wood et de préciser qu'il travaillait souvent en studio, avec des collaborateurs, et qu'il ne signait donc pas tous ses scénarios non plus, répondant souvent à des commandes spécifiques. J'ai également publié deux pages du livre de Guillaume Laborie sur lequel je me base en partie - j'ai aussi acheté récemment sa parodie d'Alice, et ses livres Sally Forth, ainsi que l'itération française Cons de fées et sa version anglaise plus complète "Cons de fée - the erotic art of Wallace Wood" - et j'attends la livraison du comic strip Cannon et je vais certainement aussi me procurer sa monographie de luxe (si je la trouve) Wallace Wood woodwork.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Les présentations de l'auteur étant faite, nous pouvons commencer à présenter certains de ses travaux :
https://jplevraud.com/the-martians-from ... ally-wood/
Cette histoire, "The Martians", parue dans Weird Science n°15 en Septembre-Octobre 1952, est un exemple des premiers travaux de SF de Woody.
On y découvre son trait caractéristique, et déjà une de ses femmes fatales, ici non dénudée. L'histoire elle-même est savoureuse, et typiquement le genre d'histoire de SF qui inverse les convictions. Evidemment, de nos jours, c'est nettement plus classique ... mais à l'époque cela devait être assez novateur et formateur, invitant à la relativité.
https://jplevraud.com/the-martians-from ... ally-wood/
Cette histoire, "The Martians", parue dans Weird Science n°15 en Septembre-Octobre 1952, est un exemple des premiers travaux de SF de Woody.
On y découvre son trait caractéristique, et déjà une de ses femmes fatales, ici non dénudée. L'histoire elle-même est savoureuse, et typiquement le genre d'histoire de SF qui inverse les convictions. Evidemment, de nos jours, c'est nettement plus classique ... mais à l'époque cela devait être assez novateur et formateur, invitant à la relativité.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
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Náin
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Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Tu as lu quelle œuvre de Wood avant de lire ce livre et de créer ce topic ?
Sinon je trouve la syntaxe de ce paragrahpe assez compliquée à aborder :
et une faute ici :
En tout cas intéressant comme topic.
Sinon je trouve la syntaxe de ce paragrahpe assez compliquée à aborder :
Élève doué et encreur surdoué, quoique autodidacte en BD, il va faire ses armes auprès des assistants de pas moins que Will Eissner, "Mister SPIRIT en personne", lettrant pour ses assistants en absence de Will Eissner alors engagé dans l'armée, la plupart des épisodes du fameux détective privé vengeur ayant inspiré - avec d'autres sources tel Sherlock Holmes ou Zorro - plus tard Bob Kane lorsqu'il donna naissance à Batman.
et une faute ici :
déclin de sa santé, malgré la reconnaissance de ses pairs10,
En tout cas intéressant comme topic.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Merci et pour te répondre j ai lu à la fois peu et beaucoup de lui. En fait, j ai depuis que je suis ado lu énormément de bd ayant des filles illustrées ainsi, erotiques ou non, dans les Contes de la crypte, l Echo des Savanes, Charlie Hebdo, Metal Hurlant, et autres Hara Kiri ... aussi sûrement dans plusieurs Marvel - son Daredevil et son Fatalis sont iconiques - etc seulement je n avais pas vraiment fait attention au fait qu ils avaient en point commun d être tous de Wood. C était pour moi un nom de dessinateur comme tant d autres ...
Et c est en en prenant conscience grâce à plusieurs posts dans un groupe Facebook de partage de BD et de comics et notamment des liens vers le blog dont je vous ai mis l adresse que j ai compris que j appréciais en fait les œuvres d un véritable génie de la BD ayant inspiré la plupart des auteurs d aujourd'hui...
Ça m à donné envie de me renseigner d avantage et de relier tout ça entre eux ... j ai donc acheté récemment chez Amazon le livre "si c était à refaire", ainsi que les éditions françaises et anglaises de cons de fées et les aventures en français de Sally Forth.
J ai également commencé à lire les BD présentés dans le blog (l auteur y présente en très bonne qualité des centaines de ses bds completes évidemment en anglais mais c est a voir si la langue ne vous rebute pas) que j ai partagé notamment sa trilogie King of the World dont le premier tome est paru dans des Wood Gazettes une autre de ses revues qu on peut lire dans le blog.
J ai également vu hier les vidéos YouTube que je vous ai présenté et je conseille d ailleurs vivement si ça vous intéresse celle de 1h15 en anglais qui feuillette l ouvrage Woodbox mais plutôt compréhensible d autant que je ne suis pas très doué en anglais oral.
Et j ai lu le premier tome de Sally forth aujourd'hui.
J attends bientôt un livre intégral des Cannon aussi.
Évidemment il me reste encore beaucoup à lire et à découvrir ou re-découvrir tant c est riche et diversifié. Là je serais bien intéressé par acheter le livre feuilleté dans la vidéo ainsi que le volume 1 de The Life And Legend Of Wallace Wood mais ils sont introuvables ou hors de prix ... Je viens par contre de commander le volume 2 qui est à 40 euros ... Le volume 1 est vendu 504 euros sur Amazon
Enfin j ai lu d une traite le livre biographie qui a surtout trait à sa carrière- on a quelques infos sur lui et sa vie privée mais c est secondaire face aux pages décrivant son style son travail ses succes et ses histoires - et j ai eu envie de créer ses topics sur lui afin de partager de manière résumé ce que j avais lu ...
Et c est en en prenant conscience grâce à plusieurs posts dans un groupe Facebook de partage de BD et de comics et notamment des liens vers le blog dont je vous ai mis l adresse que j ai compris que j appréciais en fait les œuvres d un véritable génie de la BD ayant inspiré la plupart des auteurs d aujourd'hui...
Ça m à donné envie de me renseigner d avantage et de relier tout ça entre eux ... j ai donc acheté récemment chez Amazon le livre "si c était à refaire", ainsi que les éditions françaises et anglaises de cons de fées et les aventures en français de Sally Forth.
J ai également commencé à lire les BD présentés dans le blog (l auteur y présente en très bonne qualité des centaines de ses bds completes évidemment en anglais mais c est a voir si la langue ne vous rebute pas) que j ai partagé notamment sa trilogie King of the World dont le premier tome est paru dans des Wood Gazettes une autre de ses revues qu on peut lire dans le blog.
J ai également vu hier les vidéos YouTube que je vous ai présenté et je conseille d ailleurs vivement si ça vous intéresse celle de 1h15 en anglais qui feuillette l ouvrage Woodbox mais plutôt compréhensible d autant que je ne suis pas très doué en anglais oral.
Et j ai lu le premier tome de Sally forth aujourd'hui.
J attends bientôt un livre intégral des Cannon aussi.
Évidemment il me reste encore beaucoup à lire et à découvrir ou re-découvrir tant c est riche et diversifié. Là je serais bien intéressé par acheter le livre feuilleté dans la vidéo ainsi que le volume 1 de The Life And Legend Of Wallace Wood mais ils sont introuvables ou hors de prix ... Je viens par contre de commander le volume 2 qui est à 40 euros ... Le volume 1 est vendu 504 euros sur Amazon
Enfin j ai lu d une traite le livre biographie qui a surtout trait à sa carrière- on a quelques infos sur lui et sa vie privée mais c est secondaire face aux pages décrivant son style son travail ses succes et ses histoires - et j ai eu envie de créer ses topics sur lui afin de partager de manière résumé ce que j avais lu ...
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Chic ! Je viens de trouver et de commander sur un site anglais les deux volumes de "Life and Legend de Wallace Wood" pour bien moins cher - 75 euros les deux avec les frais de port ! Et j'ai trouvé Woodwork sur Amazon aussi
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
J'aimerais revenir un petit peu plus en détail sur les choix de carrière de Wallace Wood. Je pense en effet que c'est fondamental en ce qui le concerne, même si je vais me permettre une petite interprétation personnelle, à la lumière de ce que j'ai lu et compris sur lui.
D'abord, comme on l'a vu, c'est un passionné de bandes dessinés depuis son plus jeune âge. C'est donc tout naturellement qu'il choisira d'en faire son métier.
Il faut savoir que peu après le divorce de ses parents, Alma, sa mère, qui avait déceler et développer chez son fils ce talent , a tout plaqué pour suivre son fils dans la grande pomme ! Il partagea longuement avec sa mère un studio situé dans l'immeuble même où il créa, avec ses collègues, complices et amis, le Studio Art.
C'est pas du tout anecdotique car cela montre bien que sa carrière était une question de vie ou de mort pour lui, et qu'il ne vivait et ne faisait vivre sa mère que grâce à ses salaires.
