
Mîm était un nain du premier âge. On ne sait quand il est né mais il mourut assez vieux. Il était, avec ses deux fils, Ibun et Khîm, l'un des derniers petits-nains. Les Petit-Nains étaient une race descendante, dit-on, des nains de l'Est qui furent chassés. Réduits à la clandestinité, ils avaient perdu au fil du temps leur talent de forgerons et s'étaient recroquevillés, marchant les épaules courbées. Réfugiés dans les cavernes d'Amon Rûdh et de Nulukkhizdîn ( "le pays des Petits-Nains sur la rivière" en Khuzdhul ), qui deviendra plus tard Nargothrond, ils furent également chassés de cette dernière par les Elfes du Beleriand, ces derniers les confondant avec des animaux, ce qui attisa la haine des petit-nains envers les Elfes. Il fallut l'aide des Nains de Belegost et de Nogrod, qui expliquèrent aux Elfes d'où venaient cette race, pour que ces derniers cessent de persécuter les petit-nains. C'est donc de ces nains là que Mîm et ses fils faisaient partis, et dont ils étaient les derniers représentants, avant de croiser la route de Túrin Turambar.

Tandis qu'ils rentraient chez eux sur la route d'Amon Rûdh, Mîm et ses fils furent surpris par la bande de hors la loi de Túrin Turambar, qui y virent d'abord des ombres menaçantes et qui leurs décochèrent quelques flèches. Ibun et Khîm parvinrent à s'enfuir mais Mîm fut capturé par Andróg et d'autres, qui l'auraient tué si Túrin n'était pas intervenu. Alors Mîm demanda à ce qu'on lui laisse la vie sauve en échange du partage de sa maison.
"Seigneur ! cria Mîm en s'agrippant aux genoux de Túrin de grand effroi. Si je perds la vie, tu perdras la maison ; parce que tu ne la trouveras pas sans Mîm. Je ne peux pas la donner, mais je peux la partager. Il y a d'avantage de place qu'il n'y en eut jadis, si nombreux sont-ils qui ont disparus à jamais" Les Enfants de Húrin, Où l'on rencontre Mîm le nain
Tandis qu'il se préparait à partir et promettait de revenir, Andróg demanda à Túrin de ne pas croire le nain, ce qu'il fit. Il demanda à Mîm de laisser son sac en guise de garantie mais semblant attacher trop d'importance à ce dernier, le nain dû rester avec la bande toute la nuit et fut ainsi ligoté, ce qui le fit détester encore plus Túrin et ses camarades.
"Apprenez donc ceci, imbéciles que vous êtes ! dit-il. Ne ligotez jamais un Nain ! Il ne vous le pardonnera pas. Je ne souhaite pas mourir, mais pour ce que vous m'avez fait, mon cœur brûle. Je me repens de ma promesse." Les Enfants de Húrin, Où l'on rencontre Mîm le nain

Mais Túrin l'obligea malgré tout à les conduire chez lui, ce que le nain fit. Il leur fallut alors toute une journée pour atteindre Amon Rûdh, Mîm les conduisant alors par des chemins secrets indiqués par des signes compréhensibles de lui seul. Après avoir emprunté un chemin long et sinueux, ils arrivèrent finalement à la maison de Mîm, Bar-en-Nibin-noeg, et s'enfoncèrent alors dans la caverne, que Mîm rebaptisa Bar-en-Danwedh, la Maison de la Rançon. Ibun, l'un des fils de Mîm apparut alors et lui apprit la mort de Khîm, qui avait été touché par une flèche d'Andróg. Túrin tenta d'apaiser le nain en se déclarant son débiteur. Mîm accepta ses excuses mais ne put pardonner à l'assassin de son fils qu'il punit d'une malédiction.
"Mais j'ajouterais seulement ceci : celui qui a décoché le trait, celui-là brisera son arc et ses flèches et les déposera aux pieds de mon fils ; et jamais plus il ne maniera l'arc et les flèches. Et s'il le fait, il gagnera d'en mourir. Voilà la malédiction que j'appelle sur sa tête." Les Enfants de Húrin, Où l'on rencontre Mîm le nain
Andróg s’exécuta, brisa son arc et ses flèche lança lui aussi une malédiction au nain, lui souhaitant de mourir d'un trait dans la gorge. Ils restèrent ainsi une bonne année dans la demeure de Mîm, et si ses hommes supportaient de moins en moins le nain, Túrin semblait s'en rapprocher, et le nain lui racontait les histoires de son peuple. C'est durant l'Hiver que ces relations commencèrent à se détériorer, avec la venue de l'Elfe Beleg, un grand ami de Túrin, qui remplaça facilement Mîm qui, en plus d'être pris de jalousie, détestait les Elfes. Cette haine monta encore plus quand Beleg sauva la vie d'Andróg qui, ayant utilisé un arc lors d'une incursion alors que cela lui était interdit sous peine de mort, avait été touché d'une flèche. Ayant annulé l'effet de sa malédiction, Mîm n'éprouva que plus de haine envers l'Elfe même si il prévint que sa malédiction frapperait encore.

