
Après avoir perdu une partie de sa fortune à la suite de son divorce en 1987, George Lucas n'a plus envie de revenir sur Star Wars. Il annule alors officieusement la trilogie qui devait se dérouler après Le Retour du Jedi qu'il souhaitait réaliser. En revanche, l'idée de préquelles se déroulant avant l'Episode IV l'intéresse toujours. De plus, au début des années 1990, Star Wars a un regain de popularité grâce aux séries de bandes dessinées de Dark Horse et aux romans de Timothy Zahn. Cela conforte ainsi Lucas dans son idée de réaliser des nouveaux films sur une période antérieure à Un Nouvel Espoir. De plus, en 1993, la société d'images de synthèse de George Lucas ILM effectue un pas en avant considérable dans les effets spéciaux avec la création des dinosaures de Jurassic Park. Le film de Spielberg sort le 11 juin 1993 et réalise un score historique au box-office, détrônant La Guerre des Etoiles de Lucas qui était premier depuis 1977...

Suite à ce succès sans précédant et à la qualité éblouissante du nouveau potentiel des effets spéciaux (citons également Terminator 2 : Le Jugement Dernier de James Cameron sorti en 1992 et qui avait déjà permis à ILM de réaliser un bon en avant important dans l'image de synthèse), Lucas est désormais convaincu qu'il pourra réaliser une nouvelle série de films disposant d'effets spéciaux nécessaires à son élaboration. Ainsi, en 1993, tout ceci est confirmé par des révélations alors faite sur les plans de Lucas de réaliser une série de préquelles : celui-ci a ébauché une trame générale faisant d’Anakin Skywalker/Dark Vador le protagoniste principal de la nouvelle trilogie.

Il veut ainsi présenter les origines de Dark Vador pour que la saga s’articule autour de ce personnage depuis son enfance jusqu’à sa mort. Dès lors, avant même que Lucas ne se lance dans l'écriture du scénario, Rick McCallum, désormais le seul producteur historique de la saga Star Wars toujours en collaboration avec lui, se fait la main sur la série dérivé des film Indiana Jones, Les Aventures du jeune Indiana Jones, produite en 1992 et 1993. Il se sert en effet de ce travail pour repérer des acteurs, des studios de cinéma, recruter des jeunes techniciens de talent et s'essayer à la technologie numérique pour la création de décors et de paysages. En avril 1994, McCallum commence alors à engager des dessinateurs et pour les chapeauter, le directeur artistique de la société ILM Doug Chiang est nommé responsable du design du film. Puis quelques mois après, Rick commence les repérages avec le chef décorateur Gavin Bocquet.

Lucas commence ensuite l’écriture de la nouvelle trilogie Star Wars le 1er novembre 1994. Le scénario s'inspire des quinze pages écrites en 1976 par lui-même dans lesquelles il décrivait les événements qui s'étaient produits avant la trilogie originale. Le personnage d’Anakin est d’abord décrit comme ayant douze ans, mais Lucas revoit ceci pour en faire un enfant de neuf ans, pensant après coup que la brutale séparation maternelle affectera plus un jeune garçon qu’un adolescent. Cette décision oblige ainsi Lucas à minimiser la participation d’Anakin à la bataille finale qu'il a prévu pour la fin du premier film. Il ne pilote plus tout seul un vaisseau spatial comme cela était initialement prévu, mais se fait largement épauler par le droïde R2-D2. Il nomme également le premier film La Menace Fantôme en référence à Palpatine qui cache sa véritable identité de Sith derrière le masque d'un homme politique honnête et respectable (cette nouvelle trilogie retraçant également l'accession au pouvoir de Palpatine).

