Hier j'ai visionné ce film français, réalisé par la cinéaste Céline Sciamma ..
Désireux de poursuivre un peu la filmographie de cette réalisatrice à qui l'on doit notamment le film Naissance des pieuvres (et dont le thème était la naissance d'un amour homosexuel entre des adolescentes près d'une piscine) , je me suis donc tourné vers ce film sorti en 2019 (soit 12 ans après l'autre) et où l'on retrouve l'actrice Adèle Haenel, avec 12 ans de plus !!
J'ai d'ailleurs appris en faisant des petites recherches sur le film et la réa qu'elle a été en couple avec la réalisatrice pendant un temps, depuis l'époque de Naissance des pieuvres
Le thème de l'amour homosexuel est un thème qui est apparemment cher à Céline Sciamma puisqu'on le retrouve encore une fois dans ce film dont l'ambiance est fort différente : il s'agit ici d'un film en costume se déroulant au 18ème siècle, et dans lequel nous retrouvons trois jeunes et belles actrices (l'une d'elle m'a particulièrement touché d'ailleurs, j'étais persuadé de la connaitre et de l'avoir déjà vu quelque part et pourtant ... non !!! j'ai beau éplucher sa filmo, je n'avais encore rien vu d'elle, pourtant, c'est dingue comme j'étais sûr de l'avoir déjà vu ! il s'agit de Noémie Merlant que j'ai trouvé incroyablement touchante dans ce film (ça m'a énormément donné envie de poursuivre sa filmo )
Bref, de quoi est-ce que ça parle. Je vais recopier le synopsis d'allociné :
1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
Marianne, la jeune peintre, est donc joué par Noémie Merlant, que j'ai trouvé très impactante dans ce film.
J'étais un peu moins fan d'Adèle Haenel mais son jeu reste intéressant et le couple qu'elles forment marque les esprits. En plus on a un troisième personnage qui entre en jeu ici (qui ne participe pas aux relations amoureuses mais qui fait son petit effet aussi dans le film) c'est Sophie, une jeune servante d'Héloïse (incarnée par Luàna Bajrami que je découvre aussi, j'ai beaucoup de retard en matière de cinéma français en ce moment. Et à dire vrai ça m'a donné envie aussi de découvrir sa filmo, elle a joué dans plusieurs films que je ne connais pas notamment Les deux Alfred de Bruno Podalydès ....
Adèle Haenel (Héloïse)
Un beau casting féminin donc, et auquel vient s'ajouter la Comtesse (incarnée par Valeria Golino ), qui est la mère d'Héloïse (absente une partie du film de la demeure où se déroulent les événéments ce qui laisse libre court à nos protagonistes pour ... faire des chsoes ensemble )
Un bon film sur les relations homosexuelles encore une fois, comme naissance des pieuvres. Les cadrages sont très beaux, la mise en scène, bien que parfois un peu convenue (ou plutôt .. classique je dirais, il ne faut pas trop chercher de surréalisme ou d'effets un peu étranges dans ce film, c'est pas du David Lynch) mais c'est efficace. ça nous emporte dans son romantisme, les actrices sont belles et touchantes, la musique, assez peu présente, et les lieux sont essentiellement la demeure d'Heloïse et son extérieur immédiat avec une plage où nos héroïnes se retrouvent ensemble régulièrement (mais le film contient assez peu de scènes dénudées et surtout en intérieur) c'est un film à effet érotique mais plus dans la suggestion tout le long.
Alors apparemment, lors du festival de Cannes l'actrice Adèle Haenel ainsi que Sciamma (la réalisatrice) se sont levé en pleine cérémonie de colère (au moment où Cannes avait récompensé un autre film, le fameux Dreyfus de Polanski) : vous vous souvenez sans doute de cette scène qui avait fait grand bruit dans les médias ... Je ne dirai rien car malgré son passé trouble Polanski est aussi un réalisateur que j'adore pour plein de films, et j'avais été content pour ma part que dreyfus soit récompensé notamment pour la thématique, même si objectivement, je ne trouve pas que c'était le meilleur film de Polanski (loin de là même)
et en voyant hier Portrait de la jeune fille en feu, sincèrement, ce film-ci m'a plus emporté que l'autre.
