Ah, je vais recopier ça ici puisque le topic existe
Scarabéaware a écrit :Carrément 20/20 pour le Showgirls de Verhoeven, toi on peut dire que tu y prends du plaisir et pas qu'à moitié
20/20 car on y retrouve subtilement le topo caché de son Starship Troopers, à savoir la déshumanisation, ici volontaire et réellement crédible, de ses personnages. C'est évidemment d'autant plus subtil que le terrain choisi - pour faire simple l'exhibitionnisme et le voyeurisme - est frappé d'un classique paradoxe, celui d'être à la fois désiré et dénigré, là où dans son space opera détourné la violence et la destruction est forcément morbide.
En témoigne le choix d'Elisabeth Berkeley interprétant dès le départ une femme à la fois ange et succube, mi vertueuse et candide, mi luxurieuse et manipulatrice, parfaite dans le rôle, un peu à l'image d'Elle Fanning dans The Neon Demon, la vulnérabilité en moins.
L'autre brio, là aussi incompris à l'époque - un peu comme Starship Troopers, le puritanisme en plus, le film a été dénigré et même conspué à sa sortie, avant de devenir culte plus tard, c'est l'absence totale de jugement - contrairement à Starship Troopers, d'ailleurs - Verhoeven montre un système sans jamais prendre de partie, ni même grossir le trait, de manière brute - voire brutale lorsqu'il bascule logiquement dans l'excès - et sans filtre. Cela comprend bien évidemment la nudité ici comme dans ses autres films toujours charnelle et crue, et rarement sensuel - voire jamais, il a d'ailleurs livré à ce sujet que le studio le lui avait reproché sans cependant l'interdire.
Effectivement, Carolco à l'époque sombrait du à l'insuccès de l'île aux pirates, et le prestige relatif dont jouissait alors Paul Verhoeven (suite à Robocop et autres succès de l'époque notamment Basic Instinct évidemment) lui assurait une carte totalement blanche, lui-même a dit qu'il avait pu tourner Showgirls exactement comme il le souhaitait, ce qui lui a permis de détourner de nombreuses scènes, et c'est là qu'on trouve sa mise en scène volontairement excessive comme lorsqu'il décide de sublimer le côté "succube" de Mina en transformant des déhanchées qui se devraient sensuels en déhanchés furieux et dévastateurs. S'il avait voulu alors transformer son film en film d'horreur, c'est sans doute là qu'il l'aurait fait. Mais il se voulait plus fort que ça, et n'a jamais perdu son point de mire qui est de démonter, en filigrane, tout un système basé sur des pêchés tels l'avarice, la luxure, l'envie, l'orgueil, et la gourmandise ... menant bien évidemment à la colère et finalement à la paresse, celle du personnage de crystal, pas si clair bien sûr, qui profite de la colère de sa vis-à-vis à la fois détestée et adorée - toujours les opposés qui s'attirent, autre topo sempiternel de Paul Verhoeven - pour se reposer.
Bref, l'image de la succube cachée n'est pas vaine, car c'est bien un film sur les sept pêchés capitaux qu'il nous pond là, même si le moteur ici est celui de luxure, bien sûr.
On avait tout cela déjà suggéré dans le résumé du film d'ailleurs :
Nomi, surgie de nulle part, arrive à Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. Modestement, elle débute dans une boite de strip-tease. Elle est dotée d'un réel talent et ne souffre d'aucune pudeur. Elle se retrouve rapidement plongée au coeur des grands shows. Parviendra-t-elle à garder son âme ?
d'autres points de vues et critiques :
http://www.dvdclassik.com/critique/showgirls-verhoevenhttps://www.lemonde.fr/m-moyen-format/a ... 97271.htmlhttps://explicationdefilm.com/2017/06/25/showgirls/Je rajouterais que Showgirls est aussi l'anti American Dream par excellence, dans le sens que, comme tant d'autres films de ce genre, Mina monte une à une et évidemment péniblement et avec courage chaque marche du grand escalier qu'elle désire gravir pour, en son sommet (elle s'y fait appeler la déesse quand même), faire avec fracas demi-tour et dévaler l'escalier dans son sens exactement inverse, mais sans étapes, genre elle saute de la dernière marche à la première marche - l'auto stop - pour mieux montrer qu'elle n'a pas choisi de gravir le bon escalier et qu'il vaut mieux tout recommencer
Au cas où on ne l'a pas bien compris, Verhoeven appuie ce sens là en la faisant, chose improbable s'il en est, être prise en stop par le même conducteur
Magistral final
... qui est cependant volontairement amoindri par Paul Verhoeven, conscient que sa créature n'existe tout simplement pas, ou alors est unique dans son genre ... d'ailleurs, elle se nomme Nomi Malone, soit
No, Me I'm alone