La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead) est un film d'horreur américain réalisé en 1968 par George A. Romero. C'est le premier volet de la Saga des zombies. Plus tard, le scénario sera repris maintes et maintes fois ; la version la plus connue est celle de Tom Savini, de même titre que le film de Romero, sortie en 1990.
Synopsis:
Un jour sans que l'on sache très bien pourquoi, les morts sortent de leurs tombeaux et s'en vont dévorer les vivants. Et il n'est pas facile de tuer des cadavres !
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_des_morts-vivants
Production:
De l'idée du scénario à une production indépendante:
En 1961, après ses études à l'université, George Romero fonde avec une dizaine d'amis une société de production, The Latent Image, spécialisé dans les films télévisés. L'objectif du petit groupe, qui travaille à Pittsburgh, est de réunir assez d'argent, d'expérience et de matériel pour se lancer dans la production d'un long métrage, ce qui est possible au bout de quelques années. La recherche de financeurs s'avère dans un premier temps vaine, le projet n'intéresse personne. Le petit groupe décide alors d'investir ses propres finances, entorse à une règle de sécurité observée par l'ensemble de la profession1.
Le petit groupe fonde une société de production, Image Ten. Chacun des dix actionnaires apporte 600 dollars et s'engage à parrainer une autre personne pour qu'elle apporte le même montant. La vente à profit des actions augmente le capital. La somme permettra le lancement du tournage. Le reste du budget sera finalement obtenue de financeurs, sur présentation des premiers rushes. Le budget total du film est de 114 000 dollars1,2.
Romero expliquera qu'en 1968, le paysage des grandes productions avait évolué. Selon lui, l'industrie du spectacle commençait à battre de l'aile à cause de la concurrence de la télévision. Pour y faire face, les exploitants de cinéma se seraient tournés vers la violence, l'horreur et le sexe. « Dans ce contexte, le cinéaste indépendant devait se transformer en investisseur et se retrouvait parfois contraint de compromettre son art. Mais au moins, il pouvait travailler2. »
Le choix d'un film d'horreur est une stratégie commerciale décidée par des nouveaux qui n'ont aucune expérience en matière de distribution : « Nous n'étions [...] pas sûrs qu'un distributeur national serait intéressé. Mais nous nous disions que, au pire, nous pourrions toujours rentrer dans nos fonds en les projetant dans les drive-in de la région3. ». Ce sont donc la « relative viabilité commerciale du genre4 » et « le goût croissant du public pour le bizarre et l'inédit » qui poussent l'équipe à choisir ce sujet, bien plus qu'un goût particulier pour l'horreur - même si celui-ci est indéniable en ce qui concerne Romero.
George Romero avait écrit une nouvelle qu'il décrit comme une sorte d'allégorie inspirée par Je suis une légende de Richard Matheson, mettant en scène « une masse informe revenue d'entre les morts et poussée par un besoin irrépressible de se nourrir de la chair et du sang des vivants2 ». La nouvelle de Richard Matheson, Je suis une légende, première source d'inspiration de Romero, avait fait l'objet d'une adaptation cinématographique, dans un film américano-italien coréalisé par Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, avec Vincent Price. Une autre adaptation, Le Survivant, réalisée par Boris Sagal, sortira en 1971, avec Charlton Heston. Les vampires de ces adaptations ont la lenteur des zombies de Romero, mais sont beaucoup plus vulnérables5.
John Russo assurera la scénarisation du récit au moment où Romero est occupé à préparer le tournage2,6.
Tournage et effets spéciaux:
Une fois le choix du genre effectué, et même si aucune des personnes en présence n'est un amateur d'horreur, le petit groupe s'engage totalement pour aboutir à un film de qualité7. Certes, reconnaît un des producteurs, Russel Streiner, le groupe aurait préféré réaliser un grand film dramatique. Mais le choix du genre effectué, ils décidèrent de tout faire pour rendre le film « le plus réaliste possible avec le budget dont nous disposions8 ». Des choix artististiques et scénaristiques sont dictés par les contraintes budgétaires. Mettre en scène des morts-vivants nécessite peu de maquillage et d'effets spéciaux6. De même, Romero témoigne que le choix du noir et blanc est moins dicté par des partis-pris esthétiques que par des impératifs financiers2.
Accueil:
Le succès rencontré par le film, tourné avec un petit budget, en a fait un des plus rentables du cinéma indépendant.
Postérité:
Cinq suites ont été entreprises par George Romero : Zombie (1978), Le Jour des morts-vivants (1984), Le Territoire des morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le Vestige des morts-vivants (2009). Un remake du film a été réalisé en 1990 par Tom Savini, célèbre spécialiste des effets spéciaux de maquillage et collaborateur habituel de George A. Romero. Tom Savini avait été engagé par Romero pour réaliser les effets spéciaux du film de 1968, mais il fut enrôlé dans l'armée peu avant le début du tournage. C'est pourquoi il sembla alors évident à Romero de lui confier la réalisation du remake de 1990.
Problème de copyright:
Juste avant sa sortie en salles aux États-Unis, le titre original du film, Night of the Flesh Eaters, fut changé en Night of the Living Dead par le distributeur The Walter Reade Organization. Cependant, lors de l'insertion du nouveau titre, le distributeur oublia d'insérer la mention de copyright, présente sur l'ancien titre. Walter Reed possédait quelques copies du film mentionnant le copyright original, ce qui lui aurait permis de s'en prévaloir, mais cela ne fut jamais fait. En conséquence de quoi le film est définitivement entré dans le domaine public sur le territoire américain. De ce fait, une innombrable série de DVD, à la qualité de transfert souvent médiocre, a été éditée sous les labels les plus divers.
Analyse:
Le film est marqué par les convictions politiques de l'auteur. L'acteur principal est un jeune afro-américain : chose rare pour l'époque, la ségrégation étant encore de mise aux États-Unis un an auparavant. Ce choix de Romero (même si le réalisateur a toujours affirmé avoir engagé Duane Jones non pour sa couleur de peau mais pour ses talents d'acteur9) est encore renforcé par le sort réservé au héros qui doit subir, en sus des assauts de zombies, les critiques de Harry Cooper. Seul survivant, il sera abattu par la police à la fin du film, la police l'ayant pris de loin pour un zombie. En outre, l'attaque des zombies a également été interprétée comme une métaphore de la guerre du Viêt Nam10.
ARTE Creative
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Le point de départ de toute la culture Zombie ne tient qu’à un film, « La Nuit des Morts Vivants » de George Romero, sorti en 1968. Plus qu’un grand film de cinéma, ce long-métrage fait surtout écho au climat politique de l’époque. Le réalisateur ne parle que de hasards heureux. Le public, lui, ne se trompe pas. C’est une révolution !