Les possibilités d'avoir recours à un budget plus important et des effets spéciaux numériques de meilleurs qualité que la première trilogie font penser à Lucas qu'il peut faire de cette nouvelle série de films une grande saga avant tout plus épique. Il se permet alors de développer cinq intrigues qui se joignent les unes aux autres, l'élément déclencheur étant l'ambition de Palpatine de devenir chancelier suprême. Cela conduit alors à l'attaque de la Fédération du commerce de Naboo, des Jedi seront envoyés sur les lieux pour résoudre le conflit, et en chemin, ils rencontreront le jeune Anakin Skywalker, permettant ainsi le futur avènement des Sith. Voici en gros l'intrigue de base de Lucas pour sa prélogie.
Début 1995, alors que Lucas travaille toujours sur le scénario, Chiang et son équipe de conception commencent le processus créatif du film qui dure deux ans et qui permet d'établir des milliers de dessins. Lucas veut que le style soit différent des autres films, qu'il soit « plus riche et comme un film d'époque car il se déroule historiquement avant Un nouvel espoir ». Les trois planètes sur lesquelles se déroule l'histoire devront avoir des environnements très variés. Certains dessins d'époque de l'illustrateur McQuarrie (qui ne sera pas recontacté pour cette nouvelle trilogie) servent également de base pour la création des nouveaux lieux de cette trilogie.

L’illustratrice scientifique Terryl Whitlatch est elle spécialement chargée de la conception des créatures car elle a étudié la zoologie et l’anatomie animale. Le coordinateur des cascades Nick Gillard (ancien cascadeur sur des films comme Indiana Jones ou Aliens) est recruté pour créer un nouveau style de combat pour les Jedi de la « prélogie ». Pour les costumes, Lucas décide d’opter pour des modèles élaborés car la société présentée dans le film est plus sophistiquée que celle de la trilogie originale. La chef costumière Trisha Biggar et son équipe créent alors plus de mille costumes inspirés de diverses cultures. Enfin, Lucas fait aussi appel à une équipe de maquettistes dirigée par Steve Gawley pour créer des décors en miniature pour agrandir certains paysages virtuels.
La sortie de films comme Casper en 1995 et Coeurs de Dragon en 1996, font réaliser à Lucas que sa société est prête à s'attaquer aux décors et aux personnages entièrement virtuels qu'il avait imaginés pour Star Wars. Ainsi, la nouvelle série va marquer l’apparition de véritables environnements numériques où se côtoient des acteurs réels et des personnages en image de synthèse, dont notamment le personnage de Jar-Jar Binks.

Il utilisera également cette nouvelle technologie pour effectuer une remasterisation de sa première trilogie et sortir une nouvelle édition en 1997 avec pas mal de plans retravaillés où apparaissent de nouvelles créatures.
Au niveau du casting, Lucasfilms engage les acteurs Liam Neeson, Ewan McGregor, Nathalie Portman, Jake Lloyd, Samuel L. Jackson pour jouer les rôles principaux de cette nouvelle trilogie. Il reprend également de l'ancienne trilogie pour rejouer leur rôle Ian McDiarmid (Palpatine), Anthony Daniels (C3PO), Kenny Baker (R2D2) et Frank Oz (la voix de Yoda).

Une fois son équipe constituée, Lucas peut désormais se lancer dans le tournage de cette nouvelle trilogie, dont il reprend ainsi la réalisation après plus de 17 années d'inactivités à ce poste. Un tournage qui débute le 26 juin 1997 et qui prendra fin le 30 septembre de la même année. Ayant principalement eu lieu aux studios de Leavesden en Angleterre que Lucasfilm a loué pour une durée de deux ans et demi, les scènes de forêt de la planète Naboo sont quand à elle filmées à Whippendell près de Watford dans le comté de Hertfordshire. Le désert tunisien est lui utilisé pour les scènes sur la planète Tatooine, à l'instar de la trilogie des années 70/80. Le palais italien de Caserte est quant à lui utilisé pour les scènes d'intérieur du palais de la ville de Theed. Les scènes d'action comportant des explosions sont en revanche filmées dans des répliques construites en studio. Alors que les scènes d'intérieur sont réalisées au moyen de décors fabriqués à Leavesden, beaucoup de scènes extérieures sont également générées par ordinateur. De plus, des effets visuels sont intégrés dans pratiquement chaque plan.

