“Le monde est une scène”, nous disait Shakespeare. Voilà qui résume bien le film dont nous allons parler aujourd'hui. Hier soir j'ai enfin pu voir ce film culte signé le grand réalisateur Peter Weir, sorti en 1998 !
Truman Show est une comédie dramatique qui à l'époque avait fait un carton, succès critique et public, beaucoup de gens m'avaient à une époque conseillé ce film, mais bizarrement, je n'ai jamais été tenté de le voir, pour deux raisons. D'abord, je bloque énormément sur Jim Carey et ses grimaces, et d'ailleurs j'y reviendrai mais même dans ce film (que j'ai adoré, j'annonce la couleur tout de suite ) par moment il m'énerve encore un peu
Deuxio, à cause de son thème : la TV réalité (la mode commençait à l'époque, et ça ne me branchait pas, surtout après le visionnage du film Ed TV un peu sur le même thème, que j'avais vu à l'époque en VO dans un cinéma parisien dans le cadre de mes études.
Or The truman show surfe encore sur la même thématique, la TV réalité, mais c'est un film riche à plusieurs niveaux de profondeur et surtout, doté d'une réalisation impeccable (Peter Weir est décidément un grand réalisateur, qui avait su me subjuguer avec d'autres de ses films comme l'excellent Master and Commander avec Russel Crowe, ou encore Le cercle des poètes disparus) ; indéniablement, The truman show rivalise avec ces films, niveau qualités.
Synopsis :
Signalons que le film a été tourné dans la petite ville de Seaside aux Etats Unis (une ville nouvelle à l'époque et qui apparemment convenait mieux au réalisateur que certains décors d'Hollywood qui faisaient .. trop réalistes !! ce qui n'allait pas pour ce scénario où Jim Carey est plongé malgré lui dans une ville en apparence idyllique, mais qui pour le coup justement, doit paraître parfaite et donc un peu trop fausse ...)
J'ai adoré ce film !! On est tout de suite plongé dans l'ambiance, je me suis retrouvé comme les spectateur de cette TV réalité, un peu scotché devant mon écran, il n'y a pas de temps mort, la réalisation est impeccable, le jeu d'acteur très bon, la musique (j'y reviendrai) nous happe, plein d'ingrédients qui font une belle alchimie, à laquelle je m'attendais peu, j'avais une autre image (pleine de préjugés) du film dans ma tête avant de le voir.
Au casting de ce film, nous retrouvons Jim Carey donc, qui fit récompensé par un Golden Globe, donc même quand je dis qu'il m'énerve d'habitude, j'avoue que là c'est l'une des meilleures prestations que je lui connaisse, sans doute d'ailleurs le premier film où l'acteur a vraiment su me convaincre, un film fait pour lui, j'ai envie de dire. a noter qu'à la base c'est Brian de Palma qui devait réaliser ce film, mais il souhaitait prendre plutôt Tom Hanks comme acteur que Jim Carey, et fut finalement écarté.
Comme autres acteurs et actrices on retrouve l'excellent Ed Harris, ainsi que la belle Natasha Mc Elhonne (une actrice dont je suis littéralement amoureux depuis le visionnage de Solaris et le moins qu'on puisse dire c'est que même si elle a un rôle un peu secondaire dans The Truman Show, elle m'a encore une fois bien impacté. Je la connais peu, j'ai du la voir uniquement dans ces deux films (je crois ) mais à chaque fois elle me fait un gros effet elle
Je vous poste aussi un petit extrait d'une interview de Peter Weir le réalisateur :
Manipulation, mensonge, déconstruction de la réalité... alimentent The Truman Show. Seul Truman Burbank émerge de cette confusion généralisée.
Il est d'abord l'innocent abusé. Puis un être en crise. Truman a été trahi par tous, sauf par son premier amour, dont les yeux, ces fenêtres de l'âme, criaient la vérité. Alors les yeux sont devenus l'obsession de Truman, sa bouée de sauvetage, au point qu'il en réalise des collages. Un jour, peut-être, notre regard sur les images changera.
-----> a travers cet extrait, on peut voir l'importance du regard de Natasha l'actrice qui me fait fondre à chaque fois !! ^^
Pour terminer les présentations je signale aussi la présence d'Andrew Niccol au scénario, le réalisateur de Lord of War, Bienvenue à Gattaca. Bref, on avait du lourd sur ce film, et ça se sent.