Ainsi alors que le groupe de Túrin grandissait de plus en plus tout comme sa gloire et sa réputation, les serviteurs de Morgoth vinrent à se faire plus nombreux aux alentours d'Amon Rûdh et Mîm qui cherchait alors des racines, se fit capturé par ces orques. Selon certains sa haine de Beleg l'aurait même conduit à se rendre délibérément à l'ennemi, en vue de trahir Túrin. Ceux pensant que Mîm partit voir l'ennemi de son propre chef racontent qu'il aurait demandé, en échange de son renseignement, que pour chaque homme capturé ou tué, le poids de chacun lui soit payé en fer, et en or si il s'agissait de Beleg et Túrin. Que sa demeure une fois débarrassée des Hors la loi lui soit rendue, que Beleg lui soit laissé ligoté à sa merci et que Túrin soit épargné. Les orques acceptèrent alors sans l'intention d'honorer ces conditions, et prirent Ibun en otage ( Les Enfants de Húrin ). Ceux racontant que Mîm fut capturé racontent qu'il aurait accepté de guider les orques chez lui à condition qu'aucun mal ne soit fait à Túrin ( Le Silmarillon ). Dans les deux cas Mîm conduisit les orques à Amon Rûdh, et l'on ne sait aucunement ce qu'il advint d'Ibun.
Alors les orques attaquèrent les hommes et beaucoup furent tués mais Beleg et Túrin battirent en retraite avec Andróg et quelques autres par un escalier secret qu'avait découvert Andróg. Il prirent les orques par surprise mais d'autres arrivèrent en bas qui leur décochaient des flèches tandis qu'ils étaient à découvert. Andróg mourut alors d'une flèche, réalisant ainsi la malédiction de Mîm. Tous les hommes furent tués à l'exception de Túrin et Beleg qui furent capturés. Mais Beleg fut laissé là, tandis que Túrin fut emmené. Une fois les orques partis et Bar-en-Danwedh saccagée, Mîm réapparut au sommet et tenta de tuer Beleg. Alors là aussi les gens ne racontent pas la même chose. Certains disent que ce fut Beleg qui chassa le nain lui envoyant un glaive ( Silmarillon ), d'autres que ce fut Andróg, qui, n'étant pas encore mort mais à l'agonie, et ayant saisi une épée, sauva Beleg en frappant le nain qui s'enfuit ( Les Enfants de Húrin ).
On ne sait rien de plus si ce n'est qu'après que Glaurung ait quitté Nargothrond, Mîm s'y soit rendu et ait pris possession du trésor, où il fut retrouvé par Húrin, qui, ayant été libéré par Morgoth, avait juré de se venger de ceux qui avaient fait du tort à son fils. Ainsi, malgré les supplices du nain qui lui demandait de lui laisser la vie sauve en échange d'une part du trésor, il l'abattit et mit ainsi fin à la race des Petits-Nains, car Mîm était le dernier d'entre eux, comme il le dit lui même à Húrin, Ibun ayant périt d'une manière ou d'une autre. Mîm mourut en l'an 501 du Premier Age.
PS : Les Enfants de Húrin ayant paru après Le Silmarillon, et Christopher Tolkien ayant émis quelques regrets quand à ce dernier, estimant qu'il aurait fait certaines erreurs, il semble probable que la version des Enfants de Húrin soit la dernière version voulue par Tolkien et donc la plus canon. Dans le doute j'ai mis les deux en précisant les sources.
Dans les Contes Perdus
Dans Turambar et le Foalókë, le rôle de Mîm est bien moins important que dans les versions plus récentes. Il est simplement le gardien du trésor de Glórund, et quand Úrin, accompagné de quelques Elfes, arrive, Mîm refuse de donner le trésor. il est d'abord mis à l'écart et tandis que les elfes s'emparent du trésor, il ne cesse de les maudire. Alors Úrin le tue et dans un dernier souffle Mîm lance une malédiction sur l'or et quiconque s'en emparerait. De là découlerait alors les événements liés au Nauglamir.
"Maintenant Elfes et Hommes maudiront cet acte, et à cause de la mort de Mîm le nain la mort poursuivra cet or aussi longtemps qu'il restera sur la terre, et une telle destinée partagera chaque parcelle et chaque part avec le tout." Les Contes Perdus, Turambar et le Foalókë
Der Ring Des Nibelungen
Dans l'opéra de Wagner deux personnages nous rappellent Mîm. le premier est le nain Alberich, dans l'or du Rhin, qui, s'étant fait dérobé l'anneau par Wotan, lance une malédiction sur l'anneau qui provoquera la perte à quiconque le possédera. Cette caractéristiques est surtout à rapprocher de la version des Contes Perdus.
Le second est le nain Mime, qui en plus de partager le même nom, partage également sa "traîtrise", puisque dans Siegfried, Mime, frère d'Alberich, tente de tuer le garçon qu'il a élevé depuis la naissance. Toutefois la traîtrise du Mîm de Tolkien est à relativiser en raison de ce qu'il a perdu et du fait qu'il tente de sauver le seul qui se soit montrer aimable avec lui, Túrin, tandis que le Mime de Wagner est un être sans scrupules.