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Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Genre le plus prolifique du cinéma, décliné en des milliers de films de tout type. Comique comme dans Lucky Luke, dramatique comme dans Danse avec les loups ou spaghettis dans le bon, la brute et le truand, voire anthologique avec Il était une fois dans l'Ouest, Hollywood lui a créé une infinité de héros et d'héroïnes et ce des deux côtés de l'âme d'un colt ou d'un fusil. Cow-boys, pistoleros, filles de joie ou tenancières de saloon, tuniques Bleues, outlaws ou bandits de grands chemins, tous nous fantasment la vie et les légendes de ceux qui ont bâti l'Ouest, rué vers l'or et dessiné les contours des USA. Ultime paradoxe, son conteur se nomme Personne.
Náin

Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » lun. août 17, 2020 1:36 pm



Keoma (VO : Keoma il vendicatore) est un western italien d'Enzo G. Castellari avec Franco Nero, Woody Strode et William Berger sorti en 1976. Il marque la dernière oeuvre véritablement importante du western italien qui se perdait alors en films auto-parodiques à n'en plus finir et des petites productions médiocres à petit budget.



Il raconte l'histoire de Keoma, un métisse dont la famille indienne a été décimée qui fut recueillit par William Shannon, se créant ainsi l'inimitié des trois fils du pistolero. Adulte, il revient dans sa ville natale après avoir combattu pour l'Union. Il retrouve une terre désolée, en proie à la peste, et dirigée par Caldwell, un ancien officier sudiste.



Castellari, réalisateur de plusieurs westerns (dont le très moyen Sept Winchester pour un massacre) de commande, livre ici son meilleur western et de la bouche même du réalisateur, son meilleur film. A une époque où le western européen se perdait dans la surenchère de blagues de plus en plus lourdingues et annonciatrice de la fin du genre, Castellari s’attelle alors à un nouveau western, loin des volontés et standards de l'époque. Libéré de la pression des producteurs, il réalise alors western sérieux, sombre et pessimiste. L’esthétique générale renvoie à un Moyen-Âge sombre, représentant des âges obscures. La peste, les cabanes en ruine, la ville pleine de poussière et de boue où règnent le désordre et le bois à moitié brûlé. On a même le droit à une forme de supplice de la roue.



L'Ouest de Keoma, dévoré par la peste, est donc un âge obscur tel qu'est imaginé le Moyen-Âge. Y règne outre la maladie et le désespoir, la violence et la mort, laquelle vagabonde sous l'aspect d'une vieille femme, tirant une charrette et suivant Keoma. Ce dernier sort d'une guerre qu'il juge sans intérêts, la prétendue liberté des noirs étant fortement remis en cause avec le personnage de Woody Strode. Dans cette atmosphère pessimiste et cruelle, Keoma apparaît comme le Messie. Cheveux longs, barbu, haït par beaucoup, il subit une véritable forme de crucifixion sur la roue. Le message qu'il apporte n'est cependant pas des plus réjouissants "le monde n'est que pourriture" dira-t-il. Il exhorte et inspire ceux qui lors de son absence n'avaient pas le courage d'agir, et il ne cessera de protéger la femme enceinte tout le long du film, dans un monde cruel et extrêmement violent. On y violente plus seulement la femme et l'enfant, on y violente la femme enceinte sans aucune forme de scrupules. La fusillade finale, où les cris de la femme accouchant recouvrent les coups de feu et la mort des trois frères, et d'une beauté profonde. Tandis que certains meurent et d'autres naissent, Keoma laisse l'enfant dans les bras de la mort, laquelle le supplie, tel la voix de l'excellent BO du film, de prendre en charge l'enfant. Ce dernier lui répondra que cet enfant libre ne peut craindre la mort. Keoma vient-il ainsi d'échapper à la mort, qui le suivait tel une ombre tout au long du film, en renvoyant à sa propre condition d'homme libre ? Ou annonce-t-il de quoi l'homme nouveau sera fait, sortant de l'âge obscur, cet âge moyen pour un âge nouveau et meilleur ? Keoma n'est-il pas après tout le prophète ?


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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mar. août 18, 2020 11:55 am

Le film a, en apparence, quelques similitudes avec DJANGO (la ville sous le joug de bandits, des anciens Sudistes qui dirigent tout menés par un ancien officier (Eduardo FAJARDO dans DJANGO, Donald O'BRIEN ici))... Keoma, tout comme Django, qui abat quelques Sudistes puis dit au survivant "reviens avec tous tes copains je vous attends...".

Mais on a un film curieux et prenant qui mélange différents genres...
CASTELLARI explique dans le documentaire souvenir que Franco Nero rendit aussi hommage à son père avec ses cènes d discussion avec celui de son personnage (William BERGER)... (""Je ne dirais pas ça de cette façon à mon père"... "Il aurait répondu plus lentement" )...

Le film aura un "clone" juste après MANNAYA L'HOMME A LA HACHE de Sergio MARTINO au scénario et avec un héros similaire (Maurizio MERLI)...
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » mar. août 18, 2020 12:55 pm

Oui clairement il y a des similitudes avec Django. La ville boueuse aussi qu'on peut ajouter. Castellari s'inspire également beaucoup de Peckinpah (pour les plans ralentis notamment) et de Ford.

Quant à Mannaja il est très connu mais j'ai jamais réussi à mettre la main dessus.

