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Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

La Science-fiction au cinéma, en littérature, voire en BD : sagas futuristes, space opera, cyberpunk, dystopies, uchronies, récits post apocalyptiques ...
phoenlx
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Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » lun. oct. 25, 2010 7:27 pm

EDIT : Je change le titre de ce topic qui était initialement consacré à l'adaptation du roman Solaris par Steven Soderbergh ; Finalement, je propose d'élargir le topic et qu'on parle ici non seulement du roman de Stanislav Lem, Solaris, ainsi que des deux adaptations en films : celle de sergueï Tarkovski en 1972 , et celle de Steven Soderbergh plus récemment. Ayant commencé moi-même par connaître la seconde j'en parlerai en premier ..

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Réalisateur : Steven Soderbergh
Avec George Clooney, Natacha Mcelhone, Viola Davis, Jeremy Davies, Ulrich Tukur, John Cho
d'après le roman de Stanislaw Lem

Envoyé en mission sur la base spatiale qui gravite autour de la planète Solaris, Kelvin retrouve sa femme, morte sur Terre quelques années auparavant. Est-elle réelle? D’où vient-elle? A-t-elle un rapport avec cette étrange planète qui semble influer sur les habitants de la station?


Il s'agit d'un film de science fiction avec Georges Clooney , remake d'un film ancien du même nom de Tarkovsky, film assez contemplatif, à l'atmosphère calme et lente, sorti il y a quelques années. J'en parle tout à coup car venant de visionner le film récent Moon ( de Duncan Jones ) il m'a un peu rappelé celui-ci, tout comme Sunshine de Danny Boyle ( La planète Solaris du film de Soderbergh m'a rappelé un peu Sunshine avec sa présence écrasante du soleil à l'écran , et l'effet des deux astres sur la psyché des protagonistes , lesquels en viennent à se questionner sur eux, sur des questions existentielles et ontologiques)

Mais Solaris est très spécial, pour ceux qui l'ont vu j'aimerais savoir si vous avez aimé, ou détesté, et pourquoi. C'est un film qui n'avait pas eu un succès populaire énorme à l'époque de sa sortie (pas comme un avatar) mais j'ai envie de dire, comme souvent avec les films d'auteur, et les films de science fiction d'auteur, c'est encore plus risqué, les jeunes spectateurs étant souvent friands de ce genre pour l'action et les scènes de combat dans l'espace et autre se trouvent un peu frustrés dès que c'est un peu philosophique ou métaphysique.

Pour ma part j'ai encore un peu de mal à classer ce film. Chose étrange à l'époque j'étais retourné le voir deux fois car la première j'étais tout seul et la seconde c'était avec un ami, yarold je crois, ça tombait ainsi et pour lui faire plaisir lui qui l'avait pas vu, j'étais revenu le voir alors que la première vision, bien que très troublante, ne m'avait pourtant pas non plus laissé une impression énorme ( faut dire qu'il est sorti au début de la décennie et à l'époque j'étais une espèce de spectateur-con qui ne jurait que par le seigneur des anneaux, tous les films me semblaient fades à côté, et je n'avais pas encore une expérience cinéphile remplie comme aujourd'hui - possédant une carte de cinéma depuis pas mal d'années, je crois que j'ai appris à apprécier et goûter davantage ce genre de films qu'à l'époque. Dans le temps, j'étais beaucoup plus blockbusters que maintenant... )

Certains vous diront que Solaris est un film qui endort, avec sa musique planante (pourtant onirique et assez charmante) , un film ennuyeux au possible et prétentieux, je ne saurais quoi en penser car c'est quasiment l'impression que j'avais eu moi aussi, à l'époque, et je ne l'ai pas revu depuis. Pourtant, il m'est resté en mémoire, pour certains passages avec la femme, la vision de la planète ( Quand plus haut je le comparais à Sunshine c'est parceque certains plans avec le soleil qui occupe tout l'écran, et qui devient presque un personnage, m'ont un peu rappelé cette impression)

La planète dans Solaris paraît presque vivante, un peu comme la planète de Némésis dans le roman d'Asimov. Mais c'est un film qui peut déplaire, rythme lent, scénario qui peut paraître un peu tordu (je me souviens notamment n'avoir pas eu d'explications claires sur la fin , qui m'a fait beaucoup cogiter) je m'attendais pas du tout à ça en allant le voir en tout cas et j'ai été surpris de voir Clooney dans ce rôle, plutôt positivement.

C'est un film que j'espère revoir bientôt , n'hésitez pas à le commenter , qu'on aime ou déteste je crois qu'il fait partie de ce qu'on doit voir pour la culture SF. On peut aussi signaler que c'est James Cameron qui l'a produit.

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Modifié en dernier par phoenlx le ven. janv. 21, 2011 1:17 am, modifié 1 fois.
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Messagepar stiner » sam. déc. 04, 2010 2:26 pm

Tu devrais voir l'originale :

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Messagepar phoenlx » sam. déc. 04, 2010 2:53 pm

j'y compte bien :mrgreen: On m'en a souvent dit du bien

Bienvenue sur le forum d'ailleurs :o
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Messagepar stiner » sam. déc. 11, 2010 1:58 pm

merci, de plus, etant donné que tu aimes (du moins, je crois) la philosophie, ce film est une réflexion sur l'homme avec une question centrale sur que va faire l'homme dans l'espace alors qu'il arrive pas à comprendre ses propes sentiments et encore moins autrui. Par contre le film est un peu long!

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Messagepar stiner » sam. déc. 11, 2010 2:00 pm

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Messagepar phoenlx » sam. déc. 11, 2010 3:15 pm

Si c'est un film un peu critique sur la conquête spatiale je sais pas si ça va me plaire car perso je suis très pro-conquête spatiale :lol: Mais bon j'aime bien les réflexions sur la nature humaine, ses buts et sa place dans l'univers etc !
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Messagepar phoenlx » ven. janv. 21, 2011 1:13 am

Je viens de revoir Solaris ( le film de Soderbergh , pas l'autre. J'ai essayé de me procurer l'autre mais il est dur à trouver donc ce soir j'avais envie de revoir celui-ci, un coup de tête un peu impulsif)

Et c'est bizarre mais ... je crois que je suis tombé carrément amoureux de ce film :shock: Je m'en doutais un peu en même temps, et c'est ce qui m'a motivé à le revoir. mon souvenir du cinéma était à la fois proche et lointain. Proche car le film m'avait déjà marqué, indéniablement, lointain car je ne l'avais pas revu depuis, et au cinoche, je suis pas sûr d'avoir vraiment aimé mais c'est une nouvelle preuve - qui se confirme de films en films - que ma perception cinéphile n'est plus du tout la même qu'il y a 10 ans :roll:

ça m'a carrément donné envie de lire le bouquin je crois que je vais me le commander, par contre d'un coup je me demande presque si j'ai envie de voir la version originale de Tarkovsky ( même si elle est réputée culte et si ce réalisateur est reconnu comme l'un des plus grands) j'ai peur que ça altère ma vision :shock: Par contre je ne connais aucun film de ce réa et je me suis un peu renseigné sur lui tout à l'heure par le web, apparemment il y a un arrière fond panthéiste, je crois que ça pourrait me plaire, j'ai bien envie de tenter un de ses films pour voir :o

Stiner toi qui a vu les 2 versions j'imagine que tu préfères l'ancienne, mais pourquoi au juste ? Quelles sont les forces et les faiblesses de l'une et de l'autre ? Perso je crois que j'aime énormément la version de Soderbergh , après cette nouvelle vision.
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Messagepar phoenlx » ven. janv. 21, 2011 7:09 pm

je crois que j'ai un vrai coup de foudre pour ce film après l'avoir revu :D

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Messagepar phoenlx » sam. janv. 22, 2011 10:59 am

Hier je me suis commandé le livre de Stanislav Lem : Solaris ( à l'origine des 2 films )

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Plusieurs critiques du net m'ont vraiment convaincu et j'ai aussi récupéré le film de Tarkovski, je vais me forcer de le voir (je dis me forcer car j'ai visionné juste quelques extraits pour l'instant, et je ne suis pas certain que ça va me plaire. Le fond est peut-être très intéressant, mais je sens que le côté vieux film avec peu de moyens va me bloquer, en général je suis déjà plus cinéma moderne qu'ancien, mais pour la SF encore plus ( quand les décors de stations spatiales et autre ne respirent pas trop le réalisme, j'ai beaucoup de mal) J'espère que le contenu philosophique, métaphysique, le jeu d'acteur et autre va transcender ça



Par contre je suis vraiment de plus en plus sous le charme du film de Soderbergh et c'est lui qui m'a décidé ; Bizarre que je ne l'avais pas apprécié autant à l'époque mais ce film est plus riche qu'il n'y paraît, et avec peu de moyens, peu de personnages, une ambiance huis clôs et des décors peu nombreux ( Il a sans doute pas coûté autant que les gros space opera plein d'action et pourtant, voilà un bon film qui marque l'histoire, même s'il est aussi sans doute un peu court et aurait mérité d'être encore plus approfondi (car en même temps je un peu frustré après avoir lu des évocations du livre, qui a l'air beaucoup plus profond. Le film a l'air de ne s'attacher qu'à la relation entre Clooney et sa femme, et il aborde peu les questionnements sur ce qu'est l'entité solaris, une sorte de forme vivante panthéiste ? un sorte de Dieu qui s'amuse avec les hommes ? c'est bizarre ) En tout cas pour une fois on échappe à ce que j'aime souvent pas trop dans la SF à savoir les entités extraterrestres anthropomorphiques ( style les navii d'Avatar ) et c'est suffisamment rare pour être signalé. ( On rappèlera notre topic de débat la-dessus :mrgreen: )

Le film est de plus emprunt d'un profond lyrisme et d'une tristesse romantique ( du fait de la relation du couple mise en avant) qui est vraiment soulignée par le jeu des acteurs impeccables, en particulier Natascha Mcelhone qui crève l'écran ( On pourra dire tout ce qu'on veut du film, il se passe pas grand chose, il est peut-être un peu ennuyeux pour certains, mais il vaut le coup d'être vu rien que pour cette scène où elle apparaît la première fois alors que Clooney est en train de dormir dans la station, en rêvant au passé. En plus l'alternance des flashbacks et des scènes de la réalité présentes sont un modèle de montage , parsemé d'une petite touche de mystère et d'onirisme. Le film hâpe carrément dans ces moments là.

