Je vais lui mettre un très bon 14/20, que je déclinerais ainsi :
Histoire/Thème/Ambiance/SFX/Philosophie (et non pas scénario et/ou mise en scène) : 19/20
Scénario : 13/20
Casting, mise en scène et Dialogues : 8/20
En fait, Altered Carbon a une base en béton armée : un monde où la mort est le plus souvent contournable car la conscience et l'âme peut-être même de tout individu a pu être numérisée dans une sorte de neuromat (pour reprendre le terme Cyberpunk, auquel la série doit énormément et on pourrait largement énumérer pourquoi (citoyens livrés à eux-mêmes, sauf quelques exceptions, cybersoldats, cybertechnologie, superarmes, clones, androïdes, programmation de la connaissance via des "puces" - ou comment apprendre une langue en se clippant un truc dans le cou - une Matrice tout à fait fidèle, jusqu'à ses dangers, de nombreuses drogues, exploitation des corps et des gens, Élite dominante en coulisse, flics-juges à la Judge Dredd, et j'en passe ...), ce qui ouvre l'espace filmique à des traitements des êtres humains et/ou androïdes plus ou moins totalement cybernétisés très originaux. Pour ne citer que quelques exemples :
* Intervention possible et régulière dans l'intrigue de doubles, un peu comme des clones plus que parfaits, et même possiblement différent selon les "options" activées/payées
* à l'inverse, intervention à l'écran d'acteurs dont le corps est habité par un autre neuromat/esprit. Par exemple, un personnage décide de faire croire aux flics que son pire ennemi à assassiner son rivale amoureux, il a du fric, il lui "suffit" de cloner l'enveloppe physique de son pire ennemi, et d'habiter avec son propre neuromat ce corps d'emprunt pour commettre son crime. Ce qui évidemment est un ressort souvent exploité dans la série, par tout un tas de personnes, pour tout un tas de raisons.
* Une mère de famille décide de payer pour faire revivre juste une journée le neuromat, donc l'esprit et la conscience, de sa propre mère, afin de permettre à ses enfants de passer Noël avec leur grand-mère, même si celle-ci bien sûr "reviendra" dans un nouveau corps, pas forcément féminin d'ailleurs.
Ok, c'est glauque, mais c'est justement à le principal intérêt de la série, et j'imagine du roman, faire réfléchir sur les dérives qu'offrirait un tel système.
D'ailleurs, tout un pan de l'intrigue se focalise sur des individus rebelles à ce système multipliant des actions terroristes pour tâcher de faire en sorte de détruire tous les neuromats.
Passons vite fait sur les implications immortelles, certes passionnantes. Les plus riches ont de quoi vivre réellement éternellement, il leur suffit de cloner leur enveloppe corporelle, de la stocker et de la réutiliser lorsque l'enveloppe actuelle doit être jetée, ou en cas de décès, ce qui nous mène directement à l'intrigue de la série. Scarabéaware l'a fort bien résumé inutile que je recommence, d'autant que honnêtement je ne m'en rappelle pas de la moitié de tête
Autre élément très intéressant, hélas peu détaillé, ce qui peut se comprendre tant il y avait des choses à dire et traiter (j'y reviens plus bas), le fait que cet état de fait - l'existence du neuromat et ses possibilités - impliquent forcément une mise en adéquation de la loi (un peu comme les trois lois de la robotiques mais évidemment en différent) et la série explore cet aspect.
Ainsi, au début de la série, le crime est tout à fait possible tant qu'il n'y a pas de dégât sur un individu - les morts une fois revenu à la vie ne peuvent toujours pas porter plainte, comme aujourd'hui - où c'est certes impossible, ok

. Un quidam peut par exemple tuer une prostituée, puis la faire revivre, dans son ancien corps ou un autre. Ce qui est illégal c'est de détruire définitivement un neuromat, et encore, celui-ci peut avoir été sauvegardé en lieu sûr, si le processus de sauvegarde a pu être mené à bien. Bref, tout cela complique l'action des policiers et de la justice. Qu'est-ce qui est légal ? Qu'est-ce qui est moral ? Qu'est-ce qui est immoral ? ...etc... Forcément, un peu à l'image des androïdes bizarres et en même temps fort semblables à nous de Westworld, ces aspects là ne peuvent que nous interroger et nous faire réfléchir à tout cela.
