Au cours d'un voyage en Inde, Ruth, belle et jeune Australienne, est bouleversee par un gourou. Inquiete, sa famille imagine un stratageme pour la faire revenir et demande a l'Americain P.J. Waters, specialiste de la deprogrammation spirituelle, de la ramener a une culture plus occidentale. Pour lui, le cas pourrait etre regle en vingt-quatre heures. Deux jours plus tard, le pouvoir change de camp. P.J. Waters, le professionnel du desenvoutement, doit affronter, desarme, l'emprise de sa passion pour Ruth, son ange vengeur.
Hier soir j'ai vu ce film de la talentueuse réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion (réalisatrice entre autre de l'excellent film La leçon de piano qui fait partie de mes films cultes de la série Top of the lake - excellente au passage - de Bright Star, de Portrait de femmes ... )
Au casting on retrouve Kate Winslet (fraichement auréolée de son succès dans Titanic à l'époque) et Harvey Keitel, qui a déjà tourné dans La leçon de piano (de la même réalisatrice) et encore une fois excellent dans ce film.
A la musique on a une composition de plusieurs musiciens (avec des airs de Alannis Morisette, Burt Bacharah, Neil Diamond, Annie Lennox - connue notamment pour la chanson de fin du seigneur des anneaux - Le retour du roi - et surtout Angelo Badalamenti, compositeur très connu notamment pour ses excellentes compositions dans bon nombre de films de David Lynch comme Mulholland Drive ou la série Twin Peaks ou sur le film La PLage de Danny Boyle)
autant dire qu'au niveau musique on a du bon, et ça se ressent avec des passages fort sympa (mention très bien notamment au générique de fin que je suis en train de me réécouter, d'inspiration un peu hindouiste )
Mais parlons du film.
Cette réalisatrice me touche, souvent profondément. C'était déjà le cas avec La leçon de piano (autre film doté d'une bande son superbe d'ailleurs avec le thème si sublime au piano de Michael Nyman à l'époque) Je trouve qu'elle sait magnifiquement bien mettre en scène les femmes notamment (je vous conseille au passage la série Top of The Lake avec Holy Hunter si vous ne l'avez pas vu)
Ses films et séries sont toujours plein d'humanité, avec de bons acteurs, et encore une fois sur ce Holy Smoke ça se vérifie. Je crois que je n'avais plus apprécié autant Kate Winslet depuis le film Titanic, ça m'a fait vraiment plaisir de la revoir dans ce rôle assez touchant, où elle exprime si bien son jeu d'actrice (avec aussi d'ailleurs quelques scènes assez érotiques sur les bords )
Le film mélange beaucoup de choses, et de thématiques. Au début du film, le personnage joué par Winslet est en Inde, elle s'est fait manipuler par une sorte de gourou, adopte les coutumes locales, sa famille cherche à la ramener chez elle parmi les siens, en Australie, et suite à un subterfuge, ils y parviennent. Un spécialiste du déconditionnement (joué par le très bon acteur Harvey Keitel) est engagé par la famille pour tenter de ramener Ruth (le personnage de Winslet) "sur le droit chemin"
C'est donc un film qui parle beaucoup de la manipulation, de contre-manipulation. Au début je me suis dis que ça allait parler des sectes, de la façon dont certains individus se laissent embrigader, de la difficulté de sortir de ce genre de spirales. Et le film aborde en effet ce sujet, mais plus il avance plus il glisse vers autre chose, avec notamment le personnage de Keitel (censé démanipuler) qui se laisse lui-même à son tour manipuler, on a ainsi un jeu subtil intéressant, et un peu cocasse et érotique, entre les deux personnages qui donne toute sa saveur au film. C'est filmé avec beaucoup d'empathie, d'humanité, ça oscille souvent entre le drôle (les proches du personnage de Winslet notamment sont assez loufoques !) et la tragédie, on sent encore et toujours l'emprunte assez féministe de la réalisatrice, déjà ressentie dans beaucoup d'autres de ses oeuvres, mais c'est décidément toujours chez elle un féminisme qui me touche et que j'aime, jamais dans le manichéisme primaire, jamais comme on le voit parfois chez d'autres "je m'amène avec mes gros sabots et je vous assène les répliques énervantes" c'est tout en finesse, en subtilité, et la fin du film - que je ne tiens pas à spoiler ici - est en soi assez ironique (jusqu'au dernier moment d'ailleurs je me demandais un peu quelle allait être la chute, et si j'allais aimer, détester, si elle me ferait grincer des dents, m'émouvoir, mais la non prévisibilité est finalement aussi une force du film qui sait nous embarquer dans son trip de la première à la dernière seconde.
Je ne sais pas s'il plaira à tous, je vous le conseille fortement, si vous êtes cinéphiles, encore plus fortement si vous avez déjà aimé et testé les films ou séries de Campion comme La leçon de piano, c'est une petite expérience fort charmante, moi j'avoue être en osmose avec ses oeuvres, un peu comme d'autres réalisateurs (Malick, Lynch) difficile d'être 100% objectif, cette réalisatrice a quelque chose qui me touche.
Superbe expérience !!