LE DIEU PAN
Pan et GigantomachieLa raison de la représentation du dieu Pan comme un être mi homme mi bouc prend sa source dans la Gigantomachie (le récit des combats entre les olympiens et les géants ) : Quand le géant Typhon attaqua les dieux, ils se transformèrent en animaux pour lui échapper(parmi les transformations bien connues : Aphrodite et Eros qui se transformèrent en deux poissons reliés par une corde, origine symbolique du signe zodiacal des poissons). Pan (le dieu des bergers, des pâturages et des bois) qui était à demi plongé dans une rivière se transforma en créature semi-poisson semi-chèvre.
Pan et panthéismePan est souvent considéré comme le dieu de la totalité, de la Nature tout entière. Il est souvent identifié à Phanès ou Protogonos. Au coeur de la tradition orphique, il en est le dieu unique. La racine Pan , c'est bien connu, veut dire "Tout" , et est notamment à l'origine du panthéisme (idée selon laquelle Dieu serait assimilé à la nature totale .. )
Pan : l'amoureux frustréPan est le protecteur des bergers et des troupeaux (représentant symboliquement la Nature), et il est généralement représenté de la même façon que les faunes ou les satyres : C'était un personnage fort laid, les cheveux et la barbe négligés, avec des cornes, le corps d'un bouc.
Selon la légende, au bord du cours d'eau Ladon il rencontra la nymphe Syrinx, compagne d'Artémis et la harcela vainement sans arrêt pour la séduire ! Pour lui échapper, elle finit par se changer en roseaux du fleuve, et Pan s'en servit pour se confectionner sa fameuse flûte à 7 tuyaux ( flûte de Pan ! ).

Pan et SyrinxParmi ses autres amours :
La nymphe Echos dont la voix merveilleuse rendait tout homme amoureux. Pan la rattrapa et l'éparpilla sur toute la Terre. Il n'en reste que l'écho, pâle imitation et une fille, Lynx, qu'Héra, pour la punir d'avoir favorisé les amours de Zeus avec Io, métamorphosa en statue de pierre ou en un oiseau utilisé dans les conjurations amoureuses, le torcol.
Pan personnifie l'instinct et était constamment amoureux et rejeté! (c'est une caractéristique qu'on retrouve selon les astrologues dans le signe du capricorne lol )
Historiquement, après la bataille de Marathon, Pan fut vénéré par les athéniens. il passait pour avoir déterminé la déroute des Perses. On lui consacra une grotte, la grotte dite de Pan., qu'on visite encore, au nord de l'Acropole.
Dans l'imaginaire populaire c'est Pan qui aurait aussi inventé l'ordre de bataille et la division des troupes en aile droite et en aile gauche, ce que les Grecs et les Latins appelaient les cornes d'une armée, si c'était même pour cette raison qu'on le représentait avec des cornes, symbole de sa force et de son invention, l'imagination populaire, de bonne heure ayant restreint et limité ses fonctions, l'avait placé dans les campagnes, près des pasteurs et des troupeaux.
Les mythes sur sa naissance Plusieurs mythes différents sont en fait consacrés à sa naissance : L’Hymne homérique qui lui est consacré en fait le fils d'Hermès et d'une nymphe, fille de Dryops. Il serait né sur le mont Cyllène, en Arcadie. Devant son apparence monstrueuse, sa mère s'enfuit, mais le père porta son fils sur l'Olympe, où sa voix puissante fit fuir les Titans. Tous les dieux de l'Olympe se réjouissent alors de le voir. Selon l'auteur, ce serait l'origine de son nom.
Selon d'autres légendes, il passait pour le fils de Zeus et de Callisto ou de Zeus et de la nymphe Thymbris, ou encore de Zeus et d'Hybris, la déesse de la Démesure. Enfin, suivant des récits postérieurs à l'Odyssée, Pan est plutôt considéré comme le fils d'Hermès par Pénélope qu'Ulysse aurait répudiée en raison de son infidélité, ou bien comme celui qu'elle conçut après avoir cédé successivement à ses cent-huit prétendants.
Pour concilier ces différentes variantes, Nonnos de Panopolis imagina l'existence d'une quinzaine de Pan différents, les uns issus du Pan primordial, alors considéré comme le fils de la nymphe-chèvre Amalthée et le frère de lait de Zeus, les autres nés d'Hermès par les nymphes Sosé et Pénélope.
Pan est présenté comme le dieu de la foule, et notamment de la foule hystérique, en raison de la capacité qui lui était attribuée de faire perdre son humanité à l'individu paniqué, et de déchirer, démembrer, éparpiller son idole. C'est l'origine du mot « panique », manifestation humaine de la colère de Pan.