Sachant cela, on comprend mieux trois choses très importantes, se complétant, chez lui et pour lui : d'abord, il avait sans cesse envie et besoin d'être mieux payé à la page, qu'il s'agisse de dessin complet ou de "simple" encrage ou lettrage - deux disciplines qu'il maitrisait à l'égal des meilleurs de ces disciplines - ensuite il lui fallait être sûr de gagner assez, car les salaires à la page étaient à cette époque le plus souvent très médiocres, bien que très disparates selon les éditeurs (de 3 dollars la planche à 40 au mieux sachant qu'une planche signifiait en général une semaine complète de boulot pour une cadence de 12 à 20h par jour ... ); pour ce faire, outre beaucoup de militantisme en faveur des auteurs de BD, il a très rapidement choisi de travailler pour plusieurs éditeurs, sachant que chaque éditeur pouvait lui confier à travers son studio des travaux sur plusieurs magazines ...Par exemple, à sa grande époque EC, il travaillait déjà en parallèle pour Cohen ceux qui eurent bientôt sa préférence car ils avaient pleinement compris son talent et le payait en conséquence, non sans exigence.
Enfin, il découle de ses choix qu'il avait le plus souvent les yeux bien plus gros que le ventre, ce qui avait deux conséquences importantes : d'abord, comme les éditeurs jugeaient en général uniquement sur les premières pages de ce qu'il rendait comme travail, il avait tendance à se plaisait-il à dire à bâcler les dernières pages de ses histoires y passant moins de temps - ce qui ne se voyait pas particulièrement hormis pour des yeux professionnels car il était toujours perfectionniste et son talent le mettait en général suffisamment au-dessus du lot pour plaire, fédérer et perdurer - Ensuite, pour tenir, il a toujours du consommer des tonnes de caféine afin de pouvoir rester éveillé pour travailler, 7 jours sur 7. C'est ce qui explique les gros problèmes de santé qu'il éprouvera très tôt dans sa carrière jusqu'à sa funeste crise cardiaque de 1976, qui diminua grandement son potentiel de travail, peu après son retour de France.
Surtout, je pense qu'il faut en comprendre plusieurs choses. D'abord, il a énormément travaillé de manière "alimentaire", et il serait je pense faux de penser qu'il a adoré faire tout ce qu'il a fait. On sait par exemple que sa période dans Gang Bang 1 à 3 lui permettait de vivre et de payer ses soins alors très onéreux et qu'il a accepté d'y travailler car, pour diverses raisons sociales - y compris les temps et les goûts qui changent - il n'était pas sollicité autant qu'il l'aurait voulu pour les projets qu'il avait envie de faire comme par exemple l'édition de son œuvre la plus chère, la fameuse trilogie du Roi du Monde. Ensuite, en tant qu'auteur plébiscité il avait une énorme communauté de fans de plusieurs de ses héroïnes iconiques, telle Sally Forth, et qu'il savait que créer massivement autour de ses personnages populaires était pour lui le meilleur moyen de gagner de l'argent. C'est certainement ce qui explique le grand virage qu'il pris en toute fin de carrière - l'orientation vers le monde de l'érotisme et du porno. Et le choix d'être toujours plus scandaleux car ça plaisait et faisait vendre, même si, effet retors, cela le mettait de plus en plus de côté vis-à-vis de l'industrie plus classique.
Vers la fin de sa carrière, après la mort de sa mère en 1972, et lui-même très affaibli, désabusé, amère, il est vite séparé de ses anciens collègues, lassé de son mauvais caractère, de ses absences (il passe beaucoup de temps en France, célébré à Angoulême, et édité dans l'Echo des savanes par Cavanna lui commandant entre autres une parodie d'Alice au pays des merveilles) des divers scandales qui avait frappé le studio et leur patron (Disney, Superman violant une statue en marbre, Prince Violent abîmant l’œuvre de Foster, fâcheries avec Marvel du fait du salaire et auprès de Stan Lee du fait d'un manque de reconnaissance...), et de la pression d'être mal payé, il avait beaucoup de turn over côté assistants dans son studio, et il ne gagnait sa vie quasiment que grâce aux commandes militaires (Sally Forth, Cannon, ...), érotiques (cons de fée) et pornographiques (gang bang, Screw...), bien que, sollicité par les éditeurs français, il travaillait aussi un peu quand il avait le temps sur le dernier chapitre de sa trilogie Odkin, pour lequel il nourrissait une grande ambition, bientôt douché par le succès populaire en france de Ralph Bakshi (Wizards, qui plagiait son œuvre en partie, et surtout le Seigneur des Anneaux). Il manqua aussi une collaboration d'envergure avec la revue Heavy Mental, car son patron hésitait à embaucher l'auteur du port folio Wally Wood's Werd Sex Fantasy tout juste sorti et détournant en une douzaine d'illustration les grandes réussites de la SF - on y voit Vador godant Leia notamment. S'estampiller Wood était donc plutôt risqué dans ce contexte de starwarsmania.
Mais je pense qu'au fond de lui Wallace Wood était un auteur en perpétuel recherche de reconnaissance, et il aurait adoré signer une œuvre majeure qui soit reconnue de tous, notamment en heroic fantasy. Quelque part, son king of the world est un petit peu l'exemple de ce qu'il aurait pu continuer à faire dans ce domaine. Hélas, seul le premier volume est entièrement de lui. Le second est de moins bonne facture, et le troisième plutôt catastrophique car trop affaibli il travailla très peu dessus, devant laisser ses assistants de l'époque, tous des débutants sans talents, se charger du gros du travail.
D'abord, comme on l'a vu, c'est un passionné de bandes dessinés depuis son plus jeune âge. C'est donc tout naturellement qu'il choisira d'en faire son métier.
Il faut savoir que peu après le divorce de ses parents, Alma, sa mère, qui avait déceler et développer chez son fils ce talent , a tout plaqué pour suivre son fils dans la grande pomme ! Il partagea longuement avec sa mère un studio situé dans l'immeuble même où il créa, avec ses collègues, complices et amis, le Studio Art.
C'est pas du tout anecdotique car cela montre bien que sa carrière était une question de vie ou de mort pour lui, et qu'il ne vivait et ne faisait vivre sa mère que grâce à ses salaires.
Sachant cela, on comprend mieux trois choses très importantes, se complétant, chez lui et pour lui : d'abord, il avait sans cesse envie et besoin d'être mieux payé à la page, qu'il s'agisse de dessin complet ou de "simple" encrage ou lettrage - deux disciplines qu'il maitrisait à l'égal des meilleurs de ces disciplines - ensuite il lui fallait être sûr de gagner assez, car les salaires à la page étaient à cette époque le plus souvent très médiocres, bien que très disparates selon les éditeurs (de 3 dollars la planche à 40 au mieux sachant qu'une planche signifiait en général une semaine complète de boulot pour une cadence de 12 à 20h par jour ... ); pour ce faire, outre beaucoup de militantisme en faveur des auteurs de BD, il a très rapidement choisi de travailler pour plusieurs éditeurs, sachant que chaque éditeur pouvait lui confier à travers son studio des travaux sur plusieurs magazines ...Par exemple, à sa grande époque EC, il travaillait déjà en parallèle pour Cohen ceux qui eurent bientôt sa préférence car ils avaient pleinement compris son talent et le payait en conséquence, non sans exigence.
Enfin, il découle de ses choix qu'il avait le plus souvent les yeux bien plus gros que le ventre, ce qui avait deux conséquences importantes : d'abord, comme les éditeurs jugeaient en général uniquement sur les premières pages de ce qu'il rendait comme travail, il avait tendance à se plaisait-il à dire à bâcler les dernières pages de ses histoires y passant moins de temps - ce qui ne se voyait pas particulièrement hormis pour des yeux professionnels car il était toujours perfectionniste et son talent le mettait en général suffisamment au-dessus du lot pour plaire, fédérer et perdurer - Ensuite, pour tenir, il a toujours du consommer des tonnes de caféine afin de pouvoir rester éveillé pour travailler, 7 jours sur 7. C'est ce qui explique les gros problèmes de santé qu'il éprouvera très tôt dans sa carrière jusqu'à sa funeste crise cardiaque de 1976, qui diminua grandement son potentiel de travail, peu après son retour de France.
Surtout, je pense qu'il faut en comprendre plusieurs choses. D'abord, il a énormément travaillé de manière "alimentaire", et il serait je pense faux de penser qu'il a adoré faire tout ce qu'il a fait. On sait par exemple que sa période dans Gang Bang 1 à 3 lui permettait de vivre et de payer ses soins alors très onéreux et qu'il a accepté d'y travailler car, pour diverses raisons sociales - y compris les temps et les goûts qui changent - il n'était pas sollicité autant qu'il l'aurait voulu pour les projets qu'il avait envie de faire comme par exemple l'édition de son œuvre la plus chère, la fameuse trilogie du Roi du Monde. Ensuite, en tant qu'auteur plébiscité il avait une énorme communauté de fans de plusieurs de ses héroïnes iconiques, telle Sally Forth, et qu'il savait que créer massivement autour de ses personnages populaires était pour lui le meilleur moyen de gagner de l'argent. C'est certainement ce qui explique le grand virage qu'il pris en toute fin de carrière - l'orientation vers le monde de l'érotisme et du porno. Et le choix d'être toujours plus scandaleux car ça plaisait et faisait vendre, même si, effet retors, cela le mettait de plus en plus de côté vis-à-vis de l'industrie plus classique.