On pourrait évoquer aussi certains clin d'oeil à la poésie, et à Dylan Thomas et son magnifique poème récité par Clooney ( voir le topic que j'ai créé hier ) , des clin d'oeil à la peinture ( Clooney touchant la main de l'enfant à la fin du film me fait vraiment penser à un tableau célèbre de Michel Ange : l'origine du monde :shock: )

Le film surfe sur plusieurs genres, je crois que c'est ça qui me plait (et qui m'avait paradoxalement bloqué la première fois car je devais en attendre un pur film de science fiction) Mais c'est un drâme romantique avant tout, en plus d'amener des questionnements métaphysiques sur la nature humaine, ce que nous sommes ..

Autre point fort, la musique assez planante et déstressante ( je vous la conseille vraiment si vous avez le blues :D Elle fait un parfait support de lecture et je pense que je vais me la passer si je lis le livre :D )

J'ai aussi l'impression qu'il y a une dimension religieuse dans le bouquin , je me trompe ( ceux qui l'ont lu ? ) J'aurais bien aimé que le film approfondisse tout ça, et rien que pour ça, j'essairai de voir le film de Tarkovski , et de le lire, car le film de Soderbergh m'a charmé et en même temps laissé sur ma faim , c'est difficile à expliquer, mais je crois qu'il m'a ouvert définitivement à l'univers de Solaris, et en ça j'estime le pari de ce film réussi


J'ai trouvé cette critique intéressante du livre :


Solaris de Stanislas Lem et le Dieu incompréhensible


Apprenant la mort de Stanislas Lem à l'âge de 84 ans, j'ai relu les lignes, déjà anciennes, que j'avais consacrées à Solaris, son roman le plus célèbre et l'un des ouvrages de science-fiction les plus connus au monde. Le petit texte introductif que j'écrivis alors ne laisse pas de me gêner, à présent que je viens de le relire mais, après tout, puisqu'il évoque l'absence, la séparation et la mort (Ernest Hello écrit quelque part que ces trois réalités sont rigoureusement identiques), je n'ai pas cru devoir le supprimer.

J’ai peine à croire que j’ai pu tant écrire. Je dis cela sans aucun sentiment particulier et, surtout pas, grands dieux non !, de la fierté. C’est même tout le contraire puisque je ne lis certains – en fait la majorité – de mes textes qu’avec un très pénible sentiment de gêne. Je ne puis ainsi parcourir quelques lignes de mon livre sur Steiner qu’avec la plus extrême prudence et encore, je suis bien incapable de poursuivre ce petit jeu bien longtemps, qui consiste à lire le texte d’un fantôme qui ne hante aucune maison abandonnée mais sa propre cervelle… Il est vrai que ce livre étrange est lui-même hanté par un fantôme, bien vivant sans doute et ayant même engraissé depuis qu’il a muré sa promesse kierkegaardienne, jadis prononcée dans un silence qui ne sut certainement pas l’accueillir, dans le meublé douillet d’une Régine Olsen de Guignol lyonnais. Pourtant, la banalité consistant à dire que cette répugnance provient du fait bien compréhensible que, depuis l’écriture de tel ou tel texte, je ne suis plus le même, est une andouillerie que je n’oserais pas même flairer de loin. Je ne crois pas aux recommencements et les idiotes qui, d’un geste devant leur miroir, effacent pour un autre les rides et les plis de souffrance de leur visage repeint à neuf, seront tôt ou tard mordues par des souvenirs plus aigres qu’un renvoi de bile.
Non. Il y a, il doit y avoir autre chose car enfin, si le texte écrit a découvert quelque parcelle de la vérité âprement recherchée, il doit bien être valable, mon Dieu, au-delà de quelques mois, voire années, sans devoir se ratatiner comme un trognon de pomme oublié de tous ou comme cette… cette quoi ? (amande, noisette ou je ne sais quoi d’autre, petit et infiniment desséché) qui n’en finit pas de se momifier dans l’étrange roman d’un auteur aujourd’hui bien oublié, Jean Blanzat, intitulé Le Faussaire. Pourtant, je suis de ceux qui, comme le tueur de Notre Assassin de Roth, pensent que la parole est souveraine, infiniment plus puissante que l’action, sans même qu’il m’ait fallu lire, avec patience et ténacité, Maistre, Hamann, Vico, Boutang (le premier grâce au second), Platon, Rousseau ou, avec Heidegger, le plus majestueux (et très habile recycleur de ceux qu’il a lus) d’entre les logocrates, George Steiner. En fait, la simple lecture de Conrad, de Bernanos ou de Faulkner m’a définitivement persuadé que, en dépit même de son extraordinaire faiblesse, la parole est impérissable, comme je le confiais un peu naïvement je dois le dire en exergue de mon essai sur Steiner, par ces mots douloureux, qu’un crétin professeur de philosophie comprit de travers, affirmant qu’un mort n’est jamais absent : «À Natacha, plus absente qu'une morte, qui mieux que moi sait qu’une parole, de haine ou d’amour, parce qu’elle est l’éternité, est impérissable, et définitive…».
Le texte ci-dessous, brève critique du mondialement célèbre Solaris de Lem, aborde le thème d’une séparation tragique entre deux êtres, thème qui n’est pas à mon sens le plus profond de l’œuvre, celle-ci interrogeant avec une acuité autrement plus redoutable et convaincante le sens d’une présence étrangère et mystérieuse, peut-être divine mais rien n’est moins sûr. Reste que Soderbergh, dans l’adaptation qu’il a proposée de Solaris, a réalisé une œuvre austère et triste, parfois émouvante il est vrai qui, elle, à la différence du chef-d’œuvre de Tarkovski, choisit de privilégier l’énigme de la séparation, d’ailleurs comblée illusoirement à la fin du film, alors que le roman de Lem se terminait, plus prudemment et beaucoup plus finement (seule la littérature atteint je crois à une aussi souveraine suspension des interprétations) sur une bouleversante interrogation, à vrai dire, sur le sens même du miracle pascal : la certitude d’une résurrection ou, pour le dire dans un langage plus philosophique que chrétien et avec Kierkegaard, d’une reprise.

«Nous ne recherchons que l'homme. Nous n'avons pas besoin d'autres mondes. Nous avons besoin de miroirs.»
Stanislas Lem, Solaris.