Si l'on attribue à Pan des comportements peu bienveillants, il faut faire abstraction des attentions qu'il portait aux bergers et à leurs troupeaux dont il était naturellement le protecteur.
Le christianisme s'inspira sans doute de l'apparence de ce dieu très populaire, et le « diabolisa » pour lutter contre le paganisme et toute autre tradition religieuse qui résistait à son implantation. Tel est sans doute l'origine de certaines représentation du diable sous forme d'individu hideux et cornu ...
EGIPANS, SATYRES , SILENES ET FAUNES
Représentation de satyre (détail d'une gravure des jardins de Versailles)
Dans la même idée que celle qui consista à diaboliser Pan, on a toute une diabolisation des "êtres sauvages" au sens large dans la mythologie grecque, qui s'est opéré notamment après le passage de l'ère païenne à l'ère chrétienne. ce site web en parle assez bien :
http://cerbi.ldi5.net/article.php3?id_article=114Les hommes sauvages, quel sujet passionnant et en même temps si dérisoire. Car à vrai dire, qui se soucie à l’heure actuelle de leur existence ? La plupart de nos contemporains ignorent même jusqu’à la fabuleuse idée formulée par ces deux mots "homme" et "sauvage", tant ils sont accaparés par un quotidien qui ne laisse que peu de place à la pensée et au rêve. Quant aux autres, ceux qui émergent d’un sommeil somnambulique et qui voudraient lever le doigt pour poser une question, ils sont bien vite replacés dans le moule de la pensée unique par une science "officielle" qui a pour habitude de renier ce qu’elle ne peut expliquer. Enfin, il y a le facteur "peur", celui-là même qui fait détourner le regard, car Dieu sait quelle stupéfiante vérité l’on pourrait découvrir.
Toujours est-il que les derniers hommes sauvages auront très bientôt disparu de la surface de la planète, sans même que l’on se soit intéressé à leur nature et encore moins à leur sort.
Et pourtant, il fut un temps où ils faisaient partie intégrante de notre vie. Un temps où, loin de les mépriser, nos ancêtres les prenaient en considération, allant même jusqu’à leur offrir, parfois, la place d’un semi-Dieu. Des récits de cette époque lointaine sont parvenu jusqu’à nous. Ce sont ces mythologies du monde entier qui étonnent encore de par leurs nombreuses similitudes et leurs précisions touchant à l’Histoire.
Voyons un peu ce qu’elles peuvent nous apprendre sur ces "hommes sauvages", sur ces "velus" dont le souvenir est resté à jamais marqué dans la mémoire collective de très nombreux peuples.
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Les egypans
La mythologie grecque, tout d’abord, nous parle des egypans : A côté des divinités champêtres, protectrices de la Nature, gardiennes vigilantes de la vie, des biens, des intérêts de l'homme, les poètes avaient imaginé une infinité d'êtres moins divins que fantastiques qui semblent n'avoir eu, dans la fable, d'autre rôle que celui de peupler, d'égayer et parfois de troubler les solitudes des montagnes et des bois. Les Égipans, dont le nom en grec signifie chèvre-pan, étaient de ce nombre. C'étaient de tout petits hommes velus avec des cornes et des pieds de chèvre. Il existait aussi d'autres variantes d'égipans, des lions à queue de poisson, des taureaux...
Les pâtres croyaient voir ces petits monstres humains bondir dans les rochers, sur le flanc des coteaux, et disparaître dans des cavités ou des grottes mystérieuses.
On raconte aussi que le premier Égipan était fils de Pan et de la nymphe Éga. Il inventa la trompette, faite d'une conque marine, et, pour cette raison il est représenté avec une queue de poisson. Il y avait, dit-on, en Libye, certains monstres auxquels on donnait aussi le même nom. Ces êtres hybrides, avaient une tête de chèvre et une queue de poisson. C'est ainsi qu'on représente le Capricorne.
satyres et silènes Ce sont des créatures qui incarnent la force vitale de la Nature. Les silènes passaient pour avoir élevé Dionysos et étaient considérés comme des modèles de sagesse. Certaines traditions font de Silène un personnage unique , fils de Pan.
Les satyres, en revanche, étaient décrits comme des êtres mi hommes mi animaux menant une vie dissolue. Ce sont de jeunes gens à figure et corps humain avec des oreilles de cheval. Souvent, à cause de la confusion avec les faunes, on représente erronément les satyres comme des créatures mi-homme mi-bouc, avec des oreilles pointues, des cornes sur la tête, une chevelure abondante, un nez épaté, une queue de chèvre et un priapisme constant. Ils portent souvent des peaux de bêtes, de panthère (attribut de Dionysos par exemple). Un exemple en est le « faune dansant » de Lequesne, qui est plutôt un satyre.