Vers la fin de sa carrière, après la mort de sa mère en 1972, et lui-même très affaibli, désabusé, amère, il est vite séparé de ses anciens collègues, lassé de son mauvais caractère, de ses absences (il passe beaucoup de temps en France, célébré à Angoulême, et édité dans l'Echo des savanes par Cavanna lui commandant entre autres une parodie d'Alice au pays des merveilles) des divers scandales qui avait frappé le studio et leur patron (Disney, Superman violant une statue en marbre, Prince Violent abîmant l’œuvre de Foster, fâcheries avec Marvel du fait du salaire et auprès de Stan Lee du fait d'un manque de reconnaissance...), et de la pression d'être mal payé, il avait beaucoup de turn over côté assistants dans son studio, et il ne gagnait sa vie quasiment que grâce aux commandes militaires (Sally Forth, Cannon, ...), érotiques (cons de fée) et pornographiques (gang bang, Screw...), bien que, sollicité par les éditeurs français, il travaillait aussi un peu quand il avait le temps sur le dernier chapitre de sa trilogie Odkin, pour lequel il nourrissait une grande ambition, bientôt douché par le succès populaire en france de Ralph Bakshi (Wizards, qui plagiait son œuvre en partie, et surtout le Seigneur des Anneaux). Il manqua aussi une collaboration d'envergure avec la revue Heavy Mental, car son patron hésitait à embaucher l'auteur du port folio Wally Wood's Werd Sex Fantasy tout juste sorti et détournant en une douzaine d'illustration les grandes réussites de la SF - on y voit Vador godant Leia notamment. S'estampiller Wood était donc plutôt risqué dans ce contexte de starwarsmania.
Mais je pense qu'au fond de lui Wallace Wood était un auteur en perpétuel recherche de reconnaissance, et il aurait adoré signer une œuvre majeure qui soit reconnue de tous, notamment en heroic fantasy. Quelque part, son king of the world est un petit peu l'exemple de ce qu'il aurait pu continuer à faire dans ce domaine. Hélas, seul le premier volume est entièrement de lui. Le second est de moins bonne facture, et le troisième plutôt catastrophique car trop affaibli il travailla très peu dessus, devant laisser ses assistants de l'époque, tous des débutants sans talents, se charger du gros du travail.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Récit de l''enfance de Woody et de ses premières sources d'inspiration, d'après "Wallace Wally Wood, Si c'était à refaire...", de Guillaume Laborie aux éditions PLG, et enrichi de divers recherches personnelles
Wallace Wood est né le 17 juin 1927. Son père, Max Wood et sa mère Alma, née Lalli, sont tous deux d'une deuxième génération d'immigrés finlandais débarqués aux États-Unis dans les années 1880. Chaque famille avait reçu une parcelle dans le cadre du Homestead Act et découvrait la gestion de la terre après une longue tradition de pêche dans les mers du Nord. Max et Alma sont des personnes dures, confrontées à une précarité de tous les instants. Leurs caractères fiers et ombrageux ne leur permettent guère de tisser des relations durables et les incitent à déménager souvent.
Le Homestead Act est une loi des États-Unis d’Amérique, signée par le président Abraham Lincoln le 20 mai 1862. Elle permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée, et ce dans la limite de 160 acres.
Wallace est le deuxième enfant du couple, après Glenn né en 1925. Autant Glenn devient le préféré du père et participe aux activités de chasse et de bagarre, autant Wallace est le protégé de sa mère. Celle-ci est partie très jeune de chez elle pour échapper au carcan familial et pour découvrir le monde des arts et de la culture. Elle a officié pendant une dizaine d'années comme institutrice avant de rencontrer Max qui la charme par son attitude d'homme entreprenant et audacieux. Mais les illusions et la crise de 1929 ébranlent le couple qui se déchire bien vite. Max, malgré toute sa volonté et sa dureté n'est pas doué pour les affaires. Alma devient de plus en plus amère devant les multiples aventures sans lendemains qui s'enchainent. La famille bouge beaucoup, Max touche à tous les métiers. Dans l'Amérique des années 30, les Wood font partie de cette population encore très rurale, à l'écart des bouleversements qui transformeront ce pays en première puissance mondiale après que la seconde guerre mondiale ait provoqué l"effondrement du reste du monde. Wally découvre ainsi à douze ans seulement l'électricité et l'eau courante à l'occasion d'un emménagement en ville. Auparavant, le quotidien de la famille était la coupe du bois et les seaux d'eau tiré du puits.
Glenn se révèle intelligent et fasciné par la mécanique et le bricolage, dons intéressants dans ces périodes de débrouille qui le rapproche encore plus de son père. Alma développe en revanche les talents qu'elle pressent chez Wally. Celui-ci adore dessiner et lire. Il dévore les classiques qu'il trouve chez une famille ou l'autre - la famille est souvent hébergé chez des oncles, des tantes de ci de là au gré des péripéties - mais aussi les magazines et les journaux. Récits de terreur d'Edgar Poe, contes tels Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll ou légendes et mythes arthuriens ....constituent des lectures privilégiées. Des membres de sa famille le pousse aussi vers Jack London (Croc-Blanc) et Mark Twain (Tom Sawyer) tandis qu'il découvre dans un grenier un exemplaire de Thuvia, Maid of Mars d'Edgar Rice Burroughs. Il s'agit du quatrième volume du cycle de Barsoom entamé par le créateur de Tarzan, avec A Princess of Mars, en feuilleton de juillet à septembre 1911 dans All-Story Weekly puis repris en volume en 1917. Les trois premiers volumes présentaient les aventures du terrien John Carter qui se retrouve sur la planète Mars dont il devient le héros, sauvant la belle Dejah Toris. Thuvia ... qui met en scène leur fils a été complété par A.C. McClurg pour la publication en volume d'après le feuilleton en trois parties signé par E.R. Burroughs dans All-Story Weekly des 8, 15, et 22 avril 1916. La première édition date de 1920 et propose une dizaine d'illustrations du grand Allen St John.
Wood considère cette lecture comme fondatrice de son art. Elle explique en effet toute sa fascination pour la science-fiction ainsi que l'envie de dessiner et de porter sur le papier les visions fantastiques que cet ouvrage lui a fait entrevoir. Il n'est pas le premier artiste de cette génération à reconnaître l'influence même indirecte de Burroughs dans sa future vocation. Un oncle, Wallace Lalli, qui s'est initié au dessin et à la peinture, lui donne quelques cours et très vite, Wally trouve le moyen de se distinguer.
Exemple de texte d'Edgar Allan Poe qu'a pu lire le jeune Wally
Alice au pays des merveilles
La Morte d'Arthur
Croc-Blanc
Tom Sawyer
Thuvia, vierge de Mars, illustré par Allen St John
Exemples d'illustrations d'Allen St John parue dans cette édition :
Dans les écoles que fréquentent les enfants Wood au fil des pérégrinations de la famille, Wally devient vite l'artiste de référence. Il réalise de petites bandes dessinées et caricatures qui toujours font son succès. Au fil des ans, Wally devient de plus en plus fasciné par le dessin et passe maintenant de longues heures à travailler son trait. Il a découvert vers 1937 les comics strips au travers des suppléments de journaux et en particulier les nouveaux héros d'aventure tel Flash Gordon. Buck Rogers fait rêver les lecteurs depuis 1929 mais 1934 marque véritablement le début de la grande vague du strip d'aventure : cette année-là, Alex Raymond lance Flash Gordon et Jungle Jim, Milton Caniff Terry and the Pirates, Lee Falk et Phil Davis Mandrake. En 1936 apparait The Phantom. En 1937, Hal Foster débute Prince Valiant (auquel il consacrera tout le reste de sa vie et précisément 1788 planches au 16 mai 1971, chaque case de celles-ci étant une vraie œuvre d'art ), après avoir abandonné Tarzan au profit de Burne Hogarth... Les grands maîtres du strip sont alors en pleine possession de leurs moyens et donnent chaque semaine, page après page, des chefs d’œuvre qu'étudie avec ravissement le jeune Wally. Il puise dans les strips à la fois des effets graphiques et des ambiances d'histoire qui ne le quitteront jamais. L'utilisation toute particulière que fait Roy Crane du papier Craftint DuoShade dans Buzz Sawyer est ainsi déjà parfaitement intégrée dans les essais datant de 1945-1947. Les scénarios développés par Milton Caniff dans Terry and the Pirates (publié de 1936 à 1944) ou Noel Sickles dans Scorchy Smith le passionnent et il reviendra tout le long de sa carrière sur des aventures dans des pays agités de révolution et de guerre civile. L"ambiance de la guerre sino-japonaise développée par Caniff dans Terry and the Pirates reviendra dans le strip Cannon par exemple. Certaines scènes de bombardement aériens se retrouvent dans les combats des T.H.U.N.D.E.R. Agents. La mort du personnage de Raven en octobre 1941 a impressionné sans aucun doute le jeune Wood comme les milliers lecteurs du strip, peut-être même est-ce une des sources de l'incroyable première pour le genre super-héroïque que constitue la mise à mort de l'agent Janus dans le mythique T.H.U.N.D.E.R. Agents 7...
