J'ai rarement vu un film aussi pornographiquement gratuit, et en plus sans pornographie
D'une certaine manière, je le classerais immédiatement dans ma liste plutôt petite des pires films à voir dans sa vie ... mais non car il y a Isabelle Adjani qui livre sans doute la plus forte prestation féminine de toute l'histoire du cinéma. Mais une fois qu'on a dit ça, j'ai envie de dire "tout ça pour ça ...", ce film raté notamment dans son final baroque, inutile et sans queue ni tête, comme un pied de nez du réalisateur envers lui-même. Il aurait certainement du rester dans le registre fantastique, et faire de sa bestiole libidineuse improbable une sorte d'incube bigarre. Mais non, il en fait histoire de délivrer une énième queue de poisson, un clone incernable de son anti héros, au statut finalement tout aussi incertain et complexe que ce dernier. Il semble être un super agent secret très demandé, ayant une sorte de permis de tuer, tout en étant pourtant d'une rare inefficacité patente. Une grosse merde en somme, et on peut alors s'amuser de sa triple ou quadruple transformation. D'amant blessé à amant résolu vivant un nouvel amour avec un clone complètement improbable voire effacée de sa copine hystérique, tout en aimant encore la première - la seule note moderne du film en fait, il a tout pour déplaire, et évidemment sa chute sera rude.
Le plus étonnant dans ce film, outre les gesticulations quasiment surnaturelles, en tout cas hors norme, d'une Adjani aussi possédée que son personnage, c'est que le message psychanalytique et sociologique qui en résulte est lui très intéressant. En témoigne cette scène surréaliste dans le métro où la femme semble accoucher d'une bile sanguinolente, renvoyant évidemment à sa non acceptation de manière globale d'être mère - c'est l'un des deux vrais thème du film en fait -qui nous montre une fille-mère trop jeune qui a du mal à accepter de mener une vie loin des amusements de la jeunesse et s'en voulant terriblement, et même horriblement au point de devoir compenser cela en se jetant sexuellement dans les bras du premier monstre venu ... avec celui, éminemment transgressif à l'époque donc conté en filigrane et en fiction fantastique, du mari possessif jaloux et violent. C'est cette entre-ligne, sommes toutes plutôt banal, qui rend le film intéressant car côté fantastique ça ne casse pas trois pattes à un canard. Pour voir une vraie chose formidable, allons plutôt revoir The thing de Carpenter, un authentique chef d'œuvre du cinéma fantastique lui.
Donc, voilà, ce possession est un vrai-faux film fantastique pornotrashique cachant un vrai drame intimiste. Avec des éléments d'horreur et de film d'espionnage vaguement policiers d'une platitude totale. Et une fin digne de celle d'un nanar de Jean Rollin en prime et en moins bien.
Ma note finale : 12/20 avec un +4 pour la performance indépassable d'Isabelle Adjani.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.