Aujourd'hui nous allons évoquer ces étranges bas reliefs qu'on peut voir sur un des murs de la zigourat d'Akkad vers l'épisode 21 saison 3.
Alors pour les gens du forum qui s'intéressent aussi à Saint Seiya et qui suivent mes topics du forum vous devez vous souvenir que
j'en avais déjà parlé ici à propos du mur à la fin du Meikai (lequel s'inspire du même symbole iranien) en fait il s'agit d'un symbole qu'on retrouvait dans l'ancienne Persépolis (célèbre cité perse fondée par le roi Darius 1er)
ci-dessous : ruines de Persépolis. image tirée du documentaire de fin de l'épisode 22 des cités d'or (saison 3)
Il s'agit d'un symbole associé à l'ancienne religion iranienne : le
Zoroastrisme instaurée par le prophète
Zarathoustra (ou Zoroastre)
Pour ceux d'entre vous qui ont vu le film Alexandre d'Oliver Stone, vous avez du voir dans sa reconstitution de la Babylone antique ce même type de symbole visible à plusieurs endroits
Le deuxième symbole ci-dessus représente en fait le dieu de la lumière et dieu principal et unique de ce culte :
ahura mazda. La religion (zoroastrisme) est aussi appelée mazdéisme en référence à son nom plutôt qu'à celui du prophète.
Le disque ailé représenté ci-dessus est présent sur de nombreux bas-reliefs de la cité royale de
Persépolis, de même que sur les sceaux achéménides.
Dieu suprême de l'ancienne Perse,
ahura mazda signifie le "sage Seigneur". Ahura, progéniteur, premier père, créa l'ordre divin (asha), les eaux et les plantes, la lumière, la terre et tout ce qui est bon. Il est le gardien de l'ordre divin, il assigne à toutes les bonnes créatures leurs places et activités respectives, il surveille les actions humaines, visibles ou cachées, il ne dort pas et ne peut donc être trompé.
Il est aussi le créateur des deux esprits opposés,
Spenta-Mainyu et
Angra-Mainyu, le premier bienfaisant, choisissant la vérité, la lumière et la vie, le second destructeur, choisissant le mensonge, l'obscurité et la mort. La lutte entre ces deux esprits constitue l'histoire du monde.
Ces 2 esprits sont en fait des jumeaux , et on les représente souvent sous forme de deux jumeaux de profil
ci-dessous : une autre capture du dessin animé
Dans les inscriptions de Darius Ier, souverain de l'Empire perse, le dieu supprême ahura mazda est désigné comme « le plus grand des dieux » et est généralement invoqué seul. Il est considéré comme la source du pouvoir royal. Les Perses et les Grecs l'assimilent parfois à Zeus : ainsi, le « char sacré de Zeus » évoqué par Hérodote (VII, 40), Xénophon (Cyropédie, VIII, 3, 12) ou encore Quinte-Curce (III, 3, 3) est en réalité consacré à Ahura Mazda.
Je vais en profiter pour faire une (grosse) digression sur le zoroastrisme.
Le zoroastrisme (religion)Le zoroastrisme ne compte plus aujourd'hui que quelques 200 000 adeptes dans le monde, mais le rôle important qu'il a joué dans l'histoire de la civilisation iranienne, les multiples influences qu'il a exercées sur d'autres religions comme le judaïsme, le christianisme et l'islam ainsi que ses rapports avec les autres religions indo-européennes rendent intéressante à plus d'un titre l'étude de ce qui reste aujourd'hui l'une des religions les plus ignorées du monde.
Qui était Zarathoustra ?
Il est difficile, étant donné l'époque et l'importance du personnage, sources de nombreuses affabulations, de donner des dates et des lieux précis au sujet de la naissance de ce grand prophète perse. On suppose qu'il est né au nord de l'Iran, mais certaines traditions le font naître à Balkh dans ce qui est aujourd'hui l'Afghanistan.Il serait né vers l'an -650 de notre ère dans une famille sacerdotale de la région de Hérat aux confins de l'Afghanistan.
Il fut considéré comme un réformateur de l'ancienne religion perse composée essentiellement de familles aristocratiques guerrières. Les arguments de justice et de conscience personnelle heurtèrent profondément les coutumes et les mentalités de ces vieilles familles.