Plusieurs âges de leur vie sont représentés. Les plus jeunes sont appelés satyrisci, ils sont représentés comme de gracieux jeunes gens — le satyre Anapauomenos (« au repos »), attribué à Praxitèle, en est le meilleur exemple. Ce sont les plus vieux satyres qui sont en fait appelés silènes, d'après Silène, précepteur de Dionysos ; Ils sont représentés comme étant d'une grande laideur. On les voit souvent une coupe ou un thyrse à la main, en train de danser avec des nymphes. (cf
cette peinture de Bouguereau)
Par analogie avec le comportement lubrique et libidineux attribué au satyre, on emploie communément ce terme pour qualifier un homme lubrique et obsédé qui recherche des relations sexuelles avec des inconnues, notamment des petites filles, ou qui se livre à des actes répréhensibles. (Petite note perso à propos du film : le choix d'une petite fille innocente et au coeur pur comme héroïne est sans doute loin d'être au hasard ... )

Pan et Ofelia dans le film Le labyrinthe du faune ( de Guillermo del toro )
Les faunesChez les Romains, les Faunes et les Sylvains étaient, à peu de différence près, ce qu'étaient les Égipans et les Satyres chez les Grecs. Dieux rustiques, on les représentait sous la même forme que les Satyres, mais sous des traits moins hideux, avec une figure plus joyeuse, et surtout avec moins de brutalité dans leurs amours. Sur les monuments on voit des Faunes qui ont toute la forme humaine, hors la queue et les oreilles ; quelques-uns paraissent avec un thyrse et un masque. Celui du palais Borghèse, ainsi désigné, est représenté jouant de la flûte.
Le pin et l'olivier sauvage leur étaient consacrés.
Les Faunes passaient pour être fils ou descendants de Faunus, troisième roi d'Italie, lequel était, disait-on, fils de Picus ou de Mars, et petit-fils de Saturne. On les distingue des Sylvains par le genre de leurs occupations qui se rapprochent davantage de l'agriculture. Cependant les poètes prétendent qu'on entendait souvent la voix des Faunes dans l'épaisseur des bois. Quoique demi-dieux, ils n'étaient pas immortels, mais ne mouraient qu'après une très longue existence.
Les Sylvains demeuraient de préférence dans les vergers et les bois. Leur père était, paraît-il, un fils de Faunus, peut-être était-il le même dieu que le Pan des Grecs. D'ordinaire le dieu Sylvain est représenté tenant une serpe, avec une couronne de lierre ou de pin, son arbre favori. Quelquefois la branche de pin qui forme sa couronne est remplacée par une de cyprès, à cause de sa tendresse pour le jeune Cyparisse qui, selon certains auteurs, fut métamorphosé en cyprès, ou parce qu'il a le premier appris à cultiver cet arbre en Italie.
Sylvain avait plusieurs temples à Rome, un en particulier sur le mont Aventin, et un autre dans la vallée du mont Viminal. Il en avait aussi sur le bord de la mer, d'où il était appelé Littoralis. Ce dieu était l'épouvantail des enfants qui se plaisent à casser des branches d'arbres. On en faisait une sorte de croquemitaine qui ne laissait pas gâter ou briser impunément les choses confiées à sa garde.
La procession des Luperques, prêtres-loups, lors de la fête des Lupercales le 15 février, lui était dédiée.
Le faune est une créature qui inspire pas mal les auteurs de fantasy modernes : ci dessous : Mr Tumnus (dans Narnia)
Le dieu FaunusDans la mythologie romaine Faunus est une divinité de la nature unique, issue de la notion première des Fauni, esprits de la campagne. Faunus était vénéré en tant que gardien des récoltes et des troupeaux, ainsi que pour ses pouvoirs d'oracle. Il était fêté dans les communautés rurales le 5 Décembre , à grand renfort de danses et de processions. En sa qualité de protecteur de la fertilité des troupeaux , il était mentionné comme Inuus ; et quand il rendait des oracles, il prenait le nom de fatuus. Il avait des équivalents féminins : Fauna et Fatua, et à l'époque historique il s'identifia avec le dieu Pan des grecs.
Très rapide, il aimait semer la « panique », parmi les mortels et les nymphes ! De l’assimilation des deux divinités, naît au début de la période impériale, une nouvelle sorte de démon campagnard, le Faune qui a hérité de l'apparence de la divinité grecque.
Le berger Faustulus, qui découvrit les jumeaux Romulus et rémus allaités par une louve (les futurs fondateurs de Rome) serait , d'après certains auteurs, la personification de Faunus, qui aurait acquis une identité d'homme à mesure que son mythe se serait développé.

Faunus dansant (2è siècle av. J.C., Pompéi )