Solaris est le roman le plus célèbre de Stanislas Lem, le maître polonais de la science-fiction né en 1921. Cet ouvrage, nous en reparlerons, a été superbement porté au cinéma par Andreï Tarkovski en 1972 (1). L’actualité de cette œuvre est d’ailleurs riche puisqu’une nouvelle adaptation cinématographique doit paraître, réalisée et produite par le tandem Soderbergh/Cameron. Sans trop craindre de me tromper, je doute fort que le travail de ces duettistes de la grosse caisse américaine soit autre chose qu’un enfilement rythmé d’effets spéciaux, dont la mise en scène nous fera amèrement regretter la rudesse inspirée de celle du maître russe. Quelques mots de l'histoire tout d’abord, au demeurant assez simple et proche à maint égard du classique d’Arthur C. Clarke, piteusement galvaudé par ses suites racoleuses, Rendez-vous avec Rama. Solaris est un monde nouveau exploré par les hommes, une planète-océan qui gravite autour de deux soleils. Monde nouveau ? Pas tout à fait, puisque, depuis plusieurs décennies, les savants étudient cette planète singulière, ce très mystérieux océan de la taille d'un monde qui est intelligent — sur ce point au moins, tous s'accordent, car il existe plusieurs branches de la solaristique, plusieurs écoles scientifiques de solaristes adorant, comme tous les scientifiques, se chamailler entre eux, fomentant sans relâche des querelles de chapelles —, monde mystérieux qui très sûrement est très intelligent, qui très probablement n'est peut-être même qu'intelligence. Une sorte de cerveau liquide vaste comme un monde, cela ressemble sans doute à ce qu’un observateur comme vous et moi — en l’occurrence Kelvin, le personnage principal de l'aventure, même si Tarkovski accentue le scepticisme du scientifique — nommerait Dieu.
Dieu incompréhensible, mystérieux, impénétrable, bien que jamais l'homme n'ait eu la chance de demeurer dans une telle proximité avec Lui, à sa surface pourrait-on dire : bien sûr, l'intolérable vient de cette cohabitation plus que difficilement supportable entre ce qui est à portée de main (ou d’expérimentation, ou de savoir, ou de prière), et ce qui demeure, malgré l'ingéniosité déployée par les chercheurs pour tenter de communiquer avec Solaris, une énigme. Alors, comme sur le vieux Dieu des Juifs et des Chrétiens, c'est une glose immense qui s'est développée sur le cas Solaris : aucune, bien évidemment, n'a trouvé d'explication satisfaisante au mystère de la planète-océan, ou plutôt, d'explication acceptable par tous car, je l’ai dit, la vérité d'une église, d’une hérésie ou même d’une secte n'est valable qu'à ses propres yeux. Ainsi, dans le roman de Lem comme dans le film de Tarkovski, la communauté scientifique est presque sur le point de renoncer à ses efforts et de mettre un terme à l’observation constante de Solaris par les hommes. Malgré toutes les expériences tentées par la communauté scientifique qui se relaie sur la petite station, nul n’a réussi à établir un contact avec Solaris. La même tentation est perceptible dans Stalker, chef-d’œuvre du cinéaste datant de 1979, lui aussi adapté d’un roman russe de science-fiction : face à l’inconnu dans lequel les trois explorateurs pénètrent, face à la proximité du mystère, du miracle exaucé, le Professeur et l’Écrivain renoncent, reviennent bredouilles de la Zone, capable pourtant d’accomplir tous les vœux, comme le stalker le leur avait promis. Plus grave. Le Professeur, au moyen d’une bombe atomique, n’a-t-il pas désiré détruire la Zone, dont le secret résiste à la plate investigation scientifique ? La question que pose Tarkovski, dans cette œuvre, est donc simple : un monde dans lequel les hommes ont perdu la foi, un monde dans lequel ils se déplacent sans se tenir debout (to stalk évoque ainsi le fait de marcher à pas de loup) est-il encore capable de nous enchanter, au sens premier de ce mot qui évoque la magie banale d’une vie pleine, où la clarté d’une réelle présence ne serait pas le songe creux de quelques fous, où la possibilité de faire mouvoir les objets ne serait pas l’apanage seul d’une petite fille mutante, la fille privée de jambes du stalker ? De la même façon, la parabole qu’est Solaris peut être interprétée comme une incapacité, pour l’homme, de croire en la possibilité, toute proche, du miracle, celui par exemple d’une communication avec le monde-océan, celui qui fait revenir à la vie une personne jadis aimée, à présent disparue.
Sans doute ai-je procédé, en parlant de Dieu, à un raccourci peu fidèle au mystère qu’entretient le roman de Stanislas Lem. En effet, la réflexion sur Dieu n’intervient qu’aux dernières pages de l’œuvre alors que, dans l’œuvre du cinéaste, c’est plutôt la méditation sur la nature des rapports entre les différents personnages qui constitue une voie oblique chargée de signifier la présence du divin. C’est que, comme avec la réflexion théologique, l'important sans doute est moins de tenter de comprendre ce qui est au-delà, de toute façon, de la raison humaine, que de façonner cette dernière par l'exigence supérieurement difficile du questionnement face à ce qui se joue sur Solaris : «l'enjeu ne consiste pas uniquement à pénétrer la civilisation solariste, s'exclament certains scientifiques, il s'agit essentiellement de nous, des limites de la connaissance humaine» (42).
Confronté à ce qu'il ne peut saisir par sa seule intelligence, et qui de toute façon l'interroge dans cette douloureuse incapacité, il reste un seul recours à l'homme : tenter de se comprendre lui-même, percer son propre mystère, et peut-être, alors... «Il vaut peut-être la peine de rester, dit ainsi un des personnages, nous n'apprendrons sans doute rien sur lui, mais sur nous… » (123). Solaris devient ainsi le saint Graal, la clé de l'énigme de l'univers et de l'homme, de l’univers parce qu’il peut justement permettre à l’homme de tenter de se comprendre. L’énigme de Solaris, comme un miroir ténébreux, renvoie alors à l’énigme de l’homme, ignorant de ses propres abîmes (248), étranger en terre étrangère qui s’est élancé vers les étoiles sans même être parvenu à quelque sagesse. Le danger d’une telle démarche est pourtant bel et bien réel car, en confrontant l’homme à son propre miroir, le risque est de réduire le questionnement sur l’absolument étranger à une simple copie anthropomorphique – le monde-océan analysé et compris comme une Terre différente – bien que Solaris offre aussi à celui-ci, à l’évidence, la chance inespérée d'une anamnèse. Ce dernier point est crucial : «La solaristique ressuscite des mythes depuis longtemps disparus ; elle traduit des nostalgies mystiques, que les hommes n'osent plus exprimer ouvertement; la pierre angulaire, profondément enfouie dans les fondations de l'édifice, c'est l'espoir de la Rédemption... » (272).
Le mot est prononcé, il n'est peut-être qu'une fausse piste dans la tentative de compréhension de Solaris, il n'est peut-être qu'une façon dévoyée, pour l'impérieux désir de transcendance qui taraude la créature humaine à présent colonisatrice de l’univers, meurtrière de Dieu il y a bien longtemps, de s'exprimer, une façon nouvelle et inédite de s'enter sur une branche hybride et inattendue, porteuse donc de vigueur, d'espérance, de ce mouvement lent agitant des algues que Tarkovski n’en finit pas de filmer au début de son œuvre. Quoi qu’il en soit, le roman de Lem ne tranche pas et c’est là sa force poétique. Solaris est ainsi le roman de la suspension. Dans tous les sens du terme, ses personnages y flottent, au-dessus de l’océan mais également dans une espèce de seuil magique qui les empêche de décider ou de poser les bonnes questions. Il faut avoir un cœur et un esprit purs, sans doute, avant de s’approcher du sphinx dangereux qui va délivrer l’oracle, avant d’oser entrer dans le saint des saints…
Incompréhensibilité... Énigme... Mystère... Voici les mots qui le mieux rendent compte de l'atmosphère du roman de Stanislas Lem. Un quatrième terme est important, qui constitue à vrai dire, à mes yeux, la clé de l’œuvre, celui de rencontre. Il s’agit là, banalement, du thème premier de la science-fiction, infiniment décliné, même si le roman de l’auteur polonais, comme par exemple le remarquable Babel 17 de Samuel Delany, ne nous invite pas à une réflexion sur le langage, ses limites et ses pouvoirs redoutables. Toute rencontre pose pourtant la question du langage. C'est que Solaris tente, en dépit de l'échec que nous avons pointé, d'établir une communication coûte que coûte avec le petit contingent de chercheurs retranchés sur une base volante ; chacun d'entre eux devient ainsi le témoin d'un événement extraordinaire et désagréable : sa nouvelle rencontre avec un être cher (ou qui le hante), mort depuis des lustres. Le seul problème, mais insurmontable et grotesque, est que ces personnages peuvent être produits en série par le cerveau-océan, qui paraît donc s’amuser monstrueusement. Ainsi Kelvin, comme le physicien Sartorius et le cybernéticien Snaut confrontés à de tels clones tragiques, se retrouve face à face avec une femme qu'il a aimée, Harey, femme qu’il a d’ailleurs probablement conduite au suicide. Très vite, la situation devient intenable, ridicule pour les chercheurs confinés dans leur petite station, que Tarkovski n’a pas voulu glaciale et inhumaine, mais simple, banalement humaine, au rebours donc de l’épure visuelle du Kubrick de 2001, l’odyssée de l’espace : «La planète dominée par un énorme diable, qui satisfait les exigences de son humour satanique en envoyant des succubes auprès des membres d'une expédition scientifique... » (117).
C'est que la peur, sans doute, et la folie, guettent les hommes aux prises avec le Dieu étrange, comme cela se voit dans la superbe nouvelle d'Ursula Le Guin, Plus vaste qu'un empire, dans laquelle les membres d'un équipage sont confrontés aux fantômes d'un monde de cauchemar, miroir immense de leurs frayeurs : «Quelque chose s'amoncelait au-dessus de moi, de plus en plus haut, à l'infini. La nuit, la nuit me transperçait de part en part, la nuit prenait possession de moi, elle m'enveloppait et me pénétrait, impalpable, inconsistante » (142). La folie ? Oui, car deux modèles successifs de la belle Harey, totalement ignorants de ce qui est arrivé à leur prédécesseur, tourmentent Kelvin, l’un et l’autre de ces clones tragiques, ce que Tarkovski a remarquablement compris, exigeant du scientifique une réponse qui est tout autant une introspection dans l’esprit et l’âme du personnage. Est-ce dire que Solaris est une divinité mauvaise ? Non, simplement, comme le pensaient jadis quelques spéculateurs de la Kabbale juive dans leur doctrine du Tsintsoum (qui admet une sorte de retrait de Dieu hors de sa Création, afin que l'homme exerce sur elle sa fantastique liberté), ressemble-t-il à un Dieu imparfait, à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un qui puisse combler son manque intolérable. Kelvin nous le dit : « Un Dieu limité dans son omniscience et dans sa toute-puissance, faillible, incapable de prévoir les conséquences de ses actes, créant des phénomènes qui engendrent l'horreur. C'est un Dieu... infirme, dont les ambitions dépassent les forces» (309). Mais Solaris est-il ce Dieu auquel pense Kelvin ? Non, encore une fois : Solaris — cette hypothèse expliquant alors l'impossibilité de communiquer avec l'océan-monde —, n'est peut-être qu'un enfant au comportement quelque peu extravagant, qui enverrait aux hommes, pour essayer de les comprendre, des simulacres de vie (311). Cependant, face à l'échec d'une multitude de tentatives pour établir un lien rationnel entre l'Homme et Solaris, il nous faut peut-être nous résigner à abandonner cette trop séduisante hypothèse d'un Solaris-Dieu. Car Solaris n'a pas besoin, comme le Dieu imparfait de la Kabbale, du concours précieux des hommes qui le questionnent sans relâche, qui jamais n'abandonnent leur patiente et déroutante recherche : le monde-océan, lorsque les hommes, lassés, auront quitté sa surface liquide, retrouvera sa parfaite tranquillité, reprendra sa course sans but autour de ses deux soleils, comme une espèce d’autiste prodigieux incapable de se libérer du joug de la matière (309), ce que les toutes dernières images de l’œuvre de Tarkovski montrent avec force. Car Solaris encore ne vit pas, n'a pas cette conscience démiurgique que semblent très fortement soupçonner les chercheurs qui l'interrogent. Peut-être a-t-il vécu jadis, mais, à présent et à jamais, il est mort, il n'est plus qu'une goutte bizarre et fantasque perdue dans le Cosmos. Il n'est même pas un Dieu ; écoutons en effet Kelvin affirmer, à propos du monde étrange, que, «au cours de son développement, il a sans doute frôlé l'état divin, mais il s'est trop tôt renfermé sur lui-même. C'est plutôt un anachorète, un ermite du cosmos, pas un dieu... » (311).
Avez-vous jamais essayé de communiquer avec un enfant autiste ? Telle semblerait être, en fin de compte, la question à quoi se résume la parabole qu'est Solaris. Deux points cependant infirment cette idée. Tout d’abord, comme dans le roman de Philip K. Dick intitulé Glissement de temps sur Mars, cette interrogation douloureuse fouaille la racine même de l'homme aux prises avec un Dieu de misérable impuissance. Solaris est riche, je l’ai dit, de cela même qu’il refuse de nous dévoiler. Ensuite, je n’ai pas assez insisté sur un des aspects de cette rencontre entre le personnage principal et la femme qu’il a jadis aimée. Il est évident que cette rencontre échoue, ne serait-ce que par l’étrangeté même, insupportable et scandaleuse, du don fait à Kelvin, incapable d’ailleurs de l’accepter comme tel. Retrouver celle qu’il a chérie et perdue, apprendre de nouveau à l’aimer, il ne parviendra à le faire, en tentant d’oublier celle qu’il a connue, qu’au moment où, une nouvelle fois, Harey disparaîtra. En mourant de nouveau, en se suicidant une nouvelle fois, la belle Harey laissera donc Kelvin aux prises avec le paradoxe absolu, kierkegaardien s’il en est : l’attente et l’espérance folle d’un retour, d’une reprise déjouant les lois rationnelles, pas même la certitude douloureuse d’avoir gâché un don absolu et mystérieux ou plutôt, cette certitude même, intolérable et culpabilisante, ne parvenant pas à briser l’arc follement tendu de l’espérance. Et cependant je vivais dans l’attente, nous dit ainsi Kelvin, car, depuis qu’elle avait disparu, il ne lui restait plus que l’attente (320) et l’espoir fou que lui soit donné celle qu’il a perdue intolérablement, parce qu’il l’a perdue deux fois, parce que, deux fois, il n’a pas su la garder ni la retenir. Le roman se clôt sur cette attente toute bruissante de la certitude du mystère qui ne manquera pas, comme dans le beau roman de Dürennmatt intitulé La promesse, d’éclater d’une façon ou d’une autre alors que le film de Tarkovski, beaucoup plus pessimiste, enferme le spectateur dans le cauchemar du personnage principal, ce qui me semble, de la part du grand cinéaste, être une lecture bien sombre de l’œuvre de Stanislas Lem. Qu’importe même si le monde décrit par ce dernier, face à Kelvin, demeure ce Dieu d’impuissance et de silence qui s’est pourtant joué des certitudes les plus solides de l’homme, qui a été pourtant capable de faire à cet homme un don d’une absolue nouveauté. Finalement, dans son essence religieuse qui est première mais visiblement occultée, Solaris est une parabole de l’espérance.