Un des rares textes qui parvenus jusqu'à nous pourrait être les Gathas, hymnes dans une langue iranienne archaïque vieille d'entre 2500 et 3000 ans, se rattachent à la vieille tradition de poésie sacrée indo-européenne dont on trouve d'autres exemples dans les textes védiques indiens. Il s'agit de chants attribués à la personne même de Zarathoustra, révélant des détails biographiques intéressants. Par ailleurs, la tradition rapporte aussi un récit épique de la vie de Zarathoustra, scénario exemplaire de la vie du Sauveur, rempli d'événements surnaturels et de miracles.
Né sous le signe de la lumière surnaturelle, Zarathoustra devient d'abord prêtre de la religion traditionnelle aryenne alors régnante en Iran et qui comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels. Puis il reconnaît en une série de visions le Seigneur Saint Ahura Mazda et commence alors sa prédication exclamative et passionnée, dont les Gathas nous donnent un aperçu.
Zarathoustra prêche et annonce "la venue du Royaume de Justice, la coopération à l'oeuvre de Dieu (Ahura Mazda), sous peine de châtiment total".
Il élève le dieu Ahura Mazda au rang de Dieu suprême, reléguant les autres divinités de la religion aryenne traditionnelle à un rang secondaire - à tel point que le zoroastrisme est souvent appelé mazdéisme- et critique les pratiques de la religion traditionnelle notamment le sacrifice, ce qui lui attire les foudres des prêtres.
Il fuit alors pour sauver sa vie et, après plusieurs années d'exil au cours desquelles il a des entretiens mystiques avec Ahura Mazda, il gagne le soutien d'un souverain local appelé Vishtasp, qu'il rallie à sa foi à travers un parcours initiatique exemplaire et qui l'aidera à surmonter les nombreux obstacles qui jalonnent sa mission.
C'est désormais l'étape du succès : la foi de Zarathoustra se répand au rythme des victoires remportées sur les souverains "méchants" et finit par se répandre dans "tous les royaumes".
Le message spirituel zoroastrienL'exemple donné par Zarathoustra est celui d'une expérience mystique, résultat d'une pratique rituelle illuminée par un espoir eschatologique, celui de l'avènement du Royaume de Justice. Au travers du récit de sa vie l'on voit constamment l'omniprésence de la lumière surnaturelle, signe de l'espoir eschatologique, qui le soutient dans son combat permanent contre les démons.
Là où le destin de Jésus tourne à une tragédie qui n'est consolée que par une promesse de résurrection, celui de Zarathoustra se termine sur une réussite et avec une note d'optimisme qui a fasciné certains penseurs occidentaux, dont Nietzsche, à l'époque où les orientalistes venaient de découvrir cette religion antique à travers ses textes.
Dans la cosmogonie zoroastrienne, l'Esprit Saint -Ahura Mazda- occupe la place centrale. Il crée le monde par la pensée, mais ceci ne constitue pas, comme dans les religions abrahamiques où Dieu est tout-puissant, l'acte fondateur de son statut divin.
Il est entouré de plusieurs êtres divins (qui ont d'ailleurs donné leur nom aux mois du calendrier iranien) et le père de plusieurs entités dont notamment les Esprits jumeaux Spenta Mainyu (Esprit Bienfaisant) et Angra Mainyu ou Ahriman (Esprit Destructeur). A l'origine, raconte un gatha célèbre, le premier a choisi le bien et la vie, l'autre le mal et la mort : leur différence vient non de leur nature mais d'un choix. De cette façon Ahura Mazda n'est pas à l'origine du Mal, qui provient du libre choix d'Ahriman.
Zarathoustra invite alors les fidèles à imiter l'acte primordial d'Ahura Mazda : le choix du Bien. Les hommes ne sont donc pas les serviteurs ou les esclaves de Dieu comme se reconnaissent par exemple les fidèles de Yahvé, de Varuna ou d'Allah mais libre dans le choix de suivre Ahura Mazda ou non.
