La légende raconte que à la veille du jour de l'an des bûcherons de Gatineau qui font un pacte avec le diable afin de faire volé un canot pour qu'ils puissent rendre visite à leurs fiancées. Ils devront cependant éviter de blasphémer durant la traversé, ne point heurter le canot aux clochers d'églises et être de retour avant six heures du matins. Dans le cas contraires, ils perdraient leurs âmes. Une histoire si inconcevable qu'ils ne purent jamais la raconter à qui que ce soit.
Des colons français venus s'installer au Canada ont mélangé cette légende à l'un des mythes amérindiens à propos d'un canoë volant. Une étude portant sur les origines de cette légende situerait son origine au Poitou.
La version la plus connue de la chasse-galerie a été écrit par le journalistes , homme politique et auteur, Honoré Beaugrand, qui a été publier en l'an 1900 le recueil de ces récits intitulées <<la Chasse-galerie: légende canadienne>>, dans lequel figurait le conte même de la chasse-galerie.
Ce Québécois, franc-maçon et anticlérical, a fondé des sociétés patriotiques aux États-Unis et cherché à aider les immigrants originaires du Québec aux États-Unis en fondant un journal intitulé "L'écho du Canada", puis un autre du nom de "La République". En plus d'articles souvent engagés, il se mit aussi à écrire des contes, des récits et même un roman, "Jeanne la fileuse: épisode de l'émigration franco-canadienne aux États-Unis". Des écrits toujours près de ses racines canadiennes-françaises, du folklore québécois, mais toujours avec une touche de modernité pour son époque.
Pour lors que je vais vous raconter une rôdeuse d’histoire, dans le fin fil; mais s’il y a parmi vous autres des lurons qui auraient envie de courir la chasse-galerie ou le loup-garou, je vous avertis qu’ils font mieux d’aller voir dehors si les chats-huants font le sabbat, car je vais commencer mon histoire en faisant un grand signe de croix pour chasser le diable et ses diablotins. J’en ai eu assez de ces maudits-là dans mon jeune temps»
« Avez-vous déjà entendu parler de la chasse – galerie? Ce sont des canots qui volaient dans les airs, poussés par le diable, il y a de ça ben longtemps. Ils transportaient des possédés du démon, surtout des gars de chantier. Peut-être ben qu'un jour les humains voyageront dans les airs comme on fait aujourd'hui en buggy ou en traîneau sur le chemin du roi. Mais il y a 50, 100 ans et même dans les anciens temps, on pouvait voyager dans les airs sur des tapis magiques, а califourchon sur des balais de sorcières ou en canot par la chasse – galerie: tous des moyens du diable. »
Ainsi commence le conte d'Honoré Beaugrand, qui nous parle de l'histoire de bûcherons travaillant dans un chantier de l'Outaouais dans les années 1850.
Le soir du 31 décembre, ces bûcherons se préparaient à fêter le début de la nouvelle année, avec une petite tournée de rhum, par une nuit glaciale. Le cuisinier du chantier s'était endormi lorsqu'un des bûcherons, Baptiste, lui proposa d'aller voir son amoureuse, Lise, qui habitait hélas Lavaltrie!
[img]Pour%20pouvoir%20faire%20le%20voyage%20dans%20la%20nuit%20et%20être%20de%20retour%20le%20lendemain%20matin,%20il%20fallait%20donc%20courir%20la%20chasse-galerie,%20soit%20faire%20un%20pacte%20avec%20le%20diable.%20Huit%20hommes%20firent%20ainsi%20serment%20avec%20le%20diable%20et%20purent%20ensuite%20s'élever%20dans%20les%20airs%20afin%20d'aller%20rejoindre%20leur%20parenté%20en%20volant%20dans%20les%20airs![/img]
« Baptiste connaissait ben son chemin: il nous menait tout droit sur Lavaltrie. Tout d'un coup il nous crie:
– Attention, vous autres, on va atterrir bientôt dans le champ de Jean – Jean Gabriel, mon parrain. De lа, on trouvera ben quelque fricot ou quelque sauterie dans le voisinage … Bramaca! Irbaca!
Tout de suite après ces mots magiques, le canot plongea vers le sol et atterrit brusquement dans un banc de neige, près du bois de Jean – Jean Gabriel. »
Ainsi les hommes purent profiter de la fête et danser une partie de la nuit du Réveillon. Comme la fête battait son plein, ils purent aussi quitter sans être remarqués. Un Baptiste un peu ivre dirigeait le canot pour le retour et risqua quelques accidents, notamment en passant trop près d'un clocher!Mais l'inquiétude suprême était que Baptiste sacre, ce qui allait probablement mettre fin à leur périple dans les airs. Ils eurent beau le bâillonner et l'attacher, Baptiste finit par se défaire de ses liens et lâcher un juron, ce qui fit tomber le canot dans les branches d'un gros pin, sauvant ainsi la vie des chanceux bûcherons.
Quand les autres hommes les trouvèrent dans un banc de neige au petit matin, ils n'osèrent raconter leur histoire, convaincus que personne ne pourrait jamais les croire...