Par ailleurs c'est un film qui parle de la peinture, et l'on suit durant presque tout le film la réalisation progressive de tableaux d'Héloïse par Marianne, avec des petites réflexions sur la subjectivité et l'orientation d'une oeuvre d'art : comment arriver à capter un visage, un moment, un sourire, une ambiance. c'est loin d'être le premier film à parler de ça si on pense à la Belle noiseuse avec Beart et d'autres, mais il est plutôt intéressant aussi pour cet aspect aussi .. Par ailleurs, si la bande-son est relativement peu présente on a aussi des petites allusions à la musique et notamment une oeuvre célèbre de Vivaldi jouée au clavecin.
Il faut noter aussi que le film comporte plusieurs petites allusions au mythe fameux grec d'Orphée et Eurydice, notamment à travers une belle scène de lecture d'un passage des métamorphose d'Ovide, où nos héroines réfléchissent au sens de la séquence où orphée se retourne, scellant le destin de sa bien-aimée.
l'une des héroines, je crois que c'est le personnage de Marianne (Noémie Merlant) l'interprète d'ailleurs en disant qu'à ce moment, Orphée fait le choix du poète et non de l'amoureux, afin de garder intact la vision qu'il a de sa bien aimée dans l'éternité. Symboliquement, c'est une belle séquence je trouve et qui fait évidemment échos à certains passages du film lui-même avec la romance tragique et interdite qui se construit peu à peu ...
d'autres allusions à ce mythe un peu plus subtiles se retrouvent.
Et pendant qu'on parle d'art et de peinture, signalons au passage que les tableaux qu'on voit dans le film (qui sont peints par Marianne au sein de l'histoire, ont en réalité été réalisés par l'artiste peintre Hélène Delmaire rendons quand même à César ce qui est à César
Le film n'est pas non plus sans défauts j'ai trouvé. Si certaines scènes de dialogue sont impactantes, touchantes, si la mise en scène est souvent belle, nous emporte malgré le minimalisme des décors et lieux, malgré le peu de personnages, c'est presque un huis clos tout le long, j'ai trouvé aussi par moment notamment plutôt dans la dernière partie que le film était un peu plus pataud, des dialogues un peu trop convenus, ou qui trainent en longueur, ça m'a fait une impression plus bizarre qu'au début où le film me semble beaucoup plus subtil.
Par moment (même si je préfère l'autre film) Portrait de la jeune fille en feu m'a rappelé certaines séquences du film La leçon de piano (de Jane Campion, autre célèbre cinéaste néozélandaise connue pour ses thèmes féministes et son romantisme), notamment à travers une scène vers le début où l'héroine plonge d'une barque dans l'eau pour récupérer un tableau (qui rappelle en chronologie inversée une scène à la fin de la leçon de piano où l'objet n'est pas le même (je vous laisse voir, on va pas tout spoiler non plus !)
Apparemment Céline Sciamma la réalisatrice a dit avoir pour influence La leçon de piano, donc j'avais vu juste elle évoque aussi Barry Lyndon (de Kubrick, rien que ça) , et Mulholland Drive (de David Lynch, rien que ça encore !! qui au passage est l'un de mes films préférés toutes époques, si vous ne connaissez pas il n'est pas trop tard pour vous y mettre ) et sur ce point là je ne dirais pas que ce film ressemble à l'autre (que je classe plusieurs crans au-dessus) à part évidemment pour certaines scènes érotiques et d'amour entre les héroines mais pour ma part je retiendrai encore plus le duo Naomi Watts / Laura Harring dans le film de Lynch) , sans faire injure au film de Sciamma qui est aussi un très beau film.