J'ai personnellement regretté que ces thèmes soient finalement assez sous-développé, car il y avait de quoi faire !
Côté effets spéciaux et grand spectacle, c'est une super série ! Un peu à cheval entre blade runner et demolition Man, on en a pour son temps !
Côté fan service, là encore, comme Westworld, c'est parfois très agréable. Parfois franchement dérangeant, certes, et donc clairement destinée à des adultes.
Là où le bas blesse, hélas, c'est au niveau du casting (bof bof à quelques exceptions prêts, comme la flic Ortega, la soeur du héros et le tenancier I.A. de l'hôtel) et du scénario. Le héros a le charisme d'une brique ! Prenez un mixte entre le personnage de Dolph Lundgren dans Rocky IV ou Demolition Man et Nicky Larson, rendez-le un peu paumé et dépressif, mais toujours avec un QI d'Einstein, et vous obtenez une tête à claque extraordinaire
Entendons-nous bien, le scénario est d'une complexité sans pareil, même Westworld parait simple à côté ! Il y a des intrigues, des intrigues dans les intrigues, des intrigues dans les intrigues dans les intrigues, et même les meilleurs marionnettistes deviennent tôt ou tard des marionnettes, souvent de leurs propres pantins ! A moins de prendre des notes ou bien de voir les dix épisodes sans interruption, difficile de suivre ! Ok, on peut apprécier constater qu'on s'est fait balader comme rare, mais au bout du'n moment cela lasse. De plus, les intrigues se complexifient elles-mêmes au fil des épisodes, car elles se révêlent vite ... en quatre dimensions. Prenant finalement leur source dans plusieurs mondes et dans plusieurs époques au sein de ceux-ci. On est vraiment pas loin d'un space opera, même si on n'y parvient jamais vraiment, faute à un manque ... de moyens ? d'épisodes ? de saisons ? de personnages ?
A la fin de la série, on comprend mieux quand même le fil rouge principal, mais on a des nouveaux éléments pas très bien introduits je trouve : des sortes d'androïdes comme je l'ai dit, pour être plus exact des IA qui animent des corps d'emprunt en auto créant dans leur cell un neuromat adapté. Finalement, ces IA sont extrêmement importantes dans la série, pourtant leur statut et leur existence est très vaguement survolée. Là où aurait pu philosophiquement naître en nous de fascinantes interrogation,s on a un champ un peu trop vide à ce sujet pour vraiment réfléchir aux tenants et aboutissants. Peut-être que cet aspect là ne les intéressait pas tant que ça. Dommage.
Bref, ça va trop vite, le héros devient soudain d'une intelligence improbable - peut-être parce que c'était un diplo auparavant mais là encore, on ne voit pas bien ce qu'il a fait, ce qu'il a appris pour devenir aussi bon dans sa partie ... comme dirait Wolfy !
Quelque part, une occasion au potentiel énorme, mais mal traitée. Je suis resté sur ma faim à la fin. Dommage vraiment, même si je confesse volontiers avoir passé des moments agréables et spectaculaires à la suivre. Et que, pour ces raisons, et aussi pour l'amorce de réflexion philosophique que cela déclenche, je vous la conseille ... si vous n'avez pas une âme trop sensible par contre, car certaines scènes de violence et/ou de sexe sont très dures, vous êtes prévenu !
Mon coup de cœur dans le genre celle que j'ai adoré détester - elle m'a un peu rappelé la terminatrice de Terminator 3 :

Garçon.
"N'avez-vous donc point d'espoir ?" dit Finrod.
"Qu'est-ce que l'espoir ?" dit-elle. "Une attente du bien, qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu ? Alors nous n'en avons pas."
"C'est là une chose que les Hommes appellent 'espoir'... "Amdir l'appelons-nous, 'expectation'. Mais il y a autre chose de plus profond. Estel l'appelons-nous.