Le zoroastrisme est bien un monothéisme. Certains ont vu dans le zoroastrisme un dualisme, ce que récusent à la fois les zoroastriens et ceux qui connaissent le zoroastrisme. En effet, Dieu n'y est pas confronté à un anti-Dieu comme c'est le cas dans les dualismes tels que le manichéisme : le conflit se situe entre l'Esprit Bienfaisant et l'Esprit Destructeur (Ahriman). Dieu était conscient de ce conflit au moment où il a engendré les deux Esprits mais il ne l'a pas empêché, ce qui peut signifier soit qu'il transcende toutes les contradictions soit que l'existence du Mal est la condition préalable de la liberté humaine.
Zarathoustra le réformateurLa réforme la plus importante de Zarathoustra est sa transformation de la religion traditionnelle basée sur les sacrifices rituels d'animaux en un monothéisme axé sur des préoccupations éthiques.
Il ne refuse pas complètement la religion traditionnelle mais reprend de nombreuses idées de cette dernière en leur donnant une nouvelle valeur morale. Il reprend notamment le thème de la résurrection cyclique du monde, présent dans les traditions associées au Nouvel An, pour introduire l'idée audacieuse de la Résurrection, associée de l'avènement du Saoshyant, le sauveur.
Mais le message zoroastrien n'avait pas seulement une portée métaphysique ou théologique : Zarathoustra critique à maintes reprises les sacrifices animales et d'autres aspects des traditions de sa société, appelle au respect du bœuf (élément que l'on retrouve en Inde) et fait l'éloge de la vie sédentaire et agricole par opposition à celui des nomades chasseurs. La propagation de l'agriculture est constamment mise en valeur dans les textes zoroastriens, qui mettent l'accent sur le respect de la vie animale et humaine.
L'Avesta, livre sacré des zorosatriensLes zoroastriens ont aussi leur livre sacré : l'Avesta. Du texte initial, seul le quart est arrivé jusqu'à nous : les manuscrits ont été perdus ou détruits une première fois lors de l'invasion d'Alexandre qui fit brûler la bibliothèque de Persepolis et une seconde fois lors de l'invasion arabe (VIIèmesiècle). Ce quart fait toutefois mille pages en traduction française...
Certaines parties de l'Avesta datent d'il y a à peu près trois mille ans, mais l'Avesta que nous connaissons aujourd'hui est une compilation qui a été effectuée au IIIème siècle après J.C., à l'époque de la dynastie sassanide soit à peu près neuf siècles après la prédication de Zarathoustra. Les parties les plus anciennes sont dans une vieille langue iranienne dite avestique ; le reste est en pahlevi littéraire, langue de l'Empire Perse à l'époque sassanide (226-651).
Zoroastrisme et judaïsmeUn autre thème important du zoroastrisme est sa promesse d'une vie après la mort, où les âmes seront départagées lors de la traversée du Pont de Chinvat, et finissent soit au Paradis, soit en Enfer soit au Purgatoire. Nous avons également évoqué la notion de résurrection, qui surviendra à la fin des temps avec l'avènement du Saoshyant qui rétablira la justice par une régénération du monde.
On retrouve tous ces thèmes sous une forme semblable dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Toutefois, bien que présents dans les plus vieilles parties de l'Avesta, ils ne sont attestés dans les écrits judaïques que postérieurement à la Captivité de Babylone (597-538 av. J.C.), période pendant laquelle les élites judéennes, en exil à Babylone, entrèrent en contact avec la Perse et les religions iraniennes.
C'est d'ailleurs l'empereur perse Cyrus qui met fin à cet exil en libérant Jérusalem de la domination babylonienne (Isaïe 45 : 1-14), en rendant la liberté de culte aux juifs et en faisant reconstruire le Temple (Esdras 1 : 1-5). La plupart des textes judaïques traitant de la vie après la mort appartiennent durant la période de domination perse en Palestine, ce qui laisse penser à une influence zoroastrienne. De nombreux travaux ont été faits dans cette direction dont [2] et [3] donnent un aperçu.
La cosmogonie zoroastrienne a également influencé de nombreux penseurs musulmans tels Sohravardi (1155-1191), initiateur du courant des Ishraqiyoun, qui fit un syncrétisme philosophique de cette cosmogonie avec la pensée islamique, et plusieurs auteurs musulmans ont tenté d'intégrer Zarathoustra à la lignée prophétique abrahamique.