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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Scarabéaware » mar. août 18, 2020 11:16 pm

Il a l'air bien sombre comme il faut celui-là, j'imagine qu'il vaut mieux pas le voir en déprimant :mdr:. C'est de quoi dresser un portrait sociétal peu réjouissant ça. Bon pis sinon j'écoute le thème là j'aime assez.
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mer. août 19, 2020 12:46 pm

SCARAB: je confirme NE SURTOUT PAS VOIR SI ON A PAS LE MORAL... Et ça vaut aussi pour MANNAYA...
NAIN: Le film était encore y a peu en VF sur YouTube mais en cherchant pour te passer un lien je n'ai trouvé que des versions anglaises... :(
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » mer. août 19, 2020 12:49 pm

eeeet oui

(j'ai regardé aussi :tire-langue: )

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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mar. août 25, 2020 4:33 pm

Pour en revenir à KEOMA je l'ai revu hier et j'ai rejeté un oeil au livret du coffret collector Les Introuvables que j'avais eu en 2004 (en duo DVD avec EL CHUNCHO). Une autre source d'inspiration est le western d'Anthony Mann LA PORTE DU DIABLE (1950) avec Robert Taylor... Taylor y joue le rôle de Lance Poole un ancien sergent de cavalerie Nordiste Indien revenant chez lui après la guerre civile... Découvrant la ville sous la coupe d'une riche famille d'éleveurs racistes qui interdisent l'accès de la ville et des terres de pâturage aux indiens Lance envisage de reprendre les armes... Il engage un avocat pour une action en justice... Qui s'avère être une avocate et qui finit par tomber amoureuse de lui... Mais quand le tribunal composé de racistes anti indiens le déboute et qu'un de ses parents meurt car on a empêché le médecin de soigner "un pouilleux d'indien" Lance reprend les armes...
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » mar. août 25, 2020 5:37 pm

ZORRO a écrit :Pour en revenir à KEOMA je l'ai revu hier et j'ai rejeté un oeil au livret du coffret collector Les Introuvables que j'avais eu en 2004 (en duo DVD avec EL CHUNCHO).

? Un coffret ?

Moi j'ai les deux en DvD dans la même collec mais je savais pas qu'ils faisaient des coffrets

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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mar. août 25, 2020 7:25 pm

Enfin c'est un coffret plat avec les deux films en DVD et livret lors de la première édition à l'été 2004 et y a eu aussi Django avec LES QUATRE DE L'APOCALYPSE de Lucio Fulci
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » mar. août 25, 2020 7:26 pm

ah oui je vois

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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mar. août 25, 2020 9:36 pm

Ils ont pas dû marcher longtemps car ensuite j'ai reçu chaque film en DVD simple mais avec les mêmes bonus
Modifié en dernier par ZORRO le mer. août 26, 2020 12:49 pm, modifié 1 fois.
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar phoenlx » mer. août 26, 2020 1:16 am

bon celui-là il faut que je le vois aussi :super:
Qu'importe la destination c'est le voyage qui compte
Notre histoire deviendra légende

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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar ZORRO » mer. août 26, 2020 12:49 pm

JE REPETE: NE PAS REGARDER SI ON A PAS LE MORAL !!
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Náin » mer. août 26, 2020 12:52 pm

phoenlx a écrit :bon celui-là il faut que je le vois aussi :super:

:poignée de main:

Et Django.

Numby
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Re: Keoma (d'Enzo G. Castellari)

Messagepar Numby » mer. mars 10, 2021 5:22 pm

La première partie fait très Leiji Matsumoto : west-ern théâtrale, mystérieux, mélancolique, éthérée, avec des paysages vides, délabrés mais fascinants, des personnages archétypaux voire allégoriques, et la musique qui va avec... et après quand on voit toute la brutalité improbable du machin, on se dit "'c'est Gun Frontier" :lol:

Globalement c'est un bon film, tous les acteurs sont charismatiques, en particulier Keoma et son papa... d'ailleurs les scènes avec le papa sont toutes de très belles scènes. Par contre, la scène où Keoma rouste ses frères est longuette, et la grosse baston finale l'est plus encore, et n'a aucune cohérence spatiale :lol:
Les scènes après la crucifixion de Keoma manquent de subtilité : les pastiches des tableaux christiques étant beaucoup trop appuyés.
Et c'est aussi chaud à la fin quand il abandonne le bébé à une vieille, en sortant une phrase très Matsumotoesque : "si c'est un homme, il est libre !", avant de repartir en bon héros solitaire ! Après, pour moi la vieille c'est une sorte d'Ange de la Mort, elle apparaît chaque fois que Keoma est sur le point de mourir, ou à la mort du papa... et elle traîne une charrette telle l'Ankou. À mon avis, elle n'existe pas vraiment : elle se téléporte de scènes en scènes, et Keoma semble être le seul à la voir et l'halluciner.

Ah et les ralentis dans la bastion finale quand ils sont six à poursuivre le héros ça donne un effet involontairement très comique ! :mrgreen:
Par contre, les cris de la femme enceinte dans la fusillade entre les frères, qu'est-ce que j'ai trouvé ça gonflant, sérieux...


En bref, un film qui m'a captivé au début mais qui m'a un peu lassé sur la longueur. Cela dit je le recommande chaudement.

JE REPETE: NE PAS REGARDER SI ON A PAS LE MORAL !!

Zut, trop tard.
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