Bibliographie sommaire :
Solaris de Stanislas Lem (traduit du polonais par Jean-Michel Jasienko, Gallimard, Folio SF, 2002).
Solaris d’Andreï Tarkovski, Artificial Eye, prix spécial du jury du festival de Cannes, 1972. Une nouvelle édition est disponible depuis 2003, éditée par Criterion.
Stalker d’Andreï Tarkovski, Artificial Eye, 1979, d’après le roman d’Arkadi et Boris Strougatski, Pique-nique au bord du chemin, Stalker en version française (Denoël, coll. Présence du futur, 1994).

Note :
(1) En outre, Solaris vient d’être réédité par Gallimard (Folio SF) après avoir paru dans la très célèbre collection Présence du futur chez Denoël. Les pages entre parenthèses renvoient à cette nouvelle édition.



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Re: Solaris ( de Steven Soderbergh )

Messagepar phoenlx » mar. avr. 05, 2011 1:46 pm

J'ai terminé le bouquin ! Finalement sa fin est assez subtile et en suspens, elle laisse le lecteur songeur tout comme Kelvin le personnage du livre ; Une fin en tout cas assurément très différente de celle du film de Soderbergh ;

Finalement, sans renier le film ( que j'aime beaucoup ) je trouve le bouquin à la fois beaucoup plus proche du film que certains le disent ( qui soulignent les différences et aiment casser le film de Soderbergh en disant que c'est une mauvaise adaptation, je ne suis pas totalement d'accord ) et très différent.

Le livre comporte 2 histoires imbriquées en fait, deux trames principales, il y a bien sûr tout ce qui se passe dans la station spatiale, la relation entre Kelvin et sa femme, ou devrais-je dire, son visiteur qui prend l'apparence de sa femme décédée. Et en toile de fond, il y a bien sûr tout ce qui concerne Solaris, la planète, planète vraiment étrange et troublante, étudiée depuis des décennies par les savants qui finissent par se lasser de ne pas trouver de réponses aux curieux phénomènes ( sans doute vivants ) qui l'animent. S'il y a une énorme différence entre le livre et le second film, elle réside là, la planète est beaucoup plus centrale dans l'histoire, de même que toute la solaristique ( la science de solaris, dont l'auteur Stanislas Lem rappelle en détail l'historique , les rebondissements, en détaillant les écoles de pensées, la manière dont la planète a été perçue en fonction des époques, les explications nombreuses qu'on a avancé pour l'expliquer rationnellement. C'est un aspect complètement laissé de côté dans le film et c'est fort dommage ( et pour avoir lu des critiques du premier film sur le web je crois qu'il a d'autres défauts et ne constitue pas une adaptation super fidèle non plus)

c'est donc probablement un roman qui mériterait une nouvelle adaptation ( une troisième ) beaucoup plus fidèle. Les descriptions de la planète notamment sont très visuelles et Lem décrit les étranges formations qui se forment à la surface de la planète, cet océan protoplasmique comme il l'appelle. Je ne résiste pas à l'envie de vous en poster quelques unes que j'ai trouvé sur le site web d'un lecteur amoureux du livre, qui contient d'ailleurs aussi de belles analyses ( très critiques ) des deux films : http://dominique.signoret.perso.sfr.fr/ ... laris.html

Voici par exemple ci-dessous une symétriade

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Ici, on peut voir en vidéo comment nait une telle formation : http://dominique.signoret.perso.sfr.fr/ ... riade.html



Ci-dessous : une autre formation étrange appelée mimoïde , qui est capable de générer des structure imitant les objets, comme les nuages, ou bien comme ici l'imitation d'un hélicoptère envoyé par les astronautes de la mission

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Ci-dessous , une formation appelée arbre montagne

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une dernière formation pour le plaisir des yeux :

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Vous pouvez retrouver toutes ces formations et bien d'autres encore sur le site web que j'ai indiqué plus haut. Les images en 3D et vidéo ont été réalisées par l'auteur à l'aide de plusieurs logiciels appelés : Vue d'esprit, amorphium, true space et corel photopaint .. Je les trouve intéressantes et c'est le seul site à ma connaissance qui répertorie ces formations de la planète Solaris ; en dehors de ce site français je n'ai pas trop vu de sites sur la toile qui s'attache en profondeur à la planète en elle-même à part des analyses thématiques des films ou du livre assez philosophiques, ou parfois un peu superficielles ( Il y a par contre beaucoup de fans du film de Tarkovski j'ai l'impression )



Je dois avouer que j'ai aimé le livre. je ne sais pas si on peut le qualifier de montagne de la science fiction comme certains le prétendent mais il a en tout cas le mérite de présenter quelque chose de très différent et ce que j'aime c'est justement l'étrangeté de cet océan, cette forme de vie troublante qui n'est finalement pas vraiment expliquée même à la fin. Le livre pose surtout le problème de la difficulté du contact entre l'humanité et une civilisation extraterrestre ; Ceci il faut l'avouer est malheureusement un peu laissé de côté au cinéma, et Soderbergh s'attache à l'autre trâme : la relation Kelvin ( incarné par Clooney ) avec sa femme, ceci dit, je trouve qu'elle n'est pas aussi minimale dans le livre que l'auteur du site web le prétend dans son analyse, elle est aussi très présente. Et j'ai de toute manière aimé le film de Soderbergh, pour d'autres raisons, simplement, il s'attache à un aspect précis du livre. Le déforme aussi parfois, mais d'un point de vue cinéphile c'est intéressant. Je ne cracherais pas dessus comme d'autres mais je conseillerais à tout le monde d'arpenter un peu le même chemin que moi : voir le film puis lire le livre pour compléter sa vision ( prochainement je verrai l'oeuvre de Tarkovski aussi )

Ce que j'ai beaucoup aimé aussi à la fin du livre ce sont toutes les descriptions presque religieuses et métaphysiques, les dialogues à propos de Dieu ( qui par certains côtés rejoignent presque ma vision spinoziste. Un peu comme l'auteur le dit à la fin, je crois moi-même en un Dieu qui n'est pas comme le Dieu omnipotent ( qui peut tout faire) de la Bible, mais plutôt à un Dieu qui ne sait même pas vraiment lui-même ce qu'il fait, mais qui se contente en quelque sorte d'être, d'exister, et sans doute, d'évoluer, contemplant sans doute d'une certaine manière ( ou ressentant ) sa puissance d'exister, ses potentialités ( qui selon moi sont celles de la nature vu que je pense qu'il est confondu avec )

Dans le livre solaris, la description est un poil plus sombre et pessimiste car on parle de Dieu aveugle, de Dieu infirme, mais en réalité quand on lit bien entre les lignes, c'est un peu du Dieu de Spinoza qu'il est question. Moi je le vois comme ça. ( Peut-être suis-je orienté par ma propre approche philosophique ) En tout cas les réflexions sur la planète et son essence sont intéressantes, et j'ai aussi beaucoup aimé le tout dernier chapitre, où l'on voit le personnage du film Kelvin , descendre pour la première fois sur l'une de ces structures émergeantes de l'océan protoplasmique ( un mimoïde --> voir les images plus haut) et s'asseoir près des vagues pour contempler l'océan, et observer notamment la manière dont les vagues et l'écume réagissent au contact de son corps, de ses mains. C'est troublant.
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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar phoenlx » jeu. mai 10, 2012 6:46 pm

J'ai commencé à visionner le Solaris de Tarkovski mais comme je le prévoyais je ne suis pas un gros fan, j'ai souvent du mal avec les films un peu anciens et je pense que ça vient de là. Je me force à le voir ( pour la culture ) c'est un peu ce que je dirais, car il paraît qu'il faut absolument voir ce film mais je ne cache pas que je ne retrouve pas le même plaisir que j'ai eu à visionner le film beaucoup plus récent par Steven Soderbergh et dont j'ai mis la critique plus haut ( ainsi que celle du roman, qui m'a plu aussi )

Bon je le jugerai quand je l'aurai vu en entier ( là je me suis arrêté au milieu car ça m'a vraiment ennuyé :lol:
On voit vraiment très peu la planète , dans l'autre film plus récent, c'est le cas aussi mais je trouve que ça passe mieux car les décors de la station spatiale sont plus modernes, tout sonne plus réaliste. Et j'ai absolument besoin de ça dans un film de Science fiction. L'autre je pense ( l'ancien film, le Tarkovski ) souffre un peu de l'époque de sa création, du manque de moyens, et ça se sent, du coup, le cinéaste met plus l'accent sur les dialogues , les explications ( il est paradoxalement plus bavard et en ce sens, parfois plus proche du livre )

Chose surprenante ( je ne comprend pas trop l'intérêt ) certaines scènes sont en couleur, d'autres en noir et blanc , ça rime à quoi au juste ? :shock:

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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar phoenlx » jeu. mai 10, 2012 10:11 pm

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Bon ba j'ai finalement vu la deuxième partie du Solaris de Tarkovski. Diantre que c'est long ( 3 heures, deux parties d'une heure 30 ) j'ai quand même vu passer le temps , contrairement au film plus récent que j'aime en fait.