Flash Gordon et Jungle Jim par Alex Raymond
un exemple de strip de Flash Gordon (aka Guy Leclair chez nous)
Buck Rogers en 1929 par Philip Francis Nowlan
Terry and the Pirates de Milton Caniff
Mandrake The Magician par Lee Falk et Phil Davis
The Phantom par Lee Falk
Prince Vaillant par Harold Foster, la toute première planche
Buzz Sawyer par Roy Crane
Scorchy Smith (Bob l'aviateur chez nous, ici un dessin de Noel Sickles)
La mort de Raven (dans Terry and the Pirates), par Milton Caniff
Wally dévore littéralement les strips mais aussi les tout premiers comic books. Avec une certaine intuition, il comprend que contrairement aux comics strips signés par des maitres du neuvième art, les comic books sont alors réalisés par des gens plutôt inexpérimentés, voire incapables ! Il s'amuse de la maladresse de certains auteurs et adore précisément les anatomies déficientes et les situations baroques : il a l'intuition qu'il peut sans problème prendre place auprès des auteurs de ces comics ! Sa propre production acquiert vite de nouvelles références et s'ouvre vers d'autres perspectives. Ses inspirations principales sont Bill Everett ou Basil Wolverton dont il pressent, avec justesse, qu'ils écrivent leurs propres scénarios en toute liberté, avec une fantaisie à peine sortie de l'enfance ! Il créé ses propres personnages comme Jimmy Jugg ou Animan, mi-homme mi-bête. Il imagine un narrateur pour des récits d'horreur nommé The Dweller in the Cellar ("l'habitant du cellier"). Il jette aussi les bases d'un univers féérique pour une saga épique dont le titre serait King of the World.
Bill Everett, de dix ans l'ainé de Woody, à sa table de travail
Exemple du travail de Bill Everett en 1940 - ici, sur Namor pour Marvel Mystery Comics (éditions Atlas de Martin Goodman alors, environ deux ans avant l'arrivée en fanfare de Stan Lee)
Basil Wolverton vers 1930
SpaceHawk par Basil Wolverton
Animan, un des premiers personnages créé par Wallace Wood - aurait-il inspiré Wolverine ?
Animan, by Wallace Wood (ici tel que publié plus tard en 1966, évidemment)
Extrait de King of The World, illustration datant de bien plus tard également, avec ici présentation de la vie idyllique des Piples, peuple de petite taille auquel appartient le héros.
Un dessin de jeunesse montre que le petit Wally recopie alors très fidèlement Jack Cole ou Reed Crandall : il reprend une scène de couverture de Silver Streak Comics 6 (sept. 1940) et y ajoute un avion de la série Black-Hawk publiée à l'époque dans Military Comics. De façon plus dérangeante, il intègre aussi parfaitement l'ambiance délirante des premiers comic books et notamment leur fascination pour le bondage et quelques visions sadomasochistes (notamment le travail d'un Alex Schomburg) dans des compositions elles aussi surprenantes. La fixation sur des personnages assis sur des trônes ou ravagés par la boisson est aussi particulièrement frappante. Elle révèle un imaginaire déchiré entre les rêves de grandeur et de déchéance, où la violence est omniprésente, la noirceur aussi avec un traitement déjà très impressionniste. Découvrant ces travaux presque soixante ans plus tard, Flo Steinberg, qui travaillera avec Wood chez Marvel puis pour son propre essai de revue Big Apple Comix, ne peut que résumer ce que pense tout amateur :"My god, it's all there ... it is so revealing and so poignant."
couverture de Silver Streak Comics n°6
Military comics avec des black hawks (cela dit celui-là étant de 19941, ce n'est peut-être pas le dessin l'ayant inspiré pour son détournement de l’œuvre précédente...et pour info Blackhawk est un nom de héros de comic pilote, peut-être en cours d'adaptation par Spielberg d'ailleurs ... (?))
Exemples de couvertures "sm" de Alex Schomburg
Alors que les années passent, le manque de chaleur entre père et fils se transforme en une véritable guerre larvée. Wally fuit, autant que faire se peut, son père de plus en plus violent. Les crises avec Alma se multiplient et la famille se sépare puis se retrouve à de multiples reprises. L'installation de la famille à Wisconsin début 1941 apporte un semblant de calme à toute la famille. Max devenu bûcheron disparait du foyer pour de longues périodes. Glenn gagne aussi un peu d 'argent pour Alma en passant aussi ses vacances à travailler dans les scieries. Wally découvre les filles et le supplément dominical The Spirit Section animé par Will Eisner. C'est une révélation : l'osmose que réalise Eisner entre al vitalité des comic books et le classicisme et la rigueur des comic strips fascine Wood.
The Spirit par Will eisner
(à suivre...)
Wallace Wood est né le 17 juin 1927. Son père, Max Wood et sa mère Alma, née Lalli, sont tous deux d'une deuxième génération d'immigrés finlandais débarqués aux États-Unis dans les années 1880. Chaque famille avait reçu une parcelle dans le cadre du Homestead Act et découvrait la gestion de la terre après une longue tradition de pêche dans les mers du Nord. Max et Alma sont des personnes dures, confrontées à une précarité de tous les instants. Leurs caractères fiers et ombrageux ne leur permettent guère de tisser des relations durables et les incitent à déménager souvent.
Le Homestead Act est une loi des États-Unis d’Amérique, signée par le président Abraham Lincoln le 20 mai 1862. Elle permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée, et ce dans la limite de 160 acres.
Wallace est le deuxième enfant du couple, après Glenn né en 1925. Autant Glenn devient le préféré du père et participe aux activités de chasse et de bagarre, autant Wallace est le protégé de sa mère. Celle-ci est partie très jeune de chez elle pour échapper au carcan familial et pour découvrir le monde des arts et de la culture. Elle a officié pendant une dizaine d'années comme institutrice avant de rencontrer Max qui la charme par son attitude d'homme entreprenant et audacieux. Mais les illusions et la crise de 1929 ébranlent le couple qui se déchire bien vite. Max, malgré toute sa volonté et sa dureté n'est pas doué pour les affaires. Alma devient de plus en plus amère devant les multiples aventures sans lendemains qui s'enchainent. La famille bouge beaucoup, Max touche à tous les métiers. Dans l'Amérique des années 30, les Wood font partie de cette population encore très rurale, à l'écart des bouleversements qui transformeront ce pays en première puissance mondiale après que la seconde guerre mondiale ait provoqué l"effondrement du reste du monde. Wally découvre ainsi à douze ans seulement l'électricité et l'eau courante à l'occasion d'un emménagement en ville. Auparavant, le quotidien de la famille était la coupe du bois et les seaux d'eau tiré du puits.
Glenn se révèle intelligent et fasciné par la mécanique et le bricolage, dons intéressants dans ces périodes de débrouille qui le rapproche encore plus de son père. Alma développe en revanche les talents qu'elle pressent chez Wally. Celui-ci adore dessiner et lire. Il dévore les classiques qu'il trouve chez une famille ou l'autre - la famille est souvent hébergé chez des oncles, des tantes de ci de là au gré des péripéties - mais aussi les magazines et les journaux. Récits de terreur d'Edgar Poe, contes tels Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll ou légendes et mythes arthuriens ....constituent des lectures privilégiées. Des membres de sa famille le pousse aussi vers Jack London (Croc-Blanc) et Mark Twain (Tom Sawyer) tandis qu'il découvre dans un grenier un exemplaire de Thuvia, Maid of Mars d'Edgar Rice Burroughs. Il s'agit du quatrième volume du cycle de Barsoom entamé par le créateur de Tarzan, avec A Princess of Mars, en feuilleton de juillet à septembre 1911 dans All-Story Weekly puis repris en volume en 1917. Les trois premiers volumes présentaient les aventures du terrien John Carter qui se retrouve sur la planète Mars dont il devient le héros, sauvant la belle Dejah Toris. Thuvia ... qui met en scène leur fils a été complété par A.C. McClurg pour la publication en volume d'après le feuilleton en trois parties signé par E.R. Burroughs dans All-Story Weekly des 8, 15, et 22 avril 1916. La première édition date de 1920 et propose une dizaine d'illustrations du grand Allen St John.
Wood considère cette lecture comme fondatrice de son art. Elle explique en effet toute sa fascination pour la science-fiction ainsi que l'envie de dessiner et de porter sur le papier les visions fantastiques que cet ouvrage lui a fait entrevoir. Il n'est pas le premier artiste de cette génération à reconnaître l'influence même indirecte de Burroughs dans sa future vocation. Un oncle, Wallace Lalli, qui s'est initié au dessin et à la peinture, lui donne quelques cours et très vite, Wally trouve le moyen de se distinguer.
Exemple de texte d'Edgar Allan Poe qu'a pu lire le jeune Wally
Alice au pays des merveilles
La Morte d'Arthur
Croc-Blanc
Tom Sawyer
Thuvia, vierge de Mars, illustré par Allen St John
Exemples d'illustrations d'Allen St John parue dans cette édition :
Dans les écoles que fréquentent les enfants Wood au fil des pérégrinations de la famille, Wally devient vite l'artiste de référence. Il réalise de petites bandes dessinées et caricatures qui toujours font son succès. Au fil des ans, Wally devient de plus en plus fasciné par le dessin et passe maintenant de longues heures à travailler son trait. Il a découvert vers 1937 les comics strips au travers des suppléments de journaux et en particulier les nouveaux héros d'aventure tel Flash Gordon. Buck Rogers fait rêver les lecteurs depuis 1929 mais 1934 marque véritablement le début de la grande vague du strip d'aventure : cette année-là, Alex Raymond lance Flash Gordon et Jungle Jim, Milton Caniff Terry and the Pirates, Lee Falk et Phil Davis Mandrake. En 1936 apparait The Phantom. En 1937, Hal Foster débute Prince Valiant (auquel il consacrera tout le reste de sa vie et précisément 1788 planches au 16 mai 1971, chaque case de celles-ci étant une vraie œuvre d'art ), après avoir abandonné Tarzan au profit de Burne Hogarth... Les grands maîtres du strip sont alors en pleine possession de leurs moyens et donnent chaque semaine, page après page, des chefs d’œuvre qu'étudie avec ravissement le jeune Wally. Il puise dans les strips à la fois des effets graphiques et des ambiances d'histoire qui ne le quitteront jamais. L'utilisation toute particulière que fait Roy Crane du papier Craftint DuoShade dans Buzz Sawyer est ainsi déjà parfaitement intégrée dans les essais datant de 1945-1947. Les scénarios développés par Milton Caniff dans Terry and the Pirates (publié de 1936 à 1944) ou Noel Sickles dans Scorchy Smith le passionnent et il reviendra tout le long de sa carrière sur des aventures dans des pays agités de révolution et de guerre civile. L"ambiance de la guerre sino-japonaise développée par Caniff dans Terry and the Pirates reviendra dans le strip Cannon par exemple. Certaines scènes de bombardement aériens se retrouvent dans les combats des T.H.U.N.D.E.R. Agents. La mort du personnage de Raven en octobre 1941 a impressionné sans aucun doute le jeune Wood comme les milliers lecteurs du strip, peut-être même est-ce une des sources de l'incroyable première pour le genre super-héroïque que constitue la mise à mort de l'agent Janus dans le mythique T.H.U.N.D.E.R. Agents 7...
Flash Gordon et Jungle Jim par Alex Raymond
un exemple de strip de Flash Gordon (aka Guy Leclair chez nous)
Buck Rogers en 1929 par Philip Francis Nowlan
Terry and the Pirates de Milton Caniff
Mandrake The Magician par Lee Falk et Phil Davis
The Phantom par Lee Falk
Prince Vaillant par Harold Foster, la toute première planche
Buzz Sawyer par Roy Crane
Scorchy Smith (Bob l'aviateur chez nous, ici un dessin de Noel Sickles)
La mort de Raven (dans Terry and the Pirates), par Milton Caniff
Wally dévore littéralement les strips mais aussi les tout premiers comic books. Avec une certaine intuition, il comprend que contrairement aux comics strips signés par des maitres du neuvième art, les comic books sont alors réalisés par des gens plutôt inexpérimentés, voire incapables ! Il s'amuse de la maladresse de certains auteurs et adore précisément les anatomies déficientes et les situations baroques : il a l'intuition qu'il peut sans problème prendre place auprès des auteurs de ces comics ! Sa propre production acquiert vite de nouvelles références et s'ouvre vers d'autres perspectives. Ses inspirations principales sont Bill Everett ou Basil Wolverton dont il pressent, avec justesse, qu'ils écrivent leurs propres scénarios en toute liberté, avec une fantaisie à peine sortie de l'enfance ! Il créé ses propres personnages comme Jimmy Jugg ou Animan, mi-homme mi-bête. Il imagine un narrateur pour des récits d'horreur nommé The Dweller in the Cellar ("l'habitant du cellier"). Il jette aussi les bases d'un univers féérique pour une saga épique dont le titre serait King of the World.
Bill Everett, de dix ans l'ainé de Woody, à sa table de travail
Exemple du travail de Bill Everett en 1940 - ici, sur Namor pour Marvel Mystery Comics (éditions Atlas de Martin Goodman alors, environ deux ans avant l'arrivée en fanfare de Stan Lee)
Basil Wolverton vers 1930
SpaceHawk par Basil Wolverton
Animan, un des premiers personnages créé par Wallace Wood - aurait-il inspiré Wolverine ?
Animan, by Wallace Wood (ici tel que publié plus tard en 1966, évidemment)
Extrait de King of The World, illustration datant de bien plus tard également, avec ici présentation de la vie idyllique des Piples, peuple de petite taille auquel appartient le héros.
Un dessin de jeunesse montre que le petit Wally recopie alors très fidèlement Jack Cole ou Reed Crandall : il reprend une scène de couverture de Silver Streak Comics 6 (sept. 1940) et y ajoute un avion de la série Black-Hawk publiée à l'époque dans Military Comics. De façon plus dérangeante, il intègre aussi parfaitement l'ambiance délirante des premiers comic books et notamment leur fascination pour le bondage et quelques visions sadomasochistes (notamment le travail d'un Alex Schomburg) dans des compositions elles aussi surprenantes. La fixation sur des personnages assis sur des trônes ou ravagés par la boisson est aussi particulièrement frappante. Elle révèle un imaginaire déchiré entre les rêves de grandeur et de déchéance, où la violence est omniprésente, la noirceur aussi avec un traitement déjà très impressionniste. Découvrant ces travaux presque soixante ans plus tard, Flo Steinberg, qui travaillera avec Wood chez Marvel puis pour son propre essai de revue Big Apple Comix, ne peut que résumer ce que pense tout amateur :"My god, it's all there ... it is so revealing and so poignant."
couverture de Silver Streak Comics n°6
Military comics avec des black hawks (cela dit celui-là étant de 19941, ce n'est peut-être pas le dessin l'ayant inspiré pour son détournement de l’œuvre précédente...et pour info Blackhawk est un nom de héros de comic pilote, peut-être en cours d'adaptation par Spielberg d'ailleurs ... (?))
Exemples de couvertures "sm" de Alex Schomburg
Alors que les années passent, le manque de chaleur entre père et fils se transforme en une véritable guerre larvée. Wally fuit, autant que faire se peut, son père de plus en plus violent. Les crises avec Alma se multiplient et la famille se sépare puis se retrouve à de multiples reprises. L'installation de la famille à Wisconsin début 1941 apporte un semblant de calme à toute la famille. Max devenu bûcheron disparait du foyer pour de longues périodes. Glenn gagne aussi un peu d 'argent pour Alma en passant aussi ses vacances à travailler dans les scieries. Wally découvre les filles et le supplément dominical The Spirit Section animé par Will Eisner. C'est une révélation : l'osmose que réalise Eisner entre al vitalité des comic books et le classicisme et la rigueur des comic strips fascine Wood.
The Spirit par Will eisner
(à suivre...)
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
Re: Wally - Wallace Wood - Le pionnier
Récit de l''enfance de Woody et de ses premières sources d'inspiration, d'après "Wallace Wally Wood, Si c'était à refaire...", de Guillaume Laborie aux éditions PLG, et enrichi de divers recherches et ici réflexions personnelles, notamment autour du racisme inhérent à l'époque ici ou encore sur le genre du war comics et ses origines, plus une petite présentation de The Spirit de Will Eisner, si important dans la vie de Wally :
Partie 2 :
En 1940, Will Eisner a en effet vendu ses parts à Jerry Iger dans le studio de production qu'ils ont créés ensemble dès 1936 et qui alimente les principaux éditeurs de comic book du moment. Eisner a été contacté par Everett M. "Busy" Arnold pour créer un supplément entier présentant des histoires complètes avec des héros récurrents qui seraient insérés dans les journaux. Le pari risqué de fusion entre les deux formes de bande dessinée qu'est ce weekly comic book va très vite réussir, non pas à cause du format qui restera peu usité par la suite mais bien parce que la série que lance à cette occasion Will Eisner plaît énormément aux lecteurs.
un exemple de Weekly comic book avec The Spirit
The Spirit est un justicier urbain au grand cœur, un détective privé que l'on croit mort et qui aide la police incognito, seulement masqué d'un loup noir très expressif. Il résout des énigmes policières et d'espionnage dans la ville de Central City mais très vite le côté policier devient plus parodique. Il vire même à la comédie humaine avec des seconds rôles cocasses ou tendres (Ellen Dolan fille du comissaire Dolan, Ebony White ..) et quelques vilains récurrents bien tortueux (Carrion, The Octopus ...). Le casting féminin est anthologique avec l'apparition de créatures de papier rappelant les plus fiéfées garces au grand coeur du film noir (Silk Satin, P'Gell...).
