Messagepar arwen323 » sam. août 23, 2014 2:55 pm
Très tôt dans Homeland, dès l'épisode 4, l'idée du groupe de parole fait irruption. Il sert même de prétexte à Carrie pour entrer en contact avec Brody. Cet élément était également présent dans Hatufim mais il arrive beaucoup plus tard dans un épisode 9 d'une sensibilité incroyable.
Alors que Yael se rapproche un peu plus d'Ilan, l'officier de liaison de l'armée, elle découvre également son travail au quotidien : suivre un nombre de dossiers faramineux, à tel point que son travail s'affiche sur ses murs. Cette même image a été reprise plus classiquement dans Homeland et intégrée au sein de l'intrigue terroriste, notamment dans la maison de Carrie.
Les informateurs ne sont pas toujours ceux qu'on croit. Cette thèse a été utilisée dans deux contextes différents par les deux séries. Dans Hatufim, pendant l'épisode 8, Uri et Nimrod, qui ont donc disparu pour leurs proches, se sont en réalité rendus à l'adresse qu'on leur avait fourni. Mais la confusion règne et personne ne semble vraiment savoir pourquoi on leur a demandé de s'y rendre. A la toute fin de l'épisode 8 - et c'est confirmé à l'épisode 10 -, on comprend pourtant qu'une femme - la fille, qui n'était pas mise en avant dans la mise en scène - nous cache quelque chose. Dans Homeland, ils n'en font pas une fin d'épisode, mais une source pour Carrie qui cherche à mettre la main sur Tom Walker. La femme d'un imam - ce dernier refusait de partager ses informations - est allée ainsi discrètement discuter avec l'agent de la CIA pour lui donner ce qu'elle cherchait
La chute de Carrie Mathison à la fin de la saison 1 de Homeland peut être comparée à la rechute psychologique de Yael, qui n'arrive pas tout à fait à s'affranchir de l'image de son frère, ce qui peut la mener à faire de terribles choses...
Pas d'images pour ce dernier paragraphe mais des chiffres, extraits des dialogues issus des deux séries. Je vais commencer avec un premier chiffre, probablement représentatif du fossé qui s'est creusé entre les deux séries. Tout au long de la première saison d'Hatufim, le terme Terrorisme/Terroriste n'a été cité qu'une fois, au cours de l'épisode 5. Le chiffre monte à 46 dans le cas d'Homeland. Dans cette optique, le champ lexical de la religion et notamment de l'islam est bien plus important dans Homeland (59 fois) que dans Hatufim (7 fois).
Enfin, à l'inverse, tout le vocabulaire lié à la prison et à la captivité revient tout au long de la saison 1 d'Hatufim (52 fois - elle s'intensifie même vers la fin de la saison) alors qu'elle chute très rapidement dans Homeland (33 fois, dont 17 fois dans l'épisode pilote).
Pour le créateur d'Hatufim, Gideon Raff, la stabilité géopolitique au Moyen-Orient est un thème redondant - et en même temps un levier narratif non négligeable. Le Liban est un des pays importants de la région - notamment dans ses relations tumultueuses avec Israël -, il occupe ainsi une place dans les deux séries. Dans Hatufim, pendant l'épisode 7, Nimrod, qui s'ennuie dans son nouveau job, tombe sur un reportage qui le ramène à son ancienne condition. Il découvre ainsi le Liban accueillir les prisonniers qui ont servi de monnaie d'échange. Le Liban n'est cité que dans quelques épisodes de la saison 1 de Homeland, mais il sert de départ pour sa saison 2. Saul Berenson, le mentor de Carrie, s'y est installé.
Une arme à feu est peut-être banale dans des séries où la question militaire et de renseignement est omniprésente. Cependant dans Hatufim et Homeland (dans les épisodes 7 et 8 respectifs ), les armes sont très peu visibles, l'image étant utilisée comme élément à suspense. Dans Hatufim, Nimrod dissimule une arme de poing dans une mallette. On ignore alors totalement ses intentions. Du côté d'Homeland, le fameux Tom Walker a, lui, en sa possession, une arme de plus gros calibre.
C'est une question qui se pose dans le cas des deux séries : qu'ont fait les prisonniers durant leur captivité ? Là encore, Homeland a repris l'idée avancée par Hatufim. Dans la série israélienne, on découvre qu'Uri a dû prendre en charge l'éducation d'un certain Ismaïl pendant la période de sa détention. Son nom apparaît pour la première fois dans l'épisode 7, après qu'Iris a inspecté à la loupe (et sans jeu de mots) les inscriptions de son journal intime. On découvre ensuite en gros plan le visage de ce petit, notamment au cours de l'épisode 8. Dans Homeland, Ismaïl s'appelle Issa et son nom est prononcé par Brody au cours d'une nuit (épisode 7) où il a couché avec Carrie. On découvre seulement son visage deux épisodes plus tard, à l'épisode 9.