Mais j'ai préféré la deuxième partie du Tarkovski, beaucoup plus en émotion ( l'actrice qui joue Hari la femme de Chris livre vraiment une très bonne interprêtation, mais comme Natasha McEllone dans le film plus récent je trouve )

Finalement après avoir vu les deux films je trouve qu'aucun n'est meilleur que l'autre et je ne suis radicalement pas d'accord avec les personnes qui considèrent que le vieux film est un chef d'oeuvre et l'autre une pâle copie. Pour moi, les deux ont leurs forces, leurs faiblesses, idéalement je pense qu'il aurait fallu avoir une sorte de mixte des 2 ( avec en plus certains éléments descriptifs du bouquin en plus à travers un pur film de science fiction détaillant plus la planète ) et là, ça aurait fait un chef d'oeuvre absolu. Mais les 2 films manque d'un quelque chose.

Le Tarkovski pour moi souffre vraiment de son côté film ancien, du manque de moyen, la station spatiale on y croit pas , c'est longuet ( pourtant encore une fois je ne renie pas les films contemplatifs loin de là ) ;
Le film de Soderbergh est beaucoup plus esthétique, je trouve, avec certaines ambiances très belles mais il est vrai qu'il est à l'inverse un peu trop court et aurait mérité d'être creusé.

les 2 ( et j'insiste : les deux ) abordent selon moi des thèmes universels et métaphysiques au-delà de l'histoire d'amour.
Dans le Tarkovski, j'ai beaucoup aimé certains passages introductifs et conclusifs ( et vers le milieu du film ) avec la musique d'un choral à l'orgue de Bach ( ahhh Bach ) dont j'ai oublié le titre.

La relation Chris / Hari est tout en finesse, elle m'a émue ( parfois aux larmes ) et ça m'a d'autant plus surpris que dans la première moitié du film je me suis vraiment radicalement ennuyé. La deuxième n'est clairement pas plus animée, c'est le même rythme, mais on est vraiment beaucoup plus dans le vif du sujet et dans cette relation qui fait toute la saveur de cette histoire selon moi ( non seulement du fait des échos métaphysiques mais aussi, en elle-même ) Il y a notamment une scène où les deux personnages sont en apesanteur dans la station durant quelques secondes qui me restera dans la tête. D'autres scènes qui rappèlent finalement pas mal celles du film du Soderbergh comme celle où elle avale l'oxygène liquide, la résurrection, l'expulsion par la fusée au début etc , mais c'est normal. Au passage ayant lu le bouquin avant et vu l'autre film je connaissais déjà dans les grandes lignes le scénario , ça a peut être aussi contribué à mon impression d'ennui ( pour ne pas dire de pesanteur , sans mauvais jeu de mot :lol: )

Si certains cherchent à le voir et s'ennuient au début je leur conseille de faire l'effort d'aller au bout.

Il y a sans doute aussi plein de références artistiques dans ce film mais je ne suis pas assez calé pour toutes les sentir ( à part celles qui sont explicitement données dans les répliques : Tolstoï, le mythe de Sisyphe , Faust et d'autres )

Qui l'a vu ? Qu'en pensez-vous ? Je suis surpris qu'il y ait si peu de retour, souvent les gens sur les forums ( y compris les ailes ) évoquent Solaris, au moins le bouquin ou l'un des deux films mais je vois que je suis quasiment le seul à en discuter ici ça m'étonne un peu
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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar phoenlx » jeu. mai 10, 2012 11:55 pm

Pour ceux qui s'intéresseraient à ce film ( le Tarkovski ) , voici une analyse intéressante sur Cadrage.net :
http://www.cadrage.net/films/tarkovski.htm

( certains passages sont je trouve assez durs à comprendre et font appel à des explications philosophiques, la connaissance de Heidegger mais cette critique m'a éclairé sur les intentions du film sur plusieurs points - Même si, à titre perso ça ne change pas grand chose sur mon appréciation car c'est bien la forme qui m'a rebuté , et le côté ancien du film - Les thèmes autrement, on les "sent" déjà beaucoup je trouve à la lecture du bouquin et même avec le film plus récent ... )

Je recopie en spoiler ( au cas où la page web disparaîtrait un jour )

Solaris (1972)
Ou l'éclaircie existentiale d'Andrei Tarkovski


par Peggy Saule, Chercheur Lara, ESAV, Université Toulouse II


« Le but de tout art (s'il n'est pas consommé comme une marchandise) est de donner un éclairage, pour soi-même et pour les autres, sur le sens de l'existence, d'expliquer aux hommes la raison de leur présence sur cette planète, ou, sinon d'expliquer, du moins d'en poser la question. L'une des fonctions indéniables de l'art trouve son origine dans l'idée de connaissance, où, l'impression reçue se manifeste comme un bouleversement, comme une catharsis. »
(1) Andrei Tarkovski


Solaris, film fantastique ? Trois chercheurs Guibarian, Sartorius et Snaut, en mission, depuis longtemps, sur la planète Solaris ne donnent plus de nouvelles à la communauté scientifique qui les a missionné, et le programme de recherche sur la solaristique semble stagner. Kris Kelvin, psychologue, est chargé de partir sur le vaisseau afin d'examiner la santé mentale des trois chercheurs et d'en faire le rapport. Peu à peu, cet examen clinique va se transformer en l'exploration de la propre conscience de Kris. Alors oui, à première vue, ce film est un conte fantastique. Mais, selon Tarkovski, « il est resté trop d'éléments de science fiction qui ont détourné l'attention du principal » (2). Si l'adaptation littérale et rigoureuse du livre fantastique de Stanislas Lem n'est pas la première préoccupation de Tarkovski, quel est alors le véritable sujet du film ? Quel message le cinéaste a-t-il voulu transmettre ?

Les intentions du cinéaste dépassent, en effet, largement le cadre fantastique de cet huis-clos spatial. Tarkovski pose la question du pouvoir de l'esprit et de ses limites. Cette introspection analytique permet de nous interroger sur nous-même et sur nos actes. Sommes-nous libres de nos choix ? Ou bien sommes-nous manipulés et conditionnés par quelque force que ce soit ? Ce questionnement dans le film est très progressif : d'abord le cinéaste procède à une compression mentale du personnage principal, puis il montre combien les passagers de la navette sont sous l'inévitable emprise de la solaristique et enfin, il ouvre la voie de la connaissance de soi. Or, c'est bien la perspective de la connaissance de soi qui marque l'originalité du film : le film de Tarkovski n'est pas tant une introspection psychanalytique qu'une entreprise fondamentalement ontologique. Ici, l'analyse narrative permet d'envisager, au-delà des processus qui régissent et affectent aussi bien la conscience que l'inconscient de Kris, une véritable recherche sur la vérité de l'essence de l'être. C'est ainsi qu'avec Solaris , Tarkovski expérimente la quête ontologique en rejoignant les préceptes de Martin Heidegger. Mystère, errance, dé-voilement de l'être, telles sont les étapes suivies par Kris qui mènent à ce que Heidegger nomme l'éclaircie existentiale.

L'errance

Le mystère plane autour de la planète Solaris. Elle paraît inquiétante et incompréhensible. Elle est l'objet de grandes interrogations de la part du corps scientifique. Le récit du professeur Burton, quant à ses difficultés rencontrées lors de son voyage vers Solaris, soulève davantage d'énigmes qu'il ne donne de réponses scientifiques. Sa traversée dans un épais brouillard, la force invisible qui l'empêche de contrôler sa navette, sa rencontre avec un bébé géant de quatre mètres restent inexpliquées. S'agit-il de démence, de paranoïa, d'hallucinations ou de manifestations surnaturelles ? Cet ancien voyage a laissé des cicatrices dans la conscience de Burton. Le doute le paralyse. Mirages ? Rêves ? Réalité ? Assailli d'incertitudes, Burton traverse la ville dans sa voiture. Il roule ; on roule à ses côtés. On suit le flux d'un chemin déjà tracé. Un tunnel, le périphérique, une route qui n'en finit pas. On roule sans savoir où l'on va, pendant des heures, jusqu'à la tombée de la nuit. Nous sommes emmenés dans un trafic de plus en plus dense, jusqu'au plan surchargé d'une ville emplie de voitures à une heure de pointe. Telles des illusions hypnagogiques, les lumières rouges et blanches des feux des voitures tournoient dans un ballet nocturne fluorescent. Les bruits futuristes d'un synthétiseur renforcent l'idée que cette psychose le hante. Vertige de sa conscience où tout se mélange.

Kris, quant à lui, semble être dans un tout autre état d'esprit. La lenteur de ses mouvements au début du film, sa solitude au milieu de la nature et le silence qui règne, témoignent de sa grande concentration en vue du prochain voyage sur la planète Solaris. Il se prépare. C'est comme s'il s'imprégnait des éléments de la nature - il va d'ailleurs emporter avec lui dans le vaisseau une petite plante verte. C'est comme s'il faisait le vide en lui, comme un retour aux sources, comme dans un état d'hypnose. Les dernières heures avant le départ de Kris pour la planète Solaris sont consacrées à une sorte de méditation. Mais cette préparation mentale devient obsessionnelle et relève de plus en plus du voyage initiatique. Kris brûle tous ses papiers inutiles, non pas en tant qu'il souhaite renier son passé, mais en tant qu'il ne souhaite conserver que l'essentiel. Ce feu est comme un rituel, comme une cérémonie au cours de laquelle sont présents ses proches : son père et sa tante en pleurs. Il emmènera avec lui, sur Solaris, une photo de son ex-petite amie, ainsi qu'un petit film familial retraçant son enfance, et, suppose t-on, les moments heureux de sa vie. L'instant est grave, avant ce voyage dont on ne sait pas s'il reviendra vivant.

