
Je passe très vite sur l'adaptation ratée en jeu vidéo sur Playstation. Un banal donjons et dragons. Grosse déception dans mes souvenirs.
Et je m'attarde sur le livre Le Labyrinthe de la Mort par Ian Livingstone ( illustrations de Iain McCaig ). Plus qu'un point de vue technique et moultes références, je préfère opter pour un ressenti nostalgique concernant un des rares livres de cette collection encore en ma possession, depuis les années 80.
J'ai plaisir à le feuilleter de temps en temps en partie pour les illustrations si percutantes ( qui rappellent le style de John Howe qui a pas mal oeuvré dans l'heroic fantasy, Tolkien, etc), l'odeur du papier, le plaisir de tourner les pages, de repartir à droite...à gauche ( bon ça par contre).
Le Labyrinthe de la Mort était de loin mon préféré, non pas parce qu'il était le meilleur ( je n'ai pas essayé tous les livres de cette série et toutes les autres séries) mais certainement parce qu'il y avait un certain niveau de qualité, d'exploration très immersive, le genre de huit-clos dans lequel on aime s'enfoncer la peur au ventre.
Le fameux dédale de tunnels lugubres et glauques mis au point par le machiavélique Baron de Sukumvit.
Un lieu aux multiples bifurcations truffé de pièges, de voies sans issues à la pelle, de double escalier ( j'adore ! A gauche ou à droite ? Mon coeur au bord de la nausée balance), de gouffres, etc.
C'est aussi toute une galerie de personnages, sorciers, créatures fantastiques repoussantes ( Démon du Miroir) que l'on aurait aimé éviter, sans parler des concurrents entre alliés de circonstance et adversaires sans pitié.





Bref, on aime avoir peur et s'égarer dans ce labyrinthe ( nous nous passerons volontier du fil d'Ariane) riche en surprises malsaines où toute sortie semble impossible du point de vue du personnage mais bien plus encore de celui du joueur, tant les dés jetés par le Baron semblaient pipés.
Il y a tellement à dire sur ce livre. Un véritable potentiel, un univers visuel impressionnant et qui marque la rétine, que j'ai souvent imaginé comme beaucoup certainement une adaptation cinéma digne d'intérêt cette fois, qui respecte son matériau d'origine, authentique et ambitieuse cette fois ( on peut rêver).
Un film doté d'une certaine force de caractère par un réalisateur talentueux qui ne prendrait pas de haut ce genre d'univers et à qui on ne demanderait pas de pondre un produit formaté. Houlà, ça fait beaucoup de conditions très difficiles à réunir.

Bref, un scénario qui assume totalement la violence de cet univers, du survival pur et dur, sans concession, mature et sombre. Pas d'humour lourd comme un boulet qui aurait d'une part le don de m'agacer prodigieusement mais de parasiter l'atmosphère et l'intensité de l'intrigue.
J'ajouterais à ces souhaits, la volonté de donner une vraie profondeur psychologique à la plupart des personnages. Dans une moindre mesure par rapport au héros bien entendu.
La description de ce labyrinthe, de sa construction et de la violence qui lui a collé à la peau très vite avant même que les épreuves n'aient commencées, finit par lui donner une âme. En effet, je vois ce labyrinthe comme un personnage à part entière à l'instar d'une ville dans un film de Michael Mann, "Collateral" en l'occurence.
Dans une éventuelle adaptation, il serait particulièrement intéressant de voir la progression dans la douleur de la construction de ce piège géant, moi ça me fascinerait. Ou du moins, une partie sans vraiment dévoiler toute l'horreur qui est en train de prendre forme.
Pour finir, je dirais que je vois avant ce parcours initiatique de l'horreur davantage comme un gros piège qui se referme de toute façon sur vous que comme une simple accumulation d'obstacles à priori infranchissables.
Les intentions du Baron n'était pas d'offrir un moment de gloire au combattant le plus méritant qui devenait par le fait un héros mais de montrer sa toute puissance à travers un Défi que personne ne peut à priori relever. Il n'y a pas de réelle issue même si de son côté le joueur, lui, peut y arriver.
En tant que lecteur/joueur on éprouve comme une sorte de fascination toute relative au coeur de l'action sans vraiment y être ( et heureusement !), pour ce huit clos riche en surprises morbides, en cadeaux empoisonnés, écoeurants, terrifiants, rarement encourageantes. Juste ce qu'il faut pour vous donner envie de poursuivre.
Que de bons souvenirs au sein de ces Défis Fantastiques et du Labyrinthe de la Mort en particulier.
Merci de votre attention, vous pouvez quitter la salle....si vous le pouvez.

