C'est quoi ce film
« Sous la Seine » : on a vu le nanar de Netflix !
Sur Netflix, Bérénice Bejo affronte un requin logé dans la Seine, site d’une épreuve de triathlon. Une farce paresseuse, où toute référence à l’actu est bien entendu fortuite.
On touche le fond. On connaissait les requins en fascinants objets de cinéma – Les Dents de la mer (1975) de Steven Spielberg suffiront à en faire la démonstration. On les savait aussi matière à nanars – à ce jeu, difficile de détrôner l'inénarrable Sharknado (2013). Mais jamais encore nous n'avions vu de poisson de l'espèce sous nos eaux françaises. Lacune comblée grâce à Sous la Seine en ligne sur Netflix dès ce 5 janvier. Hélas, cette curieuse aventure réalisée par Xavier Gens (Hitman) se prend on ne peut plus au sérieux pour raconter (absolument) n'importe quoi.
Mais soyez rassurés, ou pas : la caricature ne s'arrête pas là, loin s'en faut. La galerie de portraits du long-métrage tient davantage de la lourdeur comique que du genre dramatique, ou même du thriller dont l'« œuvre » se revendique. Au menu, une maire de Paris arrogante au possible incarnée par Anne Marivin – dont le look est d'ailleurs bien davantage calqué sur Valérie Pécresse que sur sa meilleure ennemie Anne Hidalgo –, une activiste écolo aux cheveux bleus et ciré jaune (et effrontée, naturellement). Et enfin un brigadier-chef tout ce qu'il y a de plus cow-boy, musclé et autoritaire. N'en jetez plus !
« Sous la Seine » et son intrigue foutraque
Malgré des tentatives que l'on qualifiera de courageuses, personne ne parvient à tirer son épingle du jeu dans ce théâtre sur pilotis. Pas même notre Bérénice Bejo récompensée à Cannes en 2013. Il faut croire que l'eau a coulé sous les ponts depuis… Trop écrits, les dialogues, quand ils ont un sens (mention spéciale à cet homme « jamais retrouvé » disparu seulement la veille), se noient dans une surenchère de répliques bidon qui n'ont même pas le bon goût d'être drôles. Le tout au service d'une intrigue volontiers foutraque aussi claire que les eaux saumâtres de ladite Seine. À cela ajoutez une inconcevable carence de rythme – le comble, pour un film catastrophe d'à peine une heure et demie –, un acte final expédié en quelques minutes et vous aurez une vue d'ensemble de cette bouillie indigeste. Le tout, bonne conscience oblige, mâtiné d'un discours lourdingue sur la nécessité de protéger nos océans.
Ambitions injustifiées
Sous la Seine s'offre donc, contrairement aux victimes de Lilith – son requin géant –, une mort cérébrale aussi molle que douloureuse. Ce qui ne devrait être qu'une énième série B sans plus-value, que l'on regarde en cuisinant, se pique pourtant d'ambitions injustement appuyées par un budget généreux (près de 20 millions d'euros tout de même). Reste que la seule audace de ce film réside dans sa date de parution, à quelques jours des JO de Paris. Une façon de s'assurer une place de choix dans le classement des films les plus vus sur la plateforme de streaming. Mais pour l'inventivité, il faudra en revanche plonger bien profondément.
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