Les personnages semblent errer dans une vie qui est, à leurs yeux, incompréhensible : ils exécutent des actions machinalement, comme s'ils étaient aveugles et inconscients des causes qui les animent. L'errance de Burton dans les lumières de la ville et celle de Kris dans la Nature stagnante qui borde la demeure paternelle semblent rejoindre les caractéristiques de l'errance heideggérienne. En effet, pour Heidegger, l'errance est un mode d'être du Dasein (3) face à sa non-essence, c'est-à-dire face à sa non-vérité. Le Dasein est en premier lieu cet être-au-monde, cet être-jeté-dans-le-monde qui évolue dans la non-vérité de son être car il est jeté dans la précipitation quotidienne. Il est un être isolé, dans une indifférence réciproque des uns avec les autres, qui dissout toute singularité dans la médiocrité quotidienne. Notre propre être-au-monde se dissimule alors dans l'imperceptibilité des uns avec les autres ; il est sous l'emprise d'autrui (en tant que communauté des Dasein ) et n'est pas véritablement lui-même.

A ce titre on pourrait dire que Kris Kelvin est un être jeté dans le monde. Dès le début du film, il apparaît comme un individu froid, distant et insensible : il est comme plongé dans une médiocrité quotidienne, il est indifférent aux autres comme il est indifférent à lui-même. Car le véritable trouble de Kris (et par là même de tout étant intra-mondain) c'est d'être indifférent à soi-même, c'est-à-dire d'être dans la non-vérité de soi, dans la non-vérité de son essence. La découverte de la non-vérité de son essence sera, en fin de compte, tout l'enjeu du voyage de Kris sur Solaris.

Pendant toute la première partie du film, sur Terre, Tarkovski crée une angoisse progressive qui s'accélère à l'approche du départ. L'inquiétude monte et l'étau se resserre autour de la solaristique. Cette oppression, telle une asphyxie mentale, sert de propédeutique à la compréhension des phénomènes de la solaristique. Devant l'incompréhension des phénomènes qui entourent la planète Solaris, devant le trouble de Burton, devant l'état quasi-instinctif de Kris, j'oscille entre l'appréhension et l'impatience de connaître les mystères que réserve la solaristique.

Les mystères de la Solaristique

La domination de la solaristique se met en place. Lentement. Au rythme des anamorphoses de l'image qui procurent une sensation d'écrasement. Au gré des algues qui flottent dans l'eau à l'instar d'une métaphore de l'irrésistible attraction tentaculaire que l'océan de Solaris exercerait sur l'esprit humain. Et puis, Kris arrive sur Solaris. Il marche sur son lacet défait, perd l'équilibre et tombe. Peut-être est-ce là un présage : le signe de la dérive mentale que va rencontrer Kris sur la station ?

Tout s'accélère et nous rentrons dans une dimension, où, tout comme Kris, il est difficile de comprendre vraiment ce qui se passe dans le vaisseau. La mort de Guibarian reste floue et sans explications. Le comportement des deux autres chercheurs est énigmatique. Tout devient étrange, les codes cinématographiques sont modifiés. On passe de la couleur au noir et blanc (et inversement) sans que cela corresponde systématiquement à une référence temporelle claire telle que le passé en noir et blanc et le présent en couleur. Les placements des personnages sont parfois incohérents. Les bougies du chandelier de la bibliothèque sont très consumées sur un plan et presque neuves sur le suivant. Des êtres étranges apparaissent furtivement : des nains, une jeune femme déambulant dans la station dans une tenue de voile bleu. Les zooms se multiplient. En avant, en arrière. Comme si quelqu'un ou quelque chose regardait et observait Kris de près puis de loin. La caméra tourne autour de lui. Comme si elle était l'œil de l'oppressante solaristique, comme une créature invisible qui rampe doucement le long du corps de Kris lorsqu'il dort, comme une ombre qui avance et qui recule, comme une vérité qui s'approche et qui s'éloigne. Le mystère est entretenu par une texture sonore nouvelle pour Tarkovski : la combinaison de la musique classique ( Prélude en Fa Mineur de Jean-Sébastien Bach pour le générique de début) et des musiques électroniques (collaboration avec le compositeur Edouard Artemiev). Ce mélange des genres musicaux traduit une atmosphère grave et intrigante : la solennité de l'incipit laisse place peu à peu à « des frémissements naturels, des grincements, des gouttes d'eau, qui sont comme un langage des choses. » (4)

Kris n'a pas d'autre choix que de se soumettre à la volonté de la Matière, à Solaris. Il ne peut que lâcher prise et accepter ces phénomènes incompréhensibles. Ce n'est d'ailleurs qu'à partir du moment où Kris cesse de tout rationaliser qu'Harey, sa défunte petite amie, apparaît. Ce n'est qu'à partir du moment où il accepte l'existence des « visiteurs » que Snaut donne un début d'explication scientifique à ces phénomènes paranormaux : l'apparition d'Harey est la matérialisation par laquelle Kris se représente cet être. Lorsqu'il rencontre Harey sur Solaris, Kris rencontre un être immortel mais temporaire : immortel grâce à son extraordinaire pouvoir de régénérescence à l'infini, mais temporaire car Harey ne peut pas exister physiquement sur Terre. La seule manière, pour Harey, d'exister sur Terre, c'est de demeurer présente dans la conscience et le souvenir de Kris. Dès lors, Kris comprend que ce n'est pas son ex-petite amie qu'il a rencontré sur Solaris, mais bien sa propre conscience. La solaristique serait-elle la matérialisation de nos fantasmes les plus intimes? Si Tarkovski a fait basculer notre réalité quotidienne dans le monde paranormal, il semble que ce soit dans le but d'opérer une véritable exploration de la psyché humaine. Le mystère de la solaristique fait écho aux mystères de l'inconscient. La solaristique est comme une psychanalyse sauvage, non plus seulement intellectuelle, mais matérialisée.

Bien plus, la solaristique est le moyen par lequel Kris va prendre conscience de sa propre ignorance ontologique. Les expériences paranormales que vit Kris sur la planète Solaris font écho à sa propre incompréhension de lui-même. Les mystères de la solaristique sont autant de mystères de son Dasein , tels les symptômes de la dissimulation de son être propre dans le flux de la quotidienneté. Or le voilement de l'étant intramondain est nécessaire à son propre dé-voilement. On ne peut envisager un dé-voilement de son être seulement s'il y a au préalable un voilement inhérent à l'être lui-même. Le voilement de l'être est, de fait, la vérité originaire de l'essence de l'être car on ne peut découvrir la vérité ontologique de l'être qu'en considérant son voilement essentiel. La non-essence de la vérité de l'être, son mystère et sa complexité, est donc la condition de possibilité de son dé-voilement. Pendant son voyage spatial, Kris a compris que son être était essentiellement et nécessairement voilé. Ce n'est qu'à partir de là que s'ouvrent devant lui les possibilités d'une éclaircie existentiale.

L'éclaircie existentiale

C'est parce qu'il ignorait le voilement de son essence que Kris apparaissait, avant son voyage sur Solaris, comme un individu froid, peu avenant, presque impassible et sans compassion – il renvoi sans ambages Burton face à ses délires paranoïaques. Il côtoie des individus sans les rencontrer, sans les connaître, sans les aimer. Il est englué dans une médiocrité quotidienne, dans le On, pour reprendre les termes heideggériens. Si, pour le philosophe, tout étant erre dans le flux de la banalité de l'existence et ignore ses propres déterminations ontologiques ; si tout étant est, par essence, dépossédé de son être-soi-même, ce n'est que pour affirmer la nécessité de sortir de cette servitude, de reprendre possession de soi afin d'aspirer à être authentique, c'est-à-dire tel que l'on est soi-même. « C'est seulement dans l'élément de la Lichtung , dans la clairière de l'Ouvert, que la vérité elle-même et que la pensée peut-être ce qu'elle est. » (5) La Lichtung est une éclosion de l'être lui-même. C'est l'éclaircie existentiale de l'étant intramondain qui approche de sa vérité ontologique. Il faut donc s'ouvrir, accepter de se dévoiler à soi-même et à autrui. Tel pourrait être l'enseignement de Heidegger.

Solaris me paraît être la matérialisation cinématographique de cette mise en lumière de l'être que nous sommes nous même. C'est, en effet, depuis son séjour sur la planèteSolaris que Kris s'est dévoilé. En acceptant la présence des visiteurs au sein du vaisseau et en particulier celle d'Harey à ses côtés, Kris lève le voile sur ses propres souffrances et aspirations. Il est sur le chemin de l'authenticité dès lors qu'il comprend que son être propre exprime un véritable désir d'amour, dont Harey n'est que la représentation matérielle. Si bien que, ayant accepté de revivre ses blessures affectives, il a découvert son besoin et sa capacité à aimer les autres – il finit même par éprouver de l'affection pour Snaut. Il a découvert qu'il était un être inauthentique, n'ayant aucune compréhension du réel qui l'entoure. Il a compris qu'il était comme un somnambule sur un fil, susceptible, à chaque instant, de chuter dans le vide existentiel s'il n'ouvrait pas les yeux. C'est lorsqu'il semble prêt à ouvrir les yeux qu'il décide d'abandonner Harey et de retourner sur Terre.

Finalement, Kris a bien plus appris sur lui-même et sur l'espèce humaine en général pendant son court voyage sur Solaris que Sartorius avec ses expériences scientifiques sur un éventuel principe d'immortalité applicable aux humains. Il a acquis une connaissance supérieure de lui-même, une conscience que seule la solaristique a pu mettre en lumière. Ses relations sur Terre vont en être inévitablement modifiées : il devient un être aimant et humble. Il se jettera même aux pieds de son père, comme un enfant qui demande pardon. Le parallélisme entre la première et la dernière séquence montre bien cet éveil de la conscience. Au début, lors de l'averse, Kris reste assis, sous la pluie, comme si rien ne pouvait l'atteindre. A la fin, il pleut à l'intérieur de la maison. Son père, qui est en train de ranger des livres, ne s'aperçoit même pas que la pluie tombe sur ses épaules. Ce n'est même pas que ça ne le dérange pas ou bien que c'est quelque chose de normal, mais il ne s'en aperçoit pas. Il n'a pas conscience de cette pluie intérieure. Et Kris regarde tristement son père trempé et inconscient.