The Spirit
The Spirit sauvant Ellen Dolan
Le sidekick comique Ebony White (on notera la connotation raciste, corrigé dans les dernières itérations)
Carrion
The Octopus
Silk Satin
P'Gell
Quelques exemples du lettrage - discipline où Woody deviendra un maitre incontesté dans cette activité, avec l'ombrage - particulièrement travaillé dans cette série, également réputée pour ce trait là (notez la tâche de sang en bas (à noter aussi qu'il est très possible que certains de ces exemples soient de Wood même si sa carrière de lettreur dans The Spirit n'a pas duré longtemps ... mais j'y reviendrais )
Dans The Spirit, chaque semaine livre aussi son lot d'inventions graphiques sur les premières pages de chaque histoire ou le découpage de chaque planche tandis que le ton change passant du conte moraliste à la tragédie pure ou à l'aventure la plus débridée. Cette fête pour les yeux et l'esprit fascine les lecteurs plus adultes des quotidiens et les apprentis dessinateurs de toute une génération. Wally est un des artistes issus de la première génération des "enfants" de The Spirit, il fait partie des lecteurs qui l'ont découvert en direct dans les quotidiens des années quarante. Cat Yronwode a retrouvé un dessin de Wally datant de 1942 reprenant la première page de l'épisode du Spirit publié dans la Spirit Section du 22 février 1942. De façon particulièrement éclairante, la scène recopiée ne comprend plus le personnage masculin : seul reste le décor superbement travaillé, en particulier l'éclairage du lampadaire et les jeux d'ombre sur le décor.
Spirit Section du 22 févier 1942
A la même époque [rappelons que Wally a 15 ans en 1942] Wally est la coqueluche de ses camarades de classe. Son intérêt pour le dessin, son humour et son sens du comique allié à ses conquêtes en font un des plaisantins vedettes de toutes les classes et établissements qu'il fréquente. Un de ses poèmes publié dans un des almanachs de classe est très intéressant : "This is a ode to a dollar ...." ! Le ton en est très sarcastique et (déjà) plein de désillusions sur le rôle de l'argent dans la société américaine. Le fond socialiste hérité de la famille Lalli et du modèle de coopérative développé par le grand-père Jacob à l'arrivée des pionniers dans le Minnesota est toujours présent mais al crise et la récession ont eu raison des idéaux : c'est bien l'argent qui permet de survivre. Nombre de futures positions de Wally et de projets ressortent d'un idéal de communauté et de fraternité ancrée dans son éducation (Alma, Jacob, Jack London, le grand élan du New Deal ...) mais l'envie, le besoin du "dollar facile" (le "dollar quick" évoqué dans son poème) ont été marqués dans sa chair par la crise et la récession interminable. Une certaine insatisfaction sentimentale et une incapacité à une relation durable semblent aussi inéluctables et programmés tant les relations entre père et mère deviennent de plus en plus chaotiques. Le divorce définitif de ses parents se produit finalement : il est prononcé légalement en 1945 après encore beaucoup de disputes. Wall suit cette fois les péripéties de loin : il s'est engagé dans la marine marchande en novembre 1944 !
Wally a commencé début 44 à travailler pour aider sa mère tandis que Glenn poursuit ses études tout en effectuant son service à Chicago où le trio vit maintenant. Depuis la fin 1941, l'Amérique est en effet entrée en économie de guerre. En attendant son incorporation, Wally trouve un emploi dans une imprimerie, Donnelly Press, qui publie Life Magazine. Il se plait dans l'ambiance des presses et ne compte pas ses heures pour faire plus d'argent d'autant que la pénurie de main-d'oeuvre se fait sentir. Fin 1944, l’échéance d'un appel sous les drapeaux se précise, la guerre n'est pas terminée. Il devance l'administration des armées, et se rend au camp d'entrainement de la marine marchande à Long Island dans l'Etat de New York pour s'engager, à la surprise de son frère et de sa mère. D'après son frère, Wally et lui avaient été fortement impressionnés par un des grands discours de Roosevelt en compagne pour sa réélection fin 1944.
Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) est LE grand homme politique qui va marquer toutes les générations d'Américains des années quarante et cinquante. Pour Wally, Roosevelt est une fusion parfaite de la sensibilité de gauche de sa mère et des idéaux machistes et violents de son père. Issu du parti démocrate, F.D.R. est l'architecte du New Deal qui dans al lignée des idées keynésiennes a remis d'aplomb l'économie américaine avec un savant dosage de socialisme et de pragmatisme financier. Il va être aussi celui qui soutient sans hésitation le combat jusqu'au bout contre l'Allemagne et le Japon, y compris en initiant le projet Manhattan qui produira la bombe atomique. Jusqu'au bout, Wally pensera lui aussi qu'il y a des guerres justes et des combats qu'il faut mener dans le sang. De même, il gardera une fascination pour les armes à feu qui sont la marque ultime du pouvoir pour son père Max, partant chasser dans les bois dès que la famille n'avait plus d'argent pour se nourrir.
Question violence et machisme, les mois passés dans la marine marchande marquent de façon indélébile le jeune homme. Il évoquera souvent une scène de tortures infligées à un groupe de prisonniers japonais à laquelle il assiste un jour et qui constitue la seule approche réelle du conflit mondial qu'il ne connaîtra jamais. En revanche, le danger est omniprésent pendant ces longs mois en mer, comme le désespoir et les désillusions de toute une génération de jeunes américains. Les idéaux politiques de gauche hérités d'Alma se heurtent à ce pessimisme né de ces expériences de vie et d'aventures vécues trop jeune. La boisson qu'il découvre aussi au cours de ces pérégrinations maritimes va rester un terrible penchant : idéal pour supporter les moments d'effrois et de désespoir, l'alcool permet aussi d'oublier la rigueur du travail et les horaires. Wally ne se débarrassera jamais plus de cette mauvaise hygiène de vie qu'il a déjà connue brièvement dans son travail sur les presses de l’imprimerie Donnelly et que les longs mois en mer transforment en mode de vie normal.
Ce genre de scène, dans Cannon ici, a probablement été impacté par la scène traumatisante de torture qu'il a vécu dans sa jeunesse "au front". Canon est extrêmement fourni de scènes de ce genre, même si le traitement graphique reste en terme de violence et de gore ici relativement sobre, quoique érotique et woodien d'un point de vue anatomique. Il en va de même pour les autres strips de Cannon, il n'y a jamais de pornographie ni de gore explicitement illustré, laissant le soin à chaque imagination de se faire son tableau en fonction de ses sensibilités. on retrouvera cela dans de nombreux travaux pour adultes de Wood - mais pas dans tous non plus, j'imagine que tout dépendait aussi du cahier des charges à ce niveau.
Toujours plus tard dans Cannon, on voit ici bien sa fascination pour les armes et la violence - et aussi pour les ombrages évidemment.
Son engagement prend fin à l'automne 1945. Il retrouve son frère et sa mère pour quelques semaines, part visiter son père qui s'est installé avec celle qui deviendra en 1947 sa deuxième femme et sa future belle-mère. Toujours pour anticiper sur la conscription et une affectation probable dans l'infanterie, Wally devance à nouveau l'appel et se présente chez les parachutistes de Fort Benning. Il y fait ses classes puis est envoyé avec la 11ème division aéroportée au Japon pour les deux ans de son service. Entre deux services de rondes comme force de police dans le Japon défait, Wally s'amuse à sauter en parachute, expérience terrifiante d'abord qu'il dompte à coup de gnôle. Il utilise ses permissions pour découvrir le pays et rédige beaucoup de lettres à son frère et sa mère. Il travaille aussi le dessin et réalise des gags pour diverses publications internes au service des armées.
En juin 1947, âgé de 20 ans, il est de retour aux Etats-Unis et retrouve sa mère qui est redevenue institutrice, à Menagha, toujours dans le Minnesota. Glenn lui aussi libéré de ses obligations militaires les rejoint. Le retour à la vie civile prend du temps. Wally doit choisir sa voie tandis que al famille retraverse à nouveau les Etats-Unis. Son frère veut être ingénieur aéronautique, lui passe son temps en soûleries diverses avec les anciens qu'il rencontre, aussi désemparés que lui à leur retour au pays. Il met plusieurs mois avant de décider qu'il peut faire son métier de l'illustration et du dessin. Glenn part comme étudiant rejoindre le prestigieux Massachussets Institute of Technology à l'été 1948. Wally décide de profiter de l'occasion pour se faire déposer à New York où il a décidé de tenter sa chance auprès de ses maîtres Caniff et Eisner. Alma décide de se joindre à eux. Le trio se lance dans un long périple avec une vieille Ford récupérée chez Max et retapée par Glenn, et passe plusieurs semaines à voyager tranquillement, visitant divers parcs d'attraction ou monuments. Ils se rendent notamment sur les lieux de la bataille de Gettysburg, décisive pour la victoire de l'Union lors de la guerre de Sécession, qui impressionne beaucoup Wally.
une version comics du récit de la bataille par Jean Giraud/Moebius dans la jeunesse de Blueberry (rien à voir avec Wood bien sûr)
Arrivé dans la Grande Ville, Wally travaille dans divers restaurants et cafétérias, tout en faisant aussi le tour des éditeurs avec son portfolio déjà bien rempli de projets. Au fil des années, Wally n'a en effet jamais posé le crayon et il a continué à étudier les maitres du strip. Un de ses derniers dessins avant le départ du Minnesota est une scène de ferme qu'il a offerte à son oncle Wallace : la qualité de la composition, le traitement des ombres portées, la précision des tissus sont de qualité professionnelle, bien supérieures à ce qui est présent dans beaucoup de comic books de l'époque... Malgré la qualité de ses essais, les éditeurs ne veulent cependant pas engager un amateur qui n'a pas encore publié. Ils ne veulent fournir de scripts qu'à des dessinateurs dont ils sont sûrs qu'ils livreront un travail fini exploitable. Wally essuie ainsi de multiples refus et passe de longues semaines à mener une double vie éreintante avant de penser jeter l'éponge.
