Enter the Void (de Gaspar Noé)

[phoenlx]

Bon donc je viens de le voir ( merci à Somewhere du forum pour la découverte de ce cinéaste, c'est mon premier film de ce réalisateur, j'avais peur de bloquer, mais c'est tout l'inverse ) Je crois que j'ai beaucoup aimé mais une chose est certaine, je ne le conseillerais pas à tous, si vous vous lancez dans l'aventure, open your mind à fond

Pour résumer le trip, c'est l'histoire d'un jeune drogué avec sa soeur qui vivent à Tokyo et qui s'enfoncent dans les problèmes, jusqu'à un drame, la mort du garçon - je spoile à peine car ça survient peu après le début du film, mais je vais éviter de vous raconter certains flashbacks par contre - Bref, une fois mort, son esprit "remonte" ( un peu comme dans une expérience de projection astrale ) et il voit son corps, il voit ce que devient sa soeur, ses anciennes connaissances, il repense à sa vie, et voit Tokyo de haut ( il y a énormément de scènes filmées du ciel où l'on voit la capitale japonaise ) Bref, vous voyez le trip Raconté comme ça, ça doit vous semblez bizarre, ça l'est mais c'est réducteur,
c'est un film évidemment à voir pour son côté atypique, son ambiance très particulière. Je ne suis pas forcément tombé des nues non plus car je connaissais d'autres films avec je dirais, des similitudes, je ne sais pas s'ils ont inspiré le réalisateur ( ce serait intéressant de savoir ) en tout cas, ce film m'a énormément rappelé l'ambiance de certains David Lynch comme Inland empire, voire Mulholland Drive ( ce dernier étant plus complexe par son scénario et sous bien des aspects je le préfère, mais il y a quelque chose de lynchien dans certaines atmosphères d'Inter the void je trouve)

De plus, le trip qu'on voit au début du film où le garçon se drogue m'a rappelé certaines expériences visuelles de Blueberry ou de films comme ça ( mais j'étais plus dedans ici, j'ai préféré certaines ambiances visuelles psychédéliques assez étranges, où on voit des sortes de fractals, c'est beau )

Je ne vais pas vous raconter la fin du film ( il y a aussi des moments très tristes et dramatiques ) par contre la chute du film, la dernière scène, je l'avais un peu prévu et anticipé une heure avant ( je ne sais pas si c'est forcément un défaut de s'y attendre , ça n'enlève pas forcément grand chose à la force de l'oeuvre )

Je le conseille à tous ceux qui aiment découvrir des réalisateurs et des ambiances particulières, qui ont l'esprit bien bien ouvert encore une fois Je ne suis pas sûr d'adhérer à ce que j'ai vu d'un point de vue je dirais .. philosophique ( cette histoire d'esprit qui se détache du corps, c'est une conception dualiste quelque part qui n'est pas la mienne, mais le film m'a néanmoins parlé pour diverses choses, et émotionnellement, certaines scènes sont très marquantes, le duo du garçon et de sa soeur est assez touchant par moment je trouve et leur histoire est triste.

Je remet la scène du générique que Somewhere avait posté ce soir ( qui donne déjà le ton du film, il est peu commun, à l'image de tout le film )



On va rappeler aussi le topic sur le réalisateur : Cliquez ici

Et celui sur son dernier film encore sur les écrans ( Love ) : Cliquez ici ( rubrique du temple du forum, il faut un accès spécial, n'hésitez pas à demander )

[phoenlx]

D'après ce que je viens de lire sur un site, le film serait ( pour le scénario ) une adaptation du livre Substance Mort, de Philip K. Dick.
Intéressant ...



Voici un résumé : http://www.noosfere.org/icarus/livres/n ... re=-326514
Bon d'après le résumé, le film serait plutôt inspiré qu'adapté.