Nous passons d'un monde (au début du film) dans lequel, malgré la proximité des choses et du monde qui nous entoure, le réel reste impénétrable (car incompréhensible), à un monde sulfureux et idéel (sur Solaris). Depuis son retour sur Terre, les deux mondes semblent avoir fusionnés. Cette expérience extrême de vie sur Solaris a ouvert la possibilité d'une troisième dimension à partir de laquelle s'ouvre la question du sens de l'être. La vie de Kris prend désormais une autre dimension, il la regarde avec une conscience enrichie de questionnements. Qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Que devient l'objet d'amour lorsqu'il est perdu ? L'amour peut-il se réincarner, peut-il perdurer dans l'esprit ? Qui dirige les actions des hommes : la foi, la conscience ou l'inconscience ? Que s'est-il passé depuis le début du film? Pas grand-chose finalement. Kris est revenu sur Terre, il déambule parmi les mêmes arbres morts qu'avant son départ pour Solaris, il scrute la même eau stagnante, il habite la même maison isolée, il porte les mêmes vêtements. Et pourtant tout a changé : son regard sur cette Nature placide s'est transformé. Il a compris qu'il appartenait à un monde plus grand que lui, un monde dont il ne peut comprendre toutes les logiques et tous les enjeux. Le monde ne se réduit plus à son environnement proche et à ses seules connaissances. Kris s'inscrit désormais en tant qu'individu fini et ignorant dans le monde. Cette prise de conscience le grandit et le mène sur le chemin d'une meilleure connaissance de soi et de celle d'autrui, vers une plus grande tolérance, vers le vœu de perfectibilité. Il est le même et il est tout autre, parce qu'il sait qu'aucune connaissance n'est le véritable savoir. Il est devenu pleinement humain, c'est-à-dire paradoxale, complexe et ignorant de ses propres fins ; il est néanmoins sur la voie de l'authenticité de son être puisqu'il est conscient de son ignorance et de sa capacité de perfectibilité. Son voyage sur Solaris lui a permis de découvrir et d'accepter sa propre ignorance existentiale. « Je sais que je ne sais rien » disait déjà Platon.

Si le titre semblait paradoxal pour un film qui met en scène les deux tiers de son intrigue dans un vaisseau spatial dont les seules vues extérieures sont celles de l'inquiétant océan de Solaris, il apparaît désormais comme un titre tout à fait approprié tant ce film est une ouverture et nous éclaire sur l'impétueux labyrinthe de l'âme de chacun de nous. Si Antoine De Baecque parlait de la quête insatiable de Kris en termes de « stratégie de l'engloutissement » (6), je dirai plutôt que cela s'apparente à une stratégie de l'éclosion : l'introspection existentiale de Kris est la condition nécessaire de l'ouverture clairvoyante qui lui permet de comprendre son être authentique et le monde qui l'entoure. Finalement le voyage sur Solaris ressemble à une prise de conscience de l'asservissement de l'homme à une entité qui le dépasse. S'agit-il d'une croyance aveugle en un Dieu dominateur ? S'agit-il de laisser place à un inconscient hyper développé et manipulateur ? C'est la représentation de la réflexivité de la conscience, c'est-à-dire de ce par quoi l'homme s'interroge sur sa propre finitude. Le voyage sur Solaris et l'étude scientifique du système planétaire menée par des chercheurs apparaissent comme une allégorie de la quête de l'Absolu. Si la science met à jour des systèmes partiels, l'évocation du Système, le système de tous les systèmes, est du ressort de la métaphysique. Tarkovski nous entraîne au-delà des lois de la physique, vers la science de l'être en tant qu'être. Le thème de la science fiction semble être le prétexte, pour Tarkovski, à l'élaboration d'une pensée métaphysique : « A quoi sert-il d'aller dans le cosmos si c'est pour nous éloigner du problème primordial : l'harmonie de l'esprit et de la matière ? » (7)

Ainsi, la finalité esthétique de Tarkovski est à la mesure du concept de mondéité de Heidegger, à savoir ce qui caractérise et détermine le Dasein comme être-au-monde, comme être-dans-le-monde. Or, on ne peut se comprendre soi-même que si l'on pénètre la proximité des choses et du monde qui nous entourent. Comprendre la chose, c'est-à-dire ici la Nature , c'est rassembler la Terre , le Ciel, les Divins et les Mortels . « La chose rassemble, elle retient la Terre , le Ciel, les Divins et les Mortels. […] Retenir, c'est faire paraître. C'est conduire les Quatre dans la clarté de leur être propre. Unis dans cet égard mutuel, ils sont en lumière. » (8) Cette unité des Quatre que Heidegger nomme « Quadriparti » constitue la figure originaire du monde. C'est donc en me jetant aux confins de l'univers que j'approche le mieux de ma propre vérité. Et c'est en ce sens que l'on peut comprendre l'image de fin du film Solaris : un effet de zoom arrière sur la maison de Kris qui situe la demeure paternelle au cœur d'un océan gigantesque, semblable à celui de la solaristique. De retour sur Terre, Kris est pris dans le tourbillon de la question existentiale, c'est-à-dire celle qui permet de comprendre que rien n'est plus lointain que ma propre intimité. Rien n'est plus éloigné de moi-même que moi-même ; je suis pour moi-même le plus parfait étranger. Mais ce qui est vrai de moi est vrai également de l'Etre. C'est que rien n'est plus étranger à l'Etre que l'Etre. Si l'Etre est incompréhensible et Dieu mystère définitif, Solaris manifeste que selon la divination de Rimbaud « je est un autre » .


NOTES
(1) TARKOVSKI (Andrei). Le temps scellé . Paris : Editions de l'Etoile/Cahiers du cinéma, 1989, p. 37.
(2) Ibid . p.182.
(3) Le terme de Dasein , selon l'acception ontologique de Heidegger, pose la question de l'existence de l'être. Il est l'étant que nous sommes nous-mêmes, l'être-là tel qu'il a à être. (4) CHION (Michel). Le livre d'Andrei Tarkovski. Paris : Cahiers du Cinéma, 2007, p. 40.
(5) HEIDEGGER (Martin). Questions IV . Paris : Gallimard, 1976, p.134
(6) « Le mouvement semble constamment régir la matière mystérieuse : le tourbillon. Comme si un jeu de forces voulait entraîner le regard du héros, son âme, vers une profondeur originelle : le tourbillon est le mouvement emblématique de Solaris. Cette spirale tournoyante indique sans doute une piste à poursuivre, retour sur soi-même, engloutissement progressif en sa propre matière, redécouverte de son origine même, de son espace intérieur. Ce cycle du ressourcement dirige la matière liquide de l'océan, la quête s'apparente ainsi à une stratégie de l'engloutissement. » DE BAECQUE (Antoine). Andrei Tarkovski . Paris : Editions de l'Etoile/Cahiers du Cinéma, 1989, Collection Auteurs, p. 74.
(7) TARKOVSKI (Andrei). « Une lueur au fond du puits ? » Nouvelles Clés , [revue en ligne] 28 Avril 1986, propos recueillis par Thomas Jonhson.
(8) HEIDEGGER (Martin). « La chose » Essais et conférences . Paris : Gallimard, 1958, p. 205-211.



Peggy Saule, Cadrage Février 2009



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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar Menace » ven. mai 18, 2012 10:22 pm

Très intéressant, merci d'avoir partagé tout cela. Pour ma part le film de Tarkovski (je n'ai vu l'autre, ni lu le ivre) est un véritable chef-d’œuvre. Sa forme ? J'adore son style épuré, sans fioriture qui laisse l'homme (tant l'acteur que le spectateur) seul avec lui-même. C'est d'ailleurs encore plus vrai pour d'autres de ses films, notamment Stalker.
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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar phoenlx » ven. mai 18, 2012 11:11 pm

Une des musiques utilisées dans le film ( choral BWV 639 pour orgue de Bach :D )

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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar ANGELO » lun. juil. 09, 2012 6:45 pm

Les images illustrant les aspects de solaris sont très belles.
que de spectacles perdus dans les deux films.
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Re: Solaris ( adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman

Messagepar phoenlx » lun. juil. 09, 2012 6:53 pm

oui !!! s'ils avaient un peu mélangé certains aspects du livre, du film de Tarkovski, et du film de Soderbergh, je pense que Solaris aurait pu être l'un des plus gros films de SF "d'auteur" de tous les temps. Mais au final perso je trouve que les 3 visions souffrent de faiblesses. Je ne jure pas comme d'autres par le Tarkovski, même s'il est très bien à connaître, de même que le livre ( à lui seul ) ne m'a pas non plus renversé ( j'ai juste bien aimé certains trucs )
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » dim. sept. 18, 2016 4:38 pm

ptit up (pour fides vu qu'on parlait de ce film en MP :mrgreen: ) certains connaissent ?
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Somewhere » dim. sept. 18, 2016 4:42 pm

J'ai vu celui de Soderbergh, j'avais beaucoup aimé.
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » dim. sept. 18, 2016 5:00 pm

moi aussi ! après celui de Tarkovski a son charme aussi, mais différent (tout comme le livre) les trois versions se complètent
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Scarabéaware » ven. déc. 08, 2017 11:43 pm

Je viens de me voir le Solaris de Soderbergh, j'ai plutôt bien aimé, par contre ça me donne encore plus envie de voir l'adaptation de Tarkovski qui a plus d'une heure supplémentaire par rapport à celui-ci, enfin ça se suffit en soit mais je crois que j'aurais pas été contre le fait d'approcher au moins les 2 h, m'enfin ça laisse pensif de très bonne façon, ça happe et il y a une très belle touche avec une musique qu'il convient très bien de dire méditative :D.