Partie 2 :
En 1940, Will Eisner a en effet vendu ses parts à Jerry Iger dans le studio de production qu'ils ont créés ensemble dès 1936 et qui alimente les principaux éditeurs de comic book du moment. Eisner a été contacté par Everett M. "Busy" Arnold pour créer un supplément entier présentant des histoires complètes avec des héros récurrents qui seraient insérés dans les journaux. Le pari risqué de fusion entre les deux formes de bande dessinée qu'est ce weekly comic book va très vite réussir, non pas à cause du format qui restera peu usité par la suite mais bien parce que la série que lance à cette occasion Will Eisner plaît énormément aux lecteurs.
un exemple de Weekly comic book avec The Spirit
The Spirit est un justicier urbain au grand cœur, un détective privé que l'on croit mort et qui aide la police incognito, seulement masqué d'un loup noir très expressif. Il résout des énigmes policières et d'espionnage dans la ville de Central City mais très vite le côté policier devient plus parodique. Il vire même à la comédie humaine avec des seconds rôles cocasses ou tendres (Ellen Dolan fille du comissaire Dolan, Ebony White ..) et quelques vilains récurrents bien tortueux (Carrion, The Octopus ...). Le casting féminin est anthologique avec l'apparition de créatures de papier rappelant les plus fiéfées garces au grand coeur du film noir (Silk Satin, P'Gell...).
The Spirit
The Spirit sauvant Ellen Dolan
Le sidekick comique Ebony White (on notera la connotation raciste, corrigé dans les dernières itérations)
N.B :
itération plus récente et moins raciste
On voit dans cet exemple précis que parfois la déconstruction est bien normal. Pour autant qu'on oublie pas la représentation première, car elle est miroir de son temps ce qui est intéressant voire crucial.
On pourra aussi lire cet article éclairant à ce sute dans the Atlantic :
https://www.theatlantic.com/entertainme ... gh/281966/
a l'instar d'un Autant en Emporte le vent, le mieux est en fait de ne pas occulter ce que The Atlantic admet être d'un point de vue représentatif un échec dans l'Histoire passée, mais de faire mieux désormais.
Carrion
The Octopus
N.B:
The Octopus était joué par Samuel L. Jackson dans l'adaptation "récente".
Silk Satin
P'Gell
NdA : Bien qu'ayant son identité propre, il est évident que le strip Cannon de Wallace Wood emprunte beaucoup à la structure de The Spirit, notamment d'un point de vue du casting féminin, bien que plus érotique. L'agente secret soviétique Sue Smith et la super agent Madame Toy notamment. J'y reviendrais dans la partie consacrée à Cannon (dans le Temple).
Quelques exemples du lettrage - discipline où Woody deviendra un maitre incontesté dans cette activité, avec l'ombrage - particulièrement travaillé dans cette série, également réputée pour ce trait là (notez la tâche de sang en bas (à noter aussi qu'il est très possible que certains de ces exemples soient de Wood même si sa carrière de lettreur dans The Spirit n'a pas duré longtemps ... mais j'y reviendrais )
Dans The Spirit, chaque semaine livre aussi son lot d'inventions graphiques sur les premières pages de chaque histoire ou le découpage de chaque planche tandis que le ton change passant du conte moraliste à la tragédie pure ou à l'aventure la plus débridée. Cette fête pour les yeux et l'esprit fascine les lecteurs plus adultes des quotidiens et les apprentis dessinateurs de toute une génération. Wally est un des artistes issus de la première génération des "enfants" de The Spirit, il fait partie des lecteurs qui l'ont découvert en direct dans les quotidiens des années quarante. Cat Yronwode a retrouvé un dessin de Wally datant de 1942 reprenant la première page de l'épisode du Spirit publié dans la Spirit Section du 22 février 1942. De façon particulièrement éclairante, la scène recopiée ne comprend plus le personnage masculin : seul reste le décor superbement travaillé, en particulier l'éclairage du lampadaire et les jeux d'ombre sur le décor.
Spirit Section du 22 févier 1942
A la même époque [rappelons que Wally a 15 ans en 1942] Wally est la coqueluche de ses camarades de classe. Son intérêt pour le dessin, son humour et son sens du comique allié à ses conquêtes en font un des plaisantins vedettes de toutes les classes et établissements qu'il fréquente. Un de ses poèmes publié dans un des almanachs de classe est très intéressant : "This is a ode to a dollar ...." ! Le ton en est très sarcastique et (déjà) plein de désillusions sur le rôle de l'argent dans la société américaine. Le fond socialiste hérité de la famille Lalli et du modèle de coopérative développé par le grand-père Jacob à l'arrivée des pionniers dans le Minnesota est toujours présent mais al crise et la récession ont eu raison des idéaux : c'est bien l'argent qui permet de survivre. Nombre de futures positions de Wally et de projets ressortent d'un idéal de communauté et de fraternité ancrée dans son éducation (Alma, Jacob, Jack London, le grand élan du New Deal ...) mais l'envie, le besoin du "dollar facile" (le "dollar quick" évoqué dans son poème) ont été marqués dans sa chair par la crise et la récession interminable. Une certaine insatisfaction sentimentale et une incapacité à une relation durable semblent aussi inéluctables et programmés tant les relations entre père et mère deviennent de plus en plus chaotiques. Le divorce définitif de ses parents se produit finalement : il est prononcé légalement en 1945 après encore beaucoup de disputes. Wall suit cette fois les péripéties de loin : il s'est engagé dans la marine marchande en novembre 1944 !
Wally a commencé début 44 à travailler pour aider sa mère tandis que Glenn poursuit ses études tout en effectuant son service à Chicago où le trio vit maintenant. Depuis la fin 1941, l'Amérique est en effet entrée en économie de guerre. En attendant son incorporation, Wally trouve un emploi dans une imprimerie, Donnelly Press, qui publie Life Magazine. Il se plait dans l'ambiance des presses et ne compte pas ses heures pour faire plus d'argent d'autant que la pénurie de main-d'oeuvre se fait sentir. Fin 1944, l’échéance d'un appel sous les drapeaux se précise, la guerre n'est pas terminée. Il devance l'administration des armées, et se rend au camp d'entrainement de la marine marchande à Long Island dans l'Etat de New York pour s'engager, à la surprise de son frère et de sa mère. D'après son frère, Wally et lui avaient été fortement impressionnés par un des grands discours de Roosevelt en compagne pour sa réélection fin 1944.
Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) est LE grand homme politique qui va marquer toutes les générations d'Américains des années quarante et cinquante. Pour Wally, Roosevelt est une fusion parfaite de la sensibilité de gauche de sa mère et des idéaux machistes et violents de son père. Issu du parti démocrate, F.D.R. est l'architecte du New Deal qui dans al lignée des idées keynésiennes a remis d'aplomb l'économie américaine avec un savant dosage de socialisme et de pragmatisme financier. Il va être aussi celui qui soutient sans hésitation le combat jusqu'au bout contre l'Allemagne et le Japon, y compris en initiant le projet Manhattan qui produira la bombe atomique. Jusqu'au bout, Wally pensera lui aussi qu'il y a des guerres justes et des combats qu'il faut mener dans le sang. De même, il gardera une fascination pour les armes à feu qui sont la marque ultime du pouvoir pour son père Max, partant chasser dans les bois dès que la famille n'avait plus d'argent pour se nourrir.
Question violence et machisme, les mois passés dans la marine marchande marquent de façon indélébile le jeune homme. Il évoquera souvent une scène de tortures infligées à un groupe de prisonniers japonais à laquelle il assiste un jour et qui constitue la seule approche réelle du conflit mondial qu'il ne connaîtra jamais. En revanche, le danger est omniprésent pendant ces longs mois en mer, comme le désespoir et les désillusions de toute une génération de jeunes américains. Les idéaux politiques de gauche hérités d'Alma se heurtent à ce pessimisme né de ces expériences de vie et d'aventures vécues trop jeune. La boisson qu'il découvre aussi au cours de ces pérégrinations maritimes va rester un terrible penchant : idéal pour supporter les moments d'effrois et de désespoir, l'alcool permet aussi d'oublier la rigueur du travail et les horaires. Wally ne se débarrassera jamais plus de cette mauvaise hygiène de vie qu'il a déjà connue brièvement dans son travail sur les presses de l’imprimerie Donnelly et que les longs mois en mer transforment en mode de vie normal.
Ce genre de scène, dans Cannon ici, a probablement été impacté par la scène traumatisante de torture qu'il a vécu dans sa jeunesse "au front". Canon est extrêmement fourni de scènes de ce genre, même si le traitement graphique reste en terme de violence et de gore ici relativement sobre, quoique érotique et woodien d'un point de vue anatomique. Il en va de même pour les autres strips de Cannon, il n'y a jamais de pornographie ni de gore explicitement illustré, laissant le soin à chaque imagination de se faire son tableau en fonction de ses sensibilités. on retrouvera cela dans de nombreux travaux pour adultes de Wood - mais pas dans tous non plus, j'imagine que tout dépendait aussi du cahier des charges à ce niveau.