Sinon je dois quand même dire que j'ai ressenti aussi des bémols dans ce film.
La forme m'a plu, mais ceci dit, elle m'a aussi déplu par moment. C'est beau, le trip est intéressant, mais c'est quand même long ( pourtant j'aime les films longs, contemplatifs, ce genre de délires ) mais on a quand même 2h41 de films, le scénario tient en 4 lignes, et si on enlève beaucoup des scènes de caméra au-dessus de la ville je suis sûr qu'on peut enlever une heure de film quasiment, c'est quand même beaucoup ( j'ai lu une critique un peu ironique qui dit qu'au final " ça se finit en branlette " c'est un peu vrai dans tous les sens du terme ) Ce que je veux dire c'est que le processus visuel, la FORME , tout ça, c'est indéniablement intéressant pour qui a l'esprit ouvert, aime les expériences, mais à un moment je trouve aussi qu'il finit par en abuser et ça tourne un peu en boucle et à vide. En 2 heures / 2 heures 10 au lieu des 2 heures 40 je pense qu'il pouvait produire un résultat encore meilleur sans rien enlever du scénario, du fond, et tout en gardant cette forme très originale et qui marque avec l'essentiel des scènes visuelles marquantes ( comme celle du début quand il se drogue, comme plusieurs scènes au-dessus de la ville, comme les scènes au-dessus des éviers, des cendres etc )

J'avais d'ailleurs ressenti le même problème quand j'avais vu Inland empire de Lynch. Au début de ce film, j'adorais ( je retrouvais le Lynch génial que j'aimais ) et puis, ça devenait longuet, un peu répétitif avec des ambiances glauques qui s'enchainent et des enchainements visuels un peu similaires, la caméra qui glisse sans arrêt un peu comme là ( d'ailleurs plus j'y pense plus je pense qu'il doit avoir vu et aimé les films de Lynch )

A part ça sinon il y a moult petites scènes qui m'ont vraiment marqué, touché, remué, les scènes de tendresse entre le frère et sa soeur. Celle du manège. Celle où elle est droguée et où ils errent dans Tokyo ( et où tout autour d'eux parait paradisiaque, avec de belles lumières etc )
D'autres scènes sont un peu horribles je trouve, mais remuent pour celà ( celle du foetus arraché etc )
Les scènes d'accident ( qui reviennent car il se le revoit souvent ) sont toujours assez choquantes. Après en soi cette histoire peut faire un peu cliché aussi mais je crois qu'en s'en fou un peu, c'est un prétexte.
Somewhere disait qu'il y avait beaucoup de sexe. J'ai vu pire. sur les 2 heures 41 de films, il doit y avoir 20 minutes cumulées de scènes de nudité et de sexe. c'est pas tant que ça. je suis sur que le ratio est moindre que dans un film comme La vie d'Adèle. Et je trouve que par moment, ça fait finalement moins explicite, ça sert par moment l'esthétique du film ( même si vers la fin il va quand même loin )

J'oubliais de le dire dans ma première critique ( oui désolé je fais une critique en deuxième partie ) les mouvements de caméra fluide, et certaines visions fractaliennes, ça m'a presque fait penser à du Malick parfois ( bon toute proportion gardée on s'entend bien, je ne compare Noé ni à Lynch ni à Malick mais ça glisse ça glisse et ça glisse, la caméra est sans cesse en mouvement, c'est plus lynchien que malickien je pense, mais par moment j'ai ressenti des petites choses qui m'ont rappelé mon réalisateur culte. Je crois que j'aime cette manière de filmer ( un peu comme une rivière qui coule, n'est-ce pas une sorte de métaphore de la vie ? )

[Scarabéaware]

Intéressant ce que tu nous en dis là , bon ben moi possible que ça puisse me plaire un peu plus, on verra lol. Quand tu dis qu'il aurait pu en enlever, si ça permet de bien contempler je suis plutôt pour. Enfin faut voir, toi tu trouves qu'il aurait pu en enlever, moi je pourrai mieux dire après avoir vu lol.
En tout cas ce mélange d'ambiance ça titille

[phoenlx]