Au cours de l'épisode 8 d'Hatufim, Nimrod et Uri disparaissent - on découvre qu'ils se rendent chez une personne dont on leur avait donné le contact juste avant qu'ils ne soient libérés. Si c'est un peu différent pour Homeland, l'idée d'une disparition de Brody est là aussi exploitée. Sauf que dans la série américaine, personne ne s'en rend compte.
Si la difficulté d'intégration pour l'une et la pression du terrorisme pour l'autre occupent la majeure partie d'Hatufim et d'Homeland, le récit se permet pour autant des moments de respiration, comme en témoignent les épisodes 8 dans les deux cas. Dans Hatufim, Dana et Assaf entament une partie de rigolade, rejoints par leur mère. Dans Homeland, Dana et Chris regardent la télévision (L'Âge de Glace !) et sont, là-aussi, rejoints par Brody et Jessica.
Homeland marche là encore dans les pas d'Hatufim. Dans la série israélienne, un service est organisé en mémoire d'Amiel, le soldat qui n'est pas revenu. Même chose du côté de la série américaine : cette fois-ci, il s'agit de Tom Walker, le collègue de Brody, prétendu mort à ses côtés... Et la proximité des deux séries sur cette intrigue ne s'arrête pas là mais nous en reparlerons pour la saison 2 d'Hatufim. En tout cas, les deux séries ont décidé d'honorer leurs morts en insérant des plans les montrant en photos.
La question générationnelle est également longuement abordée dans Hatufim. A l'occasion de la cérémonie dédiée à Amiel, elle prend une saveur particulière quand le père d'Uri s'adresse au fils de Nimrod au travers d'un dialogue d'une sensibilité incroyable. Du côté d'Homeland, la présence du père de Carrie, lors de l'épisode 5, n'a presque aucune utilité, si ce n'est d'expliquer d'où peut venir son trouble psychologique.
A la cérémonie dédiée à Amiel, Uri et Nimrod continue d'utiliser leur petit système de communication en tapotant des doigts. Hatufim a décidé de le montrer alors même que ce système a été décrypté par l'armée et, qu'a priori, il ne signifie pas grand chose. Dans Homeland, nous obtenons la signification de ce mouvement de doigts à la fin de l'épisode 7 dans le face-à-face terrible entre Brody et Carrie. Là-aussi, il s'agit théoriquement d'une fausse piste. C'est un tic qu'il aurait acquis quand il n'a pas de chapelet entre les mains.
Talia et Nurit abordent leur relation tendue. Si le ton monte, la scène est assez longue pour montrer le changement d'attitude des deux femmes qui essaient de se raisonner. Dans Homeland, Jessica parle à la femme de Tom Walker, qui s'était remariée. Comme dans la série israélienne, Jessica lui en avait fortement voulu. Mais la scène est trop courte pour qu'une discussion approfondie puisse avoir lieu : dans Homeland, elle s'excuse dès le début.
La présence des médias est une question importante. Elle est aussi liée à celle de la temporalité de la série. Si la saison 1 d'Hatufim ne semble s'étirer que sur quelques jours, il en est autrement pour Homeland. De ce fait, la première interview d'un soldat dans Hatufim, Nimrod en l'occurrence, n'intervient seulement qu'à l'épisode 6 alors qu'elle était le sujet central de l'épisode 3 d'Homeland.
Au cours de l'épisode 6 d'Hatufim, Uri part pique-niquer avec Iris (nous savons depuis la semaine dernière qu'Iris l'espionne pour le compte de l'armée...). Ce même rapprochement a lieu dans Homeland pendant l'épisode 7 puisque Carrie s'isole avec Brody dans une cabane en pleine forêt. Le but étant évidemment de le garder à l’œil...
Au cours de l'épisode 3, Nurit va chercher un repas à emporter dans un restaurant. Elle y découvre ce que la presse raconte à son sujet et surtout accuse le regard culpabilisateur d'autres clientes du restaurant, assises dans un coin de la salle. Dans Homeland, dans son épisode 3 également, Jessica se rend avec Dana dans un fast-food. Sa fille lui explique qu'elle avait deviné la nature de sa relation avec Mike, le meilleur ami de Nicholas Brody. Jessica en est stupéfaite mais demande à Dana de ne pas le raconter à son père. Dans les deux cas, une forte culpabilité s'exerce sur ces situations et sur ces deux femmes qui ont arrêté de croire au retour de leur mari.
Au centre, Nimrod ne parvient pas à s’accommoder d'un lit. Il préfère dormir à même le sol. Nicholas Brody fait exactement la même chose dans Homeland, mais dans sa maison.
Homeland ne se contente pas de reprendre des éléments équivalents pour les injecter dans des intrigues similaires. La série américaine semble en avoir repris certains pour les injecter dans des intrigues tout à fait différentes. La piscine est ainsi dans Hatufim le lieu où les deux soldats israéliens se reposent après de longues séances d’interrogatoires. Dans Homeland, il n'est question que d'une seule piscine dans toute la saison, et pourtant elle apparait dans le même épisode qu'Hatufim, l'épisode 3. Cette fois-ci, c'est un moyen pour que l'agent de la CIA, Carrie Mathison, prenne contact avec son informateur.