Toujours plus tard dans Cannon, on voit ici bien sa fascination pour les armes et la violence - et aussi pour les ombrages évidemment.
Son engagement prend fin à l'automne 1945. Il retrouve son frère et sa mère pour quelques semaines, part visiter son père qui s'est installé avec celle qui deviendra en 1947 sa deuxième femme et sa future belle-mère. Toujours pour anticiper sur la conscription et une affectation probable dans l'infanterie, Wally devance à nouveau l'appel et se présente chez les parachutistes de Fort Benning. Il y fait ses classes puis est envoyé avec la 11ème division aéroportée au Japon pour les deux ans de son service. Entre deux services de rondes comme force de police dans le Japon défait, Wally s'amuse à sauter en parachute, expérience terrifiante d'abord qu'il dompte à coup de gnôle. Il utilise ses permissions pour découvrir le pays et rédige beaucoup de lettres à son frère et sa mère. Il travaille aussi le dessin et réalise des gags pour diverses publications internes au service des armées.
NdA : A ce sujet, il est utile et intéressant de faire une large parenthèse sur le phénomène, intrinsèquement lié à l'histoire du comic books, du war comics, dont j'ai déjà publié quelques exemples car ces comics books étaient lus en grande quantité par Wallace Wood pendant sa jeunesse, et lui-même a ensuite participé à ce courant. On peut notamment cité cet extrait venant de https://dejavu.hypotheses.org/1151 (qui présente certainement sans le citer puisqu’il n'était pas crédité plusieurs travaux de Wallace Wood comme on le constate quand on commence à reconnaître son style - par exemple, il cite Harvey Kurtzman et John Severin, qui furent les collègues de Wood à sa grande époque Entertainment comics; ce dessin est par exemple je pense de Wood, avec qui Kurtzman travaillait étroitement en 1952 - date du début de Mad notamment; de plus, dans l'article il cite la revue Blazing combat en précisant que kurtzman, Severin et Wood en étaient les auteurs.) :
War Comics 1952 - on y décèle la patte de Wally ...
Une planche de Blazing combat, où on repère l'encrage de Wood, revue de "war comic" qui avait pour caractéristique d'aller à l'encontre du positivisme militaire que devait normalement véhiculer ses comics, frôlant de fait l'interdiction, et culte de fait désormais; ici donc une page réalisée par Wallace Wood (très probablement) pendant la guerre du Vietnam ...
États-Unis
Les comic strips, ces brèves narrations illustrées de dessins publiées dans la presse quotidienne, mettent en place les codes graphiques fondamentaux de la bande dessinée (cases et bandes, légendes et phylactères, etc.). Ils donnent naissance au format spécifique du comic book à partir du début des années trente. Les historiens du médium reconnaissent en effet que le premier comic book moderne, Famous Funnies, a été publié aux États-Unis en 1933. De nouveaux titres apparaissent rapidement et les sujets se diversifient, ils ne sont plus uniquement humoristiques. L’un des premiers war comics, The Battle of Manila Bay (J. Carroll Mansfield), paru initialement en 1934 dans Oakland Tribune, est ainsi repris en 1936 dans le numéro 22 de Famous Funnies.
Deux années plus tard, en juin 1938, le premier personnage de superhéros, Superman, fait son apparition dans le numéro un d’Action Comics publié par National Allied Publications (qui allait devenir ensuite DC Comics).
Dès les premiers numéros d’Action Comics (11 et 12), Superman combat des engins de guerre, puis dans le numéro 17 d’octobre 1939, il arrête un tank. En couverture du n° 43 de décembre 1941, à l’entrée en guerre des USA, il affronte pour la première fois des forces nazies arborant la croix gammée. Mais en fait, il était déjà entré en guerre dans Look Magazine, en février 1940 dans une histoire intitulée “What If Superman Ended the War?” (de Jerry Siegel et Joe Shuster) [cité par Jean-Noël Lafargue, op. cit. p.34].
Comme l’a rappelé Alain François dans un récent billet sur Culture Visuelle, la plupart des superhéros créés à la suite de Superman ont de la même manière été représentés combattant les Nazis ou les Japonais. Plusieurs superhéros sont aussi créés spécifiquement pour participer directement au conflit en cours. Ainsi, Black Angel, aviatrice surdouée et masquée, apparue dans le numéro 2 de Air Fighters Comics (novembre 1942). Les superhéros patriotes (les superpatriotes selon Jean-Paul Jennequin) font leur apparition avec The Shield, dès janvier 1940, et surtout Captain America en mars 1941.
La guerre cependant n’est pas seulement présente dans les comics dédiés aux superhéros; elle s’invite également et largement dans d’autres genres comme les kids comics mettant en scène des garnements (Boy Commandos [DC], Kid Komics [Marvel], Young Allies [Marvel]), ainsi que dans les histoires romantiques ou humoristiques.
Certaines publications s’adaptent également au nouveau contexte provoqué par l’engagement du pays dans le conflit. Ainsi, Heroic Comics [Eastern Color Printing Company], qui était spécialisé avant guerre dans les histoires de héros (des gens ordinaires courageux, pas des superhéros) a totalement modifié ses sujets durant la Seconde Guerre mondiale d’abord, puis durant la guerre de Corée, en présentant des actes de bravoure, supposés réels, de soldats. Il en est de même pour Fight Comics [Fiction House] qui proposait des histoires à épisodes où intervenaient de jeunes aventurières. Durant la Seconde Guerre mondiale d’abord et ensuite pendant la Guerre de Corée, le magazine a accueilli des histoires de guerre pour plus de la moitié de sa pagination.
Indépendamment de la mobilisation des superhéros et dès le début de 1940, l’éditeur Dell publie War Comics, premier comic book entièrement dédié à la guerre. La publication mélange les genres: fiction, non fiction, humour, espionnage. En 1942, à partir du numéro 5, la série est renommée War Stories.
En 1941, les éditeurs Quality, Fiction House et Hillman créent respectivement Military Comics, Rangers Comics et Air Fighters Comics. D’autres éditeurs comme Street and Smith, Magazine Enterprises ou National Periodicals suivent en 1942 et 1943. En collaboration avec le département du Trésor américain, Harvey publie War Victory Comics en 1942 pour la promotion des obligations de guerre (war bonds). Tous ces nouveaux titres glorifient bien sûr les engagements de l’armée américaine, mais sous la forme de récits qui se veulent réalistes ou factuels, sans aucun superhéro. À nos yeux modernes, ils sont manifestement caricaturaux et racistes, surtout en ce qui concerne la représentation de l’ennemi japonais.(...)
En juin 1947, âgé de 20 ans, il est de retour aux Etats-Unis et retrouve sa mère qui est redevenue institutrice, à Menagha, toujours dans le Minnesota. Glenn lui aussi libéré de ses obligations militaires les rejoint. Le retour à la vie civile prend du temps. Wally doit choisir sa voie tandis que al famille retraverse à nouveau les Etats-Unis. Son frère veut être ingénieur aéronautique, lui passe son temps en soûleries diverses avec les anciens qu'il rencontre, aussi désemparés que lui à leur retour au pays. Il met plusieurs mois avant de décider qu'il peut faire son métier de l'illustration et du dessin. Glenn part comme étudiant rejoindre le prestigieux Massachussets Institute of Technology à l'été 1948. Wally décide de profiter de l'occasion pour se faire déposer à New York où il a décidé de tenter sa chance auprès de ses maîtres Caniff et Eisner. Alma décide de se joindre à eux. Le trio se lance dans un long périple avec une vieille Ford récupérée chez Max et retapée par Glenn, et passe plusieurs semaines à voyager tranquillement, visitant divers parcs d'attraction ou monuments. Ils se rendent notamment sur les lieux de la bataille de Gettysburg, décisive pour la victoire de l'Union lors de la guerre de Sécession, qui impressionne beaucoup Wally.
une version comics du récit de la bataille par Jean Giraud/Moebius dans la jeunesse de Blueberry (rien à voir avec Wood bien sûr)
Arrivé dans la Grande Ville, Wally travaille dans divers restaurants et cafétérias, tout en faisant aussi le tour des éditeurs avec son portfolio déjà bien rempli de projets. Au fil des années, Wally n'a en effet jamais posé le crayon et il a continué à étudier les maitres du strip. Un de ses derniers dessins avant le départ du Minnesota est une scène de ferme qu'il a offerte à son oncle Wallace : la qualité de la composition, le traitement des ombres portées, la précision des tissus sont de qualité professionnelle, bien supérieures à ce qui est présent dans beaucoup de comic books de l'époque... Malgré la qualité de ses essais, les éditeurs ne veulent cependant pas engager un amateur qui n'a pas encore publié. Ils ne veulent fournir de scripts qu'à des dessinateurs dont ils sont sûrs qu'ils livreront un travail fini exploitable. Wally essuie ainsi de multiples refus et passe de longues semaines à mener une double vie éreintante avant de penser jeter l'éponge.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.
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