Non mais le problème c'est que beaucoup de scènes longuettes se ressemblent , je trouve.
tu vois dans les films de Malick par exemple ou même certains Lynch dont certains reprochent la longueur je trouve que tout se justifie ( ou presque ) ça ne se ressemble pas ( un film comme Mulholland drive c'est parfois lent, très bizarre aussi avec des atmosphères , des mouvements de caméra étranges un peu comme là finalement ) ; après, chaque centimètre de pellicule, chaque seconde je trouve a son sens dans le film et participe à ce qu'il est, à sa richesse, mais aussi et surtout à son scénario.
ici, au début pour être franc j'adhérais complètement à ce que je voyais mais plus ça avançait, plus ça " trainait " ( une heure, une heure 30, 2 heures, 2h30, 2h40 .... ) plus je me disais : il abuse quand même un peu. Enormément de plans sont similaires, par exemple, l'âme du mort passe au-dessus des bâtiments, il observe sa soeur. puis hop, son âme voyage à nouveau, et là, tu revois les immeubles vu d'en haut, mais pendant plusieurs secondes, puis il passe à son ami Alex puis hop, son âme voyage à nouveau ( mais là à nouveau ça redure pas mal de secondes, et pour voir finalement un peu la même chose à chaque fois je trouve, ces fameux immeubles vus d'en haut ) et il passe à un autre personnage etc.
évidemment je ne dis pas que tout est à jeter loin de là, plein de scènes se justifient, et cette ambiance est parfois intéressante. Quand on découvre le film ( au-delà du fait comme j'ai dis que d'emblée, ça m'a fait penser à d'autres films, les délires de Bluberry pour la drogue et le trip au-début, Inland empire de Lynch par moment etc ) c'est intéressant de découvrir. Mais très vite j'ai trouvé qu'il en abusait un peu. Ca donne l'impression que le réalisateur se complait un peu dans ces effets de style. Maintenant on pourrait dire aussi que ça se justifie par le fait qu'il cherche à nous faire passer dans l'esprit même du mort, que son âme erre, et il veut souvent que ça reste en un nombre minimum de plans séquence, on le quitte assez peu, on doit vivre le truc un peu comme lui, mais j'avoue que c'est bizarre et ça donne quand même une impression de souvent revoir la même chose.

[Somewhere]

Ah ce film !

Ben j'ai exactement les mêmes reproches que toi, c'est les longueurs, ce film est tout simplement trop long. Beaucoup de sexe aussi, je crois que j'avais une overdose un moment.

ça fait finalement moins explicite, ça sert par moment l'esthétique du film ( même si vers la fin il va quand même loin )

Elle est malade la dernière scène, complètement timbré ce réal.

Non mais après voilà, tu as vu ce style de réalisation maintenant, c'est comme ça dans tout ses films, dans Irréversible en plus c'est monté à l'envers alors t'as l'impression de remonter le temps, complètement fou aussi. Je l'adore vraiment pour ça, c'est vrai qu'il rappèle Malick un moment, sauf que si Malick filme la beauté avec grâce, Noé filme le sexe et la violence avec grâce, assez étonnant.

[phoenlx]

oui .. moi il m'a rappelé plus Lynch par moment notamment pour certaines scènes et ambiances nocturnes, mouvements de caméra qui glisse ( et assez inquiétants )

[Somewhere]

Lynch oui, dès que j'aurais vu ses vrais films je pourrais comparer (j'ai juste vu Elephant Man et Dune de lui qui sont les moins lynchiens ).

[phoenlx]

oui voilà c'est pas le mieux ceux là pour découvrir sa patte !! Même si Elephant Man est très bien , il est plus classique dans sa facture et Dune était plus un film de commande ça se sent

[Meleor]

Faudrait que je le revois mais j'avais pas trouvé ça trop long je me suis pas ennuyé du tout et pas non plus trouvé qu'il y avait beaucoup de sexe!

Et sinon je crois que j'ai préféré aux Malicks car c'est plus sombre et ambigu donc ça m'intéresse plus!

[phoenlx]

Mais en fait si on exclue la dernière scène du film ( qui est certes très osée ) le reste c'est pas pire que certains films je trouve ; Bon évidemment il y a du sexe, mais ya pire, et c'était attendu ( je pense qu'il doit y en avoir encore plus dans Love d'ailleurs vu le titre ) moi ça m'a pas plus choqué que ça.

[Meleor]

Oui moi non plus ça m'a pas plus marqué que ça le sexe dans ce film! Dans Love c'est pire vu qu'il y a une éjaculation faciale!

Sinon j'avais mis 9/10 à ce film!

[phoenlx]

une petite interview du réalisateur pour ce film ( par Cinefuzz. j'aime beaucoup cette chaine you tube depuis que je l'ai découverte surtout pour les émissions sur les toku cette semaine )

[Scarabéaware]

J'ai enfin vu la chose hier soir , j'ai plutôt apprécié l'expérience qu'il nous propose avec une imprégnation bouddhique de l'immense flottement spirituel qui se produit, ceci dis je crois que c'est son film le moins dérangeant, j'en garde une préférence pour Seul contre tous et surtout Irréversible qui est son meilleur jusque là dans ce que j'ai vu de Gaspar Noé . En tout cas c'est sur qu'il faut être bien ouvert pour voir ce film et surtout...ne pas être épileptique . Les moments de lumière blanche clignotante, voir rouge ils m'ont parus bien longs et c'était limite agressif pour les yeux, enfin t'en prends pas plein la rétine comme avec le générique du début qui est un grand matraquage, te mettant dans une certaine ambiance, c'est le grand défilé son et lumière faisant référence à l'ambiance de nuit des très grandes villes comme Tokyo où c'est lumineux de toute part. Bon là ça va mais c'est vraiment le fond uni clignotant à plusieurs reprises qui est un peu too much je dirais. La meilleure transition avec ça c'est encore en entrant dans le machin de la gazinière, j'aime mieux l'effet flamboyant.