En effet, de nombreux paysages sont entièrement créés en images de synthèse comme les étendues désertiques de Tatooine durant la course de pods, les champs de bataille de Naboo ou le sénat galactique. La scène de l'arrivée sur Coruscant est elle aussi entièrement numérique : elle a nécessité vingt plans appelés « peintures numériques ». Pour ce film, l'équipe d'ILM est divisée en trois groupes dirigés respectivement par John Knoll, l'éternel Dennis Muren et Scott Squires. Le premier est responsable des scènes de la course de module et de la bataille spatiale finale, le second s'occupe du monde sous-marin de Naboo et de la bataille qui oppose les Gungans aux droïdes et le troisième réalise les paysages de Naboo. L'animation est elle générée par le logiciel de modélisation tridimensionnelle Softimage et complétée par le programme interne d'ILM nommé Caricature. La capture de mouvements est également utilisée pour aider les animateurs à créer les mouvements des personnages en image de synthèse. Une fois les effets visuels terminés, les effets sonores sont ajoutés au montage par l'incontournable Ben Burtt, lauréat d'un Oscar en 1977 pour son travail sur Un Nouvel Espoir. Il faut en faite savoir que dans la saga Star Wars, seuls les dialogues enregistrés lors du tournage ne sont pas artificiels. Tout le reste est l'œuvre de Burtt. Par exemple, le bruit des modules de course s'inspire de celui de voitures de course. Le champ de force des Gungans pendant la bataille provient lui, d'un ventilateur.

En mai 1998, George Lucas projette à ses amis une première version du montage. Des scènes additionnelles sont ensuite tournées entre août 1998 et février 1999.
Au niveau de la musique, John Williams signe également son grand retour sur la saga Star Wars. Il a commencé à y travailler en octobre 1998 et débute l'enregistrement de la musique avec l'Orchestre symphonique de Londres aux studios Abbey Road, le 10 février 1999. Avec ce film, Williams décide de recourir à des instruments électroniques comme les synthétiseurs pour rehausser le son. Il a également fait appel à une chorale pour « capturer la force magique et mystique qu'un orchestre ordinaire n'aurait pas été en mesure de fournir ». Il souhaite que l'atmosphère soit « plus mystérieuse et mystique et moins militaire » par rapport aux trois premiers films. L'un des morceaux les plus connus, Duel of the Fates, utilise la chorale pour donner un aspect religieux au célèbre duel épique aux sabres lasers.
Pour le morceau Anakin's Theme, John Williams a essayé de refléter à la fois l'innocence de l'enfance d'Anakin Skywalker mais aussi de préfigurer sa future transformation en Dark Vador en ajoutant quelques bribes du morceau The Imperial March.
La bande originale du film sort le 4 mai 1999, soit quelques jours avant la sortie du film aux Etats-Unis. Cet album contient une version courte de la partition, pour en faire une expérience d'écoute originale. Les morceaux ne sont donc pas dans l'ordre du film. Une version « Ultimate Edition » contenant deux disques sera commercialisée le 14 novembre 2000 et comprendra la quasi-totalité de la partition telle qu'elle est entendue dans le film.
A l'approche de la sortie de La Menace Fantôme, l'attente de la part du public devient considérable plus de seize années après le dernier volet. Les premières pré-ventes de billets font créer des files d'attente très importantes dans tout les cinémas aux Etats-Unis (phénomène moindre dans le reste du monde), et créant au parallèle un marché noir avec des billets revendus près de dix fois leur prix original. Lucasfilm met également en place des mesures strictes conçernant l'exploitation du film dans les cinémas : celui-ci doit être projeté pendant les huit premières semaines uniquement dans la plus grande salle de chaque cinéma, aucun billet gratuit ne doit être offert, et les recettes doivent être envoyées dans les sept jours à la 20th Century Fox, le distributeur du film. La sortie de La Menace Fantôme est également avancée de deux jours, du 21 au 19 mai, et dès le 16 mai, des avants-premières sont organisées. Les autres grandes sociétés de production préfèrent quand à elles décaler les dates de sorties de leurs films afin d'éviter un combat perdu d'avance contre la machine Star Wars. Vient ensuite le jour J et la sortie officielle du film.