Yaki, frère d'Uri marié à son ex-femme Nurit, se promène dans la ville aux côtés d'Assafi, son fils. Ils discutent de la préparation de sa Bar Mitsvah, entre autres. Assafi confie à son père qu'il aimerait voir Uri à cette occasion. Au même moment, dans Homeland, Nicholas Brody se promène sur un chemin avec Dana, sa fille. Il lui montre le cadenas que lui et Jessica avaient scellés sur un grillage, orné de leurs initiales, en signe de leur amour. Après le passage au fast-food qui culpabilise, les scénaristes ont donc opté pour une discussion plus intime, sur un chemin, pour amener à ce que l'un des personnages se confient à l'autre
Les plans de tortures et de captivité entre les deux séries sont très similaires. Homeland a ainsi repris à Hatufim la manière de les filmer : soit en plongée, comme si le point de vue était situé au niveau des ravisseurs, soit à ras du sol. Une chose change cependant : la couleur. Homeland a choisi un filtre chaud oscillant entre le marron, le orange et le rouge. Hatufim s'est positionnée à l'inverse, une image très froide et assez terne.
Les séquelles du passé ont des conséquences dans le présent. La femme de Nimrod en fait l'amère expérience. Ce dernier a un sommeil plus qu'agité... tout comme Nicholas Brody. Jessica s'en est bien rendue compte.
Un café ou un bar est souvent le lieu d'une situation de décontraction. En apparence, c'est le cas de ces scènes. Dans Hatufim, Uri vient de faire la rencontre d'Iris, une femme bienveillante à son égard. On découvre à la fin de l'épisode 4 qu'elle répond pourtant aux ordres du psychiatre de l'armée. Dans Homeland, Carrie fait un point avec son chef, David Estes. Ils parlent notamment de leur petite relation qui n'a pas duré bien longtemps. Mais Carrie ignore que David vient de demander à un agent de la surveiller de près...
Les deux séries abordent la difficulté de retrouver une sexualité normale après autant d'années de captivité et, l'on imagine, de frustration. Elle est notamment illustrée dans les deux séries lors de leur 4e épisode. C'est ainsi qu'on découvre Nimrod, aux toilettes, devant un magazine pour adulte, en train de lutter pour tenir sa libido éveillée. La scène est plus crue dans la série américaine : Nicholas Brody se fait un petit plaisir à 5 centimètres du corps nu de sa femme, qui subit la situation en détournant le regard.
Alors que Nimrod joue au foot avec des amis dans son jardin, il est pris de panique puis en vient aux mains avec l'un d'entre eux. Le traumatisme de la captivité continue de faire des ravages. Dans Homeland, pendant qu'une fête est organisée chez les Brody, Nicholas est retrouvé, un pistolet à la main, après avoir tué une biche. Dans les deux cas émerge alors l'idée d'un soutien psychologique. Dans Hatufim, Talia, la femme de Nimrod, en parle avec Ilan, l'officier de liaison de l'armée. Dans Homeland, Nicholas Brody se rend de lui-même à un groupe de parole d'anciens soldats.
Difficile pour les femmes d'Hatufim de découvrir le corps cicatrisé de leurs maris. Ici, Nurit découvre celui d'Uri. La construction du plan est quasiment similaire à celui où Jessica, dans Homeland, découvre le torse de Brody, avec l'utilisation d'un miroir. Mais la série américaine a choisi surtout de montrer dans ce plan le spectacle des cicatrices plutôt que la détresse de sa femme.
Pour se préparer aux retrouvailles, Nurit et Talia se font belles. Alors que Nurit enfile une robe rouge, Talia ajuste son maquillage devant un miroir. Jessica, dans Homeland, fait les deux en un : robe rouge ET miroir.
Une fête est organisée en fin d'épisode 1 pour accueillir les deux soldats israéliens. Mais Nimrod ne supporte pas le brouhaha, agrémenté d'une sonnerie de téléphone stridente. Dans Homeland, Brody pète un câble à cause du téléphone et de la pression des médias au cours de l'épisode 2. Il se met en boule contre un mur, comme le fait d'ailleurs très fréquemment Uri dans Hatufim.
Le twist final de l'épisode 2 d'Hatufim évoque la possibilité que les deux soldats se parlent en tapotant avec leurs doigts. Ce détail est également présent dans Homeland mais, dans la série américaine, il est utilisé comme cliffhanger de l'épisode 1
Les familles d'Hatufim ont dû attendre la 27e minute pour retrouver leurs maris. Alors que dans Homeland, Jessica, Dana et Chris retrouvaient "Brody" dès la 17e minute. L'attente des familles semble bien moins prioritaire pour la série américaine, qui entraîne son récit directement sur les enjeux de surveillance, lesquels mèneront à l'intrigue terroriste.