Destin du madzéismePeu après la prédication de Zarathoustra, sa religion se répandit en Iran et finit par rallier les empereurs de la Perse : les inscriptions sur le tombeau de l'empereur achéménide Darius (VIème siècle av. J.C.) font explicitement mention du dieu zoroastrien Ahura Mazda, et. le zoroastrisme fut également à l'honneur chez les Parthes qui dominèrent en Iran entre 123 et 226 A.D.
Mais c'est sous la dynastie Sassanide (226-651) que le zoroastrisme devint religion officielle de l'Empire et fut doté d'une véritable institution ecclésiastique - la caste des mobads - ayant une grande influence dans les affaires de l'Etat.
L'avènement de l'Islam au VIIème siècle et l'invasion arabe provoquèrent la chute des Sassanides et avec elle, la fuite d'un groupe de zoroastriens vers l'Inde où ils fondèrent une communauté qui subsiste encore aujourd'hui : en Inde on les appelle les Parsis (les persans).
La majorité des iraniens se convertirent graduellement à l'Islam par la suite mais il subsiste encore aujourd'hui une communauté zoroastrienne en Iran (environ 40 000 fidèles) et qui se considère la gardienne de la tradition trois fois millénaire de Zarathoustra. Par ailleurs de nombreuses traditions iraniennes ainsi que le calendrier iranien ont des origines zoroastriennes.
Aujourd'hui il n'y a plus qu'environ 200 000 zoroastriens dans le monde, essentiellement en Inde, en Iran et dans les diasporas aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Citons à titre anecdotique quelques zoroastriens contemporains célèbres : le chef d'orchestre Zubin Mehta et le chanteur de rock Freddie Mercury.
Mais même si le zoroastrisme a pratiquement disparu en tant que religion il reste un élément important de la civilisation iranienne, et qui a joué un rôle important dans l'histoire politique et religieuse du Proche-Orient pendant plus d'un millénaire et fait partie intégrante du patrimoine culturel et historique de l'humanité.
Il mérite donc, pensons-nous, d'être mieux connu qu'il ne l'est actuellement. Espérons que cet article ait éveillé chez quelques-uns la curiosité d'en connaître davantage... "
( texte de Rama CONT )
Le philosophe Nietsche et Zoroastre
Dans la culture européenne, Zoroastre est plus connu comme un sage, un magicien, bien qu'on ne découvrit ses idées qu'à la fin du XVIIIe siècle.
On l'associait alors avec les franc-maçons et autres groupes prétendant avoir atteint un "savoir". Les écrivains et philosophes des lumières, dont Voltaire, engagèrent des travaux sur le Zoroastrisme, y voyant une forme de Déisme éclairé, préférable au christiannisme dogmatique. Avec la transcription de l'Avesta par Abraham Anquetil-Duperron, l'étude du Zoroastrisme put réellement débuter.
La personalité de Zoroastre a fasciné le 19ème siècle allemand. Ainsi parlait Zarathoustra est un poème philosophique en prose écrit par Friedrich Nietzsche (1844 - 1900) entre 1883 et 1885 (et plus tard mis en musique par Strauss) et dans lequel est développé le thème du Surhomme.
Le livre Ainsi parlait Zarathustra est un livre très compliqué et profond. Nietzsche le présente lui-même comme un "5e évangile", il veut en faire l'équivalent des poèmes de Goethe et des textes de Luther. De fait, le Zarathoustra est à la fois un long poème et une œuvre de réflexion sur une nouvelle promesse d'avenir pour l'homme.
Nietzsche fait de Zarathoustra un personnage dramatique et critique envers ses œuvres et prétentions philosophique, développe la mort de Dieu. Poète-prophète, Zarathoustra se retire dans la montagne et revient parmi les hommes pour leur parler. Il leur parle des vertus, du Surhomme, de l'éternel retour, des prédicateurs de la mort, des faibles et des forts, des nobles et des esclaves...
Nietzsche affirma avoir fait parler Zoroastre qui aurait selon lui le premier rejeté la Daeva (les forces naturelles) au profit de l'Ahuras (la raison, le "bien" et le "mal", la morale). C'est ce choix que Nietzsche proposait d'inverser.
(plus d'info sur Nietsche et sa philosophie sur cet article de l'encyclopédie wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche )