En fait entendons-nous bien, je n'en ai pas marre des adaptations super-héroïques dans leur potentialité énorme, j'en ai marre de la manière dont c'est fait. A force de chercher à séduire la Chine et d'autres puissances, à force de vouloir être politiquement correct, à force de vouloir plaire aux féministes ...etc le matériel d'origine est comme violée par les modifications. Modifications de costume, modification de caractères, changements de couleur, modification de sexe parfois, voire de sexualité ... Aplanissement, appauvrissement, et bisounoursation des scénarios, des intrigues et jusqu'aux rebondissements. Certains grands thèmes super-héroïques ne peuvent plus être traitées. Comme la nouvelle musclorisation nous le montre, on peut désormais faire une croix sur les bikinis des super héroïnes, sur le machisme des super-héros, et sur toute sorte de nudité. Est-ce un mal ? Pas forcément dans ce domaine, mais le traitement du Mandarin nous montre que dans d'autres domaines, oui, car cela dénature certains des plus emblématiques super-vilains. Et quand un ennemi est dénaturé, son super-héros de némésis devient un faire-valoir, poursuivant une intrigue simpliste et bancale. Sauf de réels efforts de rescénarisation modernistes.
Bref, c'est compliqué. Certains ont d'ailleurs essayé de nous avertir. Zack Snyder nous a montrer un Superman semblant douté, étonné d'avoir du mal à garder la super tête froide devant la difficulté qu'il avait d'expliquer comment un personnage tel que lui pouvait continuer à aimer, dans les conditions réelles, des humains tels que nous. Le choc du rêve avec la réalité. Face à ce choc de (pop) culture, soit ce désenchantement est dénoncé, ce qui ne passe plus auprès des critiques et du box office d’aujourd’hui, soit l'histoire est édulcorée, un peu à l'image de la fausse vraie série super-héroïque mettant en scène les 7 de The Boys dans cette série éponyme.
Il en résulte de nouveaux anciens super héros et super-héroInes différents, calibrés pour les envies et les aspirations des jeunes d'aujourd'hui. Ce ne sont plus ceux d'hier et ce ne sont pas ou plus les miens. Trop mous, trop blagueurs, trop dans l'auto critiques et la dérision de leurs pairs (et impairs), trop dans la soudaineté, trop dans l'accident soudain, toujours projetés dans une intrigue qui ne les concernent pas vraiment et qui ne les désirait jamais, toujours partagé entre l'enthousiasme et le rejets de leur nouvelle vie, privilégiant toujours leur vraie vie à leur super nature, celle-ci ne revient jamais au galop et ils se mentent tous et toutes à eux-mêmes. Ou en tout cas nous le laissent penser.
Déjà, le premier Avengers nous avait mis sur la voie et aurait du nous effrayer sur ce qu'il nous attendait. Entre raillerie sur le ridicule des costumes et supériorité de la technologie et de la science sur l'extraordinaire ou la magie, tout annonçait que le fantastique serait traité comme une anomalie frappant éhontément une réalité incontestée.
Aujourd'hui, l'icônisme d'hier - pensons à la posture en araignée de Black Widow raillée par sa jeune consoeur et remplaçante - est questionné avec sévérité, et il nous tombe dessus une magnifique vallée en image de synthèse qui semble se poser sans raison sur un paysage urbain de série bien (im)plantée dans notre réalité. Car tout indique que nous en général voulons camper les pieds sur terre et moins perdre notre temps à rêver. Triste et douloureux constat s'il en est. Et si des exceptions - celles des gardiens de la galaxie - demeurent encore heureusement (combien de temps encore ?), on dirait qu'elles sont appelées à devenir de plus en plus rares désormais. Voire dispensables.
Et à l'image de cette triste et maussade actualité cinématographique renvoyant à l'affrontement acteurs et actrices contre Disney, avec un Kevin Fiege le cul entre bien des chaises, et en train peut-être de signifier le naufrage prochain et du MCU et d'un modèle cinématographique de plus en plus remis en question et en légitimité à l'heure de la pandémie, les rêveurs d'hier dans mon genre sont confrontés avec les spectateurs d'aujourd'hui, qui comme nous à l'époque, veulent des super héros et des super héroïnes qui leur ressemblent.Forcément plus habillés. Forcément plus pudiques et d'avantage protecteurs de leur intimité et de leur vie privée. Forcément indépendants et dans leur pensée, et dans leur vie. Forcément différents. Comment pourrait-il en être autrement ?
Rien à voir - quoique ... - mais j'ai revu dernièrement Golden Eye, peut-être le James Bond le plus misogyne en fait, moi même désormais calibré comme tout le monde à m'en étonner j'ai été plusieurs fois choqué, et qui ne pourrait certainement plus être tourné aujourd'hui avec sa blague sexiste toutes les deux minutes (cf. à ce sujet aussi
https://plus.lesoir.be/139182/article/2 ... es-accuses ) ... Comment s'étonner que la plupart des Batman et Superman d'aujourd'hui diffèrent de ceux d'hier ? Et comment pouvoir imaginer une seule seconde que cela ne soit pas la même pour tous les héros et méchants Marvel ?
Je continuerais à voir les films de super héros - si dans ce contexte difficile ils continuent à sortir bien sûr car la phase 5 risque d'être salement compromise désormais ne tenant plus qu'au fil du résultat de la phase 4 au box office, Shang Chi en premier ... par simple curiosité. Mais plus par nostalgie désormais. Mes super héros et super héroïnes à moi ne seront j'en ai peur jamais plus adaptés au cinéma si ce n'est sous une forme renouvelée donc dégénérée.
Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.