Sortie le 19 mai 1999 aux Etats-Unis et le 13 octobre 1999 en France, La Menace Fantôme est comme attendu un énorme succès public, battant ainsi plusieurs records au box-office. Il bat tout d'abord le record de Le Monde Perdu : Jurassic Park 2 du plus gros revenu brut en une seule journée (avec plus de 28 millions de dollars le jour de sa sortie). Il devient ensuite le film ayant franchi le plus rapidemment possible la barre des 100 millions de dollars (en cinq jours seulement). Il devient également le film ayant atteint le plus rapidement les barres des 200 et 300 millions de dollars.
Au final, il rapportera plus de 431 millions de dollars sur le seul sol américain, soit un score très proche du tout premier film Star Wars qui à l'époque avait rapporté plus de 460 millions de dollars. En revanche, le film est un énorme carton dans le reste du monde, et ses recettes globales s'élèveront à plus de 984 millions de dollars de recettes, devenant ainsi le deuxième plus gros succès de tous les temps derrière l'insubmersible Titanic.
En France, il est également le plus gros succès de la saga avec plus de 7,3 millions d'entrées, loin devant l'Episode IV qui culminait à 3,8 millions d'entrées.
Néanmoins, malgré ce succès public incontesté, le film divise les critiques. De nombreux aspects du scénario ont en effet été critiqués, en particulier le personnage de Jar Jar Binks qui est considéré par de nombreux fans comme un prétexte pour vendre des jouets. Une controverse naît rapidement après la sortie du film autour de plusieurs personnages exotiques qui reflèteraient des stéréotypes raciaux. Jar Jar Binks avec ses oreilles tombantes semblables à des dreadlocks, son esprit lent, son style lourdaud et son phrasé proche du créole jamaïcain rappelle fortement les adeptes du mouvement rastafari. Les Neimoidiens cupides et corrompus de la Fédération du commerce ont un accent d'Asie de l'Est et le ferrailleur sans scrupules Watto est vu comme un stéréotype juif car il rappelle à certains Fagin, le personnage de Charles Dickens. George Lucas nie cependant s'être inspiré de ces stéréotypes.
L'introduction de midi-chloriens, des organismes microscopiques qui interviennent dans l'utilisation de la Force fait également controverse chez les fans. Certains y voient un concept qui nie la qualité spirituelle de la Force, bien que le film dépeigne encore la Force comme une entité mystérieuse qui utilise les midi-chloriens pour communier avec le corps humain.
Mais on retrouve aussi quelques critiques positives du film, louant notamment la réalisation, l'histoire riche, le jeu d'acteur de Liam Neeson très convainquant en Jedi Qui-Gon Jin et les scènes d'action, dont le duel mémorable entre Dark Maul et les Jedi. En particulier, les mauvaises critiques viendraient surtout du fait que les gens en attendaient trop de La Menace Fantôme.
Mais au final, ce seront surtout les critiques négatives qui l'emporteront, soulignant le fait que l'esprit des films originaux ait été perdu au profit d'un tout va pour les effets spéciaux au détriment d'une réalisation et d'une direction d'acteur négligée.
Le film sera nommé aux Oscar des Meilleurs effets visuels, du Meilleur mixage de son et du Meilleur montage son, mais perdra les trois face au film Matrix. Là aussi, une page se tourne, et c'est malheureusement aux Razzies Awards que La Menace Fantôme fera parler de lui avec plus de sept nominations, dont pire film, pire réalisateur, pire scénario, pire second rôle masculin, pire second rôle féminin et pire couple de cinéma.

La Menace Fantôme de retour en 3D !

Comme tout le monde le sait, Star Wars est de retour l'année prochaine au cinéma en 3D.
L'occasion de redécouvrir les six films sur grand écran avec la technologie relief.
L'épisode I La Menace Fantôme, sort le 11 février 2012 et le site officiel starwars.com publie la première affiche de cet évènement qui met en valeur Dark Maul qui sera aussi de retour dans la série The Clone Wars.

Vivement de retourner dans cette galaxie lontaine très lointaine et en 3D !