Le film est joliment intriguant et même s'il a une bonne grosse proportion psychologique je trouve qu'il puis tout à fait y avoir de quoi verser sur l'impression que Solaris est une planète vivante et si on en a pas concrètement le fait, il en subsiste l'impression surtout dans la mesure où en éliminant les apparitions au seins du vaisseau ça profite à la planète :mrgreen:. Évidemment on a de quoi se focaliser avant tout sur le drame auquel est en proie le personnage interprété par George Clooney, et je vais développer la dessus, jusqu'à ce qu'on soit dans le vaisseau on a une distillation de séquences laissant interrogatif sur le bonhomme avant qu'il soit missionné et se retrouve dans la station en orbite autour de Solaris. Et là à l'arriver y a de quoi se poser des questions sur toute cette présence de traces de sang et quand à savoir ce qu'il se passe ici ? On est vite au fait finalement, enfin doucement mais suffisamment rapidement quand même, dans cette espèce de contemplation des sentiments. Les souvenirs et les regrets laissent ici donner apparition très en substance pouvant se toucher on va dire, qui a une grosse réalité. Et à voir ça c'est difficile de se dire que c'est planète observé par une équipe d'astronaute, n'y est pas pour rien. Je vois là une planète vivante qui peut être dérangée d'être observée de la sorte par de tels intrus mais qui fait aussi de son observation ou de sa tentative de "gentiment" nous dire d'aller voir ailleurs :lol:. Enfin elle mène une danse complètement psychique, cette planète Solaris fort jolie, y a une belle esthétique, de beaux effets donnés d'ailleurs. Après chacun est en proie à des regrets et ces regrets ne sont pas laissés sur Terre mais apportés en ce lieu, de quoi en faire une grande observation et nous en développons en particulier avec Chris Kalvin et son grand souvenir d'un amour perdu pour lequel il peut avoir regrets vis à vis des erreurs commises. On peut percevoir alors aussi un certain regard sur l'humanité à travers ce qui se présente. Et je reviens sur la planète, elle peut être dérangée ou pas en fait, mais si planète vivante elle est, elle a de quoi être curieuse et souhaiter analyser les machins qui se trouvent à proximité d'elle :mdr:. Et éventuellement vouloir se préserver, rester pure peut être. Parce que ce qui se produit ça permet d'engranger des informations, d'avoir des retours mais aussi provoquer la folie ou donner envie de tout simplement fuir. Voila, y a de l'échange dans les deux sens et aussi que ça permette de faire de nouveau face au passé qui souvent peut nous ronger, et là soit on se laisse submerger et c'est fini, soit on s'y confronte, soit on le fuit et enterre ce passé dont on ne rien revoir. Ou alors c'est option comme on a avec Chris Kelvin, dont on se passer de mots, enfin je fais ahah pour le tout est pardonné quand même hein qui se pointe par là :siffle:. Enfin je disais auparavant qu'il y a un certain regard sur l'humanité sinon, je vais dire critique en fait, possible à relever celle-ci, car après apporter ces souvenirs et ce passé, ou on peut même dire nos impuretés, c'est aussi apporter bien des maux que connait l'humanité après tout :siffle:. Et ça forcément on ne peut que le faire, car ici il s'agit de petites choses si on regarde depuis la grande échelle mais à grande échelle ça fait plein d'explosions dans la globalité, la folie de l'humanité peut être mise en exergue.

Enfin voila, nous avons de quoi avoir réflexion sur l'humanité dans sa globalité à travers le cas exploré ici, en proie à son passé, y a de quoi avoir une certaine tendresse et puis d'un autre côté nous avons cette planète laissant pensif elle aussi, en tant que probable entité vivante pouvant être doté d'une conscience où tout du moins agissant sur l'équipage à sa proximité :D.

J'en apprécie beaucoup ce film avec ce qu'il nous donne là mais ceci dis je serai sur un bon 15 (qui pourra toujours devenir 16 ou 17) histoire de me donner une bonne petite marge en attendant de voir le premier film, j'ai bien envie de voir ce qu'il donne, je vais laisser murir un peu le Soderbergh avant de voir le Tarkovski quand je pourrai et je crois que je verrai pour la récupération du livre et lire plus amplement du propos concernant ces deux là ensuite :D.
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » ven. déc. 08, 2017 11:54 pm

Le livre n'est pas très long je l'avais lu vite et il apporte des choses, j'aime beaucoup cette planète vivante qui me fait un peu penser à une matérialisation de la théorie Gaïa (au sens le plus radical) mais en mode non Gaïa-terre mais adapté à une autre planète, c'est émouvant. Tu dis que la planète étudie les "machins" (humains) qui sont autour et viennent la visiter, c'est sans doute ça, mécanisme de protection, curiosité ? exploration de notre psyché, c'est dur à dire ; En un sens peut-être qu'elle veut aussi aider les hommes, en leur donnant l'illusion de revoir des êtres chers et perdus, j'ai tendance à percevoir cette planète comme une entité "positive" mais l'histoire laisse planer pas mal de mystères, c'est aussi ce qui est bien, le film interroge.

Tu verras avec le Tarkovski tu auras encore une autre facette explorée (tu n'auras pas l'impression de revoir le même film du tout je pense)
ne serait-ce qu'avec le style noir et blanc (moi sur certaines scènes ça m'avait bloqué mais il faut insister) et le livre m'avait bien plu , notamment car on a (je parle de mémoire mais ma lecture remonte un peu) on a je crois une sorte d'exploration de l'atmosphère de la planète, des volutes étranges qu'on voit surgir notamment et .. ben ça donne justement lieu à des scènes très étranges (qui sont complètement zappées dans les deux films)
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Scarabéaware » sam. déc. 09, 2017 12:27 am

D'accord, oui elle me plait bien aussi cette planète comme je disais et effectivement pensée pour Gaia mais aussi comme tu disais plus haut pour la Nemesis de Asimov, qu'il faut encore que je trouve d'ailleurs. En tout cas elle est probablement plus dans une optique positive que malfaisante mais comme on dit l'enfer est pavé de bonnes intentions et en faisant ça avec l'être humain c'est vite fait d'être un enfer pour l'individu :lol:. Mais bon, c'est un enfer dont il faut apaiser les flammes, on doit être notre propre pompier avec notre passé dans cette mesure ^^. On a de la mise à l'épreuve et ah oui voila, c'est aussi tester du mérite après tout :D. On peut le voir de différentes façons, c'est très ouvert à interprétation avec ce mystère, on a du bon doute qui plane.

Bon pis oki, je me doute que ça donne encore différemment et le noir et blanc ça va, ça me bloque pas. Pis tiens, dommage pour les volutes étranges qui sont zappés dans les deux films, en plus t'as de quoi faire du bel effet, un peu ballot de s'en être passé. En plus oui c'est bien beau d'explorer par rapport à l'humanité mais un peu d'exploration de la planète, au moins de l'atmosphère, moi je veux :mrgreen-noel:.
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » sam. déc. 09, 2017 9:04 pm

d'ailleurs toutes les images que j'avais posté dans le topic ont giclé, je vais essayer de les remettre :siffle: :siffle: :siffle: :siffle: :siffle: :siffle:
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » sam. déc. 09, 2017 9:23 pm

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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Scarabéaware » dim. déc. 10, 2017 1:09 pm

Du coup je découvre ces images, c'est fascinant ces formes, de quoi relever de l'intriguant et j'ai finalement un peu lu ce que tu dis par rapport au livre, les scientifiques se lassent d'observer sans comprendre, décidément ça nous fait une planète très hermétique dont la coquille semble extrêmement difficile à briser pour arriver à comprendre. Faut vraiment que je le trouve. Par contre j'espère que t'avais enregistré toutes les images du site, parce que je vois qu'il a été fermé depuis :siffle:.

En tout cas ces formes, ce n'est pas sans me rappeler Gandahar : viewtopic.php?f=155&t=18684, c'est encore différent mais ça m'y fait songer.

Autrement pour une nouvelle adaptation de Solaris, ce serait peut être pas mal oui, et je crois que quelqu'un comme Denis Villeneuve aurait encore de quoi convenir :mrgreen-noel:.
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » dim. déc. 10, 2017 1:13 pm

Scarabéaware a écrit :Du coup je découvre ces images, c'est fascinant ces formes, de quoi relever de l'intriguant et j'ai finalement un peu lu ce que tu dis par rapport au livre, les scientifiques se lassent d'observer sans comprendre, décidément ça nous fait une planète très hermétique dont la coquille semble extrêmement difficile à briser pour arriver à comprendre. Faut vraiment que je le trouve. Par contre j'espère que t'avais enregistré toutes les images du site, parce que je vois qu'il a été fermé depuis :siffle:.

justement oui c'est comme ça que je les ai remis :mrgreen: je suis de plus en plus en mode sauvegarde ces temps-ci dès que je lis de bons trucs sur la toile, ou même quand vous faites des topics vous, je les sauvegarde de plus en plus systématiquement dès lors que ce sont des synthèse ou autre, ça évite de perdre toutes les images à chaque fois ..

scarabéaware a écrit :En tout cas ces formes, ce n'est pas sans me rappeler Gandahar : viewtopic.php?f=155&t=18684, c'est encore différent mais ça m'y fait songer.

ah oui exact :shock:

scarabéaware a écrit :Autrement pour une nouvelle adaptation de Solaris, ce serait peut être pas mal oui, et je crois que quelqu'un comme Denis Villeneuve aurait encore de quoi convenir :mrgreen-noel:.


oui il divise lui il aurait forcément ses détracteurs mais je suis pas contre :lol:
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Scarabéaware » dim. déc. 10, 2017 1:44 pm

Eh oui, mais bon on est plus à quelque détracteurs près :lol:, le Solaris de Soderbergh à ses détracteurs, celui de Denis Villeneuve aurait certainement les siens de façon normale. On fera pas revenir les puristes de Tarkovski sur leur position :lol:.
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar phoenlx » jeu. janv. 17, 2019 4:48 pm

Je me suis revu le film de Soderbergh aujourd'hui, j'aime beaucoup ce film et le duo Clooney / McElhone, tu as vu le Tarkovski depuis scarabée ? :mrgreen:
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Re: Solaris (adaptations de Tarkovski, Soderbergh et roman)

Messagepar Scarabéaware » ven. janv. 18, 2019 2:16 pm

Toujours pas mais je vais m'en occuper de sur cette année et voir à me lire le livre aussi :mdr:.
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