Il s'agit d'une nouvelle d'une quarantaine de pages rédigée par Lovecraft entre janvier et février 1932.
Le personnage principal est Walter Gilman, un étudiant en mathématique et en folklore à la Miskatonic University d'Arkham. Exceptionnellement doué dans des matières relevant de la physique quantique et des lois dimensionnelles, il est également fiévreux et souffrant depuis plusieurs semaines. Il vit en effet dans une vieille maison du quartier pauvre de la ville, aux côtés de colocataires divers. La chambre qu'il occupe est particulièrement réputée pour avoir servi de foyer à Keziah Mason, une vieille sorcière s'étant échappée in extremis et par des moyens inconnus de la prison de Salem en 1692.
Toutes les nuits, Gilman fait des rêves de plus en plus réalistes dans lesquels Keziah et son horrible familier Brown Jenkin, un rat particulièrement développé doté d'une face et de membres humains, viennent le visiter. Pensant devenir fou, influencé par ses cours de folklore, un voisin de palier particulièrement superstitieux et la lectures d'ouvrages anciens et interdits (parmi lesquels, le fameux Necronomicon), il se confie à son ami Frank Elwood. Gilman est en effet persuadé d'être somnambule : dans ses rêves, la sorcière et son rat l'emmènent dans divers endroits étranges et inconnus, probablement dans d'autres dimensions ou dans d'autres temps, et il se réveille aux côtés de preuves tangibles de ses aventures nocturnes (par exemple, un élément architectural prélevé sur une construction extra-terrestre).

Les rêves tournent au cauchemar à l'approche de Walpurgis, la fameuse nuit de sabbat fin avril. On comprend que la sorcière et son familier se servent des connaissances et capacités exceptionnelles de Gilman pour voyager à travers l'espace et le temps, semblant donner raison aux théories révolutionnaires du jeune étudiant sur la géométrie non-terrestre de sa propre chambre. Un enfant est alors enlevé, comme c'est le cas depuis mémoire d'homme chaque année dans la région d'Arkham, enfant que Gilman retrouve dans ses pérégrinations nocturnes alors que la vieille Keziah invoque par des formules secrètes toutes droit sorties du Necronomicon, l’Homme noir, incarnation diabolique de Nyarlathotep.

Nyarlathotep sous les traits de l'Homme noir, illustration de Jens Heimdahl
Je ne vous raconterai pas la fin, je dirai juste que c'est pas une fin très joyeuse

J'ai beaucoup apprécié cette histoire, et je n'ai jamais compris pourquoi lorsque Lovecraft présenta l'histoire à ses amis et correspondants, elle a fait l'objet de nombreuses critiques négatives, même de la part de Derleth et Lin Carter, poussant Lovecraft, dépité, à ne pas vouloir la publier --> finalement, Derleth décidera de la proposer à Weird Tales dans le dos de Lovecraft, permettant à l'histoire d'être connue.
Nouvelle tardive dans la carrière de Lovecraft, La Maison de la sorcière fait référence à de nombreux éléments de la mythologie personnelle inventée par l'auteur et déjà exploité dans ses écrits précédents.
Ainsi, la nouvelle exploite la ville emblématique d'Arkham et son université, mentionne sans surprise le Necronomicon d'Abbul Alhazred, les fragments du Livre d'Ebon et l’Unaussprechlichen Kulten de von Junzt, évoque les entités Azathoth et Shub-Niggurath et Nyarlathotep lui-même apparaît sous les traits du légendaire « Homme noir », démon traditionnellement associé aux sabbats des sorcières. Enfin, Keziah Mason semble entretenir des relations indéfinies avec les Anciens, race extraterrestre semi-végétale décrite dans Les Montagnes hallucinées.