Le film est une critique de la TV mais au-delà de cette lecture un peu basique, il aborde le thème de la liberté et de la perception de la réalité (en cela on peut le comparer à des films comme Matrix - bien que la trilo des wachovski soit à mon sens encore bien plus riche de thématiques, mais pour toute la métaphore de la caverne de Platon, il y a des similitudes) ; On retrouve notamment cette idée phare que la liberté de l'homme ne peut pas être facilement restreinte en le berçant d'illusion, l'esprit (comme Néo dans Matrix et comme ici le personnage incarné par Jim Carey) finit toujours par se rebeller et rechercher quelle est la vérité plus fondamentale derrière le monde simulacre que d'autres cherchent à nous placer devant les yeux ...
A noter aussi dans ce film une excellente bande son, signée Burkhard Dallwitz (que j'ai adoré) mais on y retrouve apparemment aussi le très bon Philip Glass (compositeur de l'excellent et étrange Koyaanisqatsi notamment) qui a composé quelques thèmes (et ça se sent !!! )
Le titre du film comporte un jeu jeu de mot sur "Truman" (homme vrai) : Le personnage incarné par Jim Carey et qui est ici le jouet de toutes les manipulations, le "héros" de cette TV réalité imposée, étant un personnage qui cherche à rester vrai et lui-même, dans un monde totalement faux.
Là encore, on pourrait faire un petit parallèle avec Matrix et les jeux de mots sur les noms du personnage principal (Néo : l'homme nouveau, ou encore saint Thomas pour Thomas anderson )
J'ai appris en surfant sur la toile suite au film qu'il existe de nos jours en psychiatrie un "syndrome Truman" pour les personnes un peu paranoïaques qui pensent qu'une autre réalité se cache derrière la réalité ! On parle entre autre d'un malade américain aurait escaladé la Statue de la Liberté pour rejoindre sa petite amie qui selon lui l'aurait attendu au sommet, une idée qu'il s'était mis derrière la tête pour sortir d'un vaste "show" qui serait la réalité, ça va loin
Au-delà de matrix on peut citer comme comparaisons encore plus anciennes George Orwell et 1984 bien sûr, et son Big Brother, ou encore certains romans de Philip K. Dick comme Simulacres (1964), ainsi que Le Temps désarticulé (1954), des romans qui mettaient déjà en scène la réalité comme des simulacres et qui ont d'ailleurs aussi compté parmi les influences de Matrix ... on peut citer aussi (là encore, de même qu'avec matrix parmi les sources d'influences) l'hypothèse philosophique du "Malin génie" de René Descarte : à savoir l'idée qu'il y aurait derrière la réalité une sorte divivité toute puissante ayant les plein pouvoirs sur nous et qui nous trompe, nous manipule, nous fait voir une autre réalité, un "malin génie" en quelque sorte. Descarte avait évoqué ceci dans ses Méditations, et on retrouve bien évidemment ça aussi dans ce film. Ces réflexions qui nous renvoient à nous-même et à nos questionnement sur la réalité (qu'est-ce qui est vrai autour de nous ? qu'est-ce qui est factice ?) Le film nous renvoie sur nos interrogations à propos des multiples pouvoirs, médias, religions, idéologues ou autres entités qui nous manipulent et nous font parfois voir une réalité déformée. En cela et même si ce n'est pas le seul film sur ce thème évidemment il est très intéressant et riche.
(je remarque au passage qu'il y en avait beaucoup vers cette époque : Passé virtuel, Dark City, Matrix, ainsi que Running Man, film adapté de stephen king et qui traitait aussi du pouvoir de la télévision sur les individus ..)
Une autre allégorie présente dans le film est celle des marionettes de Platon : L'idée que les hommes ne sont pas libres et sont le jouets de leurs affects, qui les guident comme les fil guident des marionnettes. Dans ce film le personnage de Ed harris (qui se nomme Christof et qui est le créateur de ce jeu de TV réalité) peut être vu comme une sorte de Dieu, de démiurge omnipotent de ce monde. Il est d'ailleurs amusant de le voir dans ce film et beaucoup plus récemment dans la série Westworld (inspirée d'un univers de Michael Crichton) où il est aussi question d'une réalité factice recréée (celle des parc à thème avec les robots pour riches clients en recherche de sensations fortes) et où le personnage de Ed Harris joue aussi un personnage qui se prend un peu pour Dieu par moment, et qui connait toutes les ficelles du parc. J'ai trouvé amusant ce petit parallèle .
Une chose qui m'a titillé à la fin du film (attention spoiler) :
Bref, il y a mille chose à dire sur ce film (je dois couper je suis un peu pressé, on en reparlera !! Mais c'est un gros gros coup de coeur, pour ma part !!)