Dans tous les cas on peut effectivement penser à David Lynch sauf que celui-ci quand il nous embarque quelque part on se prend une expérience formant une sacré grande claque exploratoire bien remplie et où il ose énormément de choses, c'est de la folie dans l'exploration de la folie et tout, y a de quoi en ressortir complètement conquis ou presque complètement. Ici on se prend aussi une petite claque mais ça manque de folie dans la manière de nous promener dans tout ceci, on fait une longue divagation, on contemple et c'est vrai que par moment ça aurait gagné à ce qu'il contracte un peu plus pour que ça soit meilleur, bien sur ça nous raconte par rapport à ce jeune drogué qui viens à mourir, on explore son passé, y a tout ce retour en arrière avec des images chocs comme la mort des parents qui est assez terrible, ça développe quand à la relation avec sa sœur qui a de quoi nous donner du poignant, et puis en plus du passé nous voyons à travers sa divagation d'esprit la suite des évènements...La dessus c'est bien fait, avec cette manière en flou et brumeux ça fait toute la différence, il s'est bien amusé quand aux effets donnés avec ce planant d'écoulement de la vie. Mais il aurait pu être possible d'en faire plus et quitte à partir dans le bouddhique pourquoi ne pas avoir des séquences façon 6 mondes de la métempsychose, qu'on ait du mystique plus poussé, qu'il se produise des choses très particulièrement étranges, je sais pas trop comment mais pourquoi ne pas croiser des doppelgänger et des tulpa . Enfin surtout du Tulpa (voir définition pour ceux qui connaissent pas : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tulpa ), ça aurait pu être possible là. Enfin bon, après ça reste quand même intéressant comme il nous a fait ceci, on en prend quand même plein les mirettes avec cette contemplation et puis il y aura eu le pas mal des effets visuels de la prise de drogue du vivant d'Oscar, c'est un tout psychédélique et hautement colorée, on a quand même un bon travail de fait sur toute cette esthétique assez marquante en soit.

Autrement concernant le sexe, il est vrai qu'on en a pas mal, y a une grande dose et avec ça on pouvait deviner ce qu'il allait finir par se produire à la fin . Après c'est relativement à ne pas être dans l'overdose complète de sexe et puis y a une façon particulière de nous le montrer aussi avec cette esthétique et cette manière de filmer, ça donne un certain cachet, et puis je crois qu'on a de quoi ne pas bouder par rapport à la sœur par exemple . N'empêche entre le frère et la sœur c'est presque limite parfois, y a de quoi se sentir pas loin de l'inceste, la frontière semble assez mince je trouve et je me demande si Gaspar Noé n'aurait pas été tenté de franchir cette frontière mais qu'il s'est retenu.

D'ensemble ça nous forme une ambiance qui a de quoi ne pas laisser indifférent et se fait marquante tout de même, mais il aurait fallu qu'il ose en faire encore un peu plus, si ça se trouve dans le livre des morts y a plein de choses à exploiter et il s'est contenté du minimum, après on va pas non plus complètement lui reprocher, l'expérience est quand même bien faite et il y avait à se concentrer sur la vie Oscar, avec l'avant et l'après mais c'est sur que y a des survols de bâtiments qui auraient pu être écourtés. D'ailleurs quand à planer sur la ville, et aller de l'un vers l'autre, on se garde le meilleur pour la fin à enfin vraiment embrasser Tokyo après les autres traversées, on vole vraiment au dessus de la ville.

Voila, ça ne m'aura donc pas déplu de visualiser son Enter the Void qui a une forme appréciable à tâter mais tout à fait améliorable, quand à probablement s'inspirer de David Lynch, il aurait fallu qu'il ose partir plus loin, et prennent moins de temps sur certains aspects, c'est beau mais il pouvait faire encore mieux. J'en irai sur un bon gros 15/20 quand même . Maintenant il me reste à voir Love .

[phoenlx]

